N’est pas formateur qui veut ! Si l’expérience et l’acquisition de compétences au fil d’une carrière, dans un domaine d’activité quel qu’il soit, permettent souvent d’envisager un jour une transmission des savoirs, soit par passion, soit dans le cadre d’une reconversion, soit par nécessité du fait d’une carence de professionnels formés dans un secteur donné, il n’en découle pas forcément une capacité à la pédagogie. D’où la nécessité parfois de faire une formation de formateur…
Le monde du funéraire est doté de très nombreux centres, écoles, instituts de formation dispensant les enseignements nécessaires (obligatoires ou pas) à la pratique de ses différents métiers. Les formateurs, compétents et bien encadrés par ces différents organismes, peuvent être néanmoins désireux d’acquérir un complément de méthodologie, d’actualiser leurs outils pédagogiques ou de découvrir les évolutions en matière d’enseignement à distance. Bien sûr, il n’y a aucune obligation car, actuellement, pour devenir formateur, aucun parcours professionnel particulier, ni diplôme spécifique n’est requis*.
Cela donne aussi la possibilité à titre personnel d’être au fait des dernières réglementations propres à la formation. Celles-ci ont connu récemment quelques évolutions, notamment le passage du DIF au Compte Personnel de Formation (CPF) le 1er janvier 2015.
Aujourd’hui, le cadre est fixé par la loi du 5 mars 2014, issu de l’accord national interprofessionnel sur la formation professionnelle conclu entre les partenaires sociaux le 14 décembre 2013. L’un de ses effets est le décret n_ 2015-790 du 30 juin 2015 relatif à la qualité des actions de la formation professionnelle continue. Celui-ci redéfinit ou reprécise bien ce que doit être la qualité des actions de formation et des dispositifs mis à disposition du public formé.
Un responsabilité vis-à-vis de l’apprenant
Le rôle du formateur à la base est de concevoir, animer et évaluer une action de formation. Cela engage nécessairement l’élaboration d’une ingénierie de formation et d’une ingénierie pédagogique. Mais elle engage aussi le professionnel dans une responsabilité vis-à-vis des stagiaires, impliquant ce qu’il est courant d’appeler "la conduite de groupe", avec son aspect induit : la gestion de conflits (réagir face à un problème ou un conflit et proposer une solution) et son aspect nécessaire : le besoin individuel de formation.
Ces dernières années, les organismes ayant à leur catalogue des modules de formateur-consultant ou de formation de formateur ont développé les séquences d’apprentissages sur ce dernier point en particulier. En effet, la volonté est de transmettre aux futurs formateurs une bonne capacité d’adaptation aux personnes et aux groupes, l’aptitude à l’analyse du besoin individuel et à l’organisation d’une progression individuelle en choisissant une méthode et des contenus adaptés.
Pour information, plusieurs types de formations de formateur existent. Les longues, de 6 à 9 mois, aboutissent à la délivrance d’un "titre professionnel de formateur professionnel d’adultes". Celui-ci est délivré par le ministère chargé de l’Emploi (code TP 00350). Le référentiel est très complet, mais il comprend des aspects du métier qui ne concernent souvent pas les formateurs internes et les formateurs indépendants.
Certains organismes proposent la délivrance d’un "certificat professionnel de formateur d’adultes", mais il s’agit d’un système privé, la certification est délivrée par l’organisme lui-même et n’a donc pas de validation ni de reconnaissance par l’État ou l’Éducation nationale. Néanmoins, certains de ces stages peuvent être de qualité et d'autres sont réputés pour la qualité de leur approche pédagogique et psychologique.
Enfin, les formations courtes sont basées sur l’acquisition de compétences opérationnelles. Elles traitent des points pratiques et utiles aux formateurs en leur apportant des outils concrets. Ces parcours de formation de formateur donnent lieu à la délivrance d’une attestation de fin de formation qui mentionne les objectifs, la nature, la durée de la formation et les résultats de l’évaluation des acquis (conformément à l’article de loi L. 6353-8).
D’une manière générale, même si la législation ne requiert aucun diplôme ou titre de formateur pour exercer, suivre une formation de formateur permet parfois de combler des lacunes dans le domaine pédagogique, une expertise métier n’implique pas la capacité à transmettre celle-ci, et surtout d’envisager un jour une reconversion totale dans cette profession, encouragé par le plaisir que l’on prend à transmettre. De plus, dans une pratique présente, le fait de pouvoir mentionner que l’on a suivi une formation de formateur renforce sa crédibilité.
Gil Chauveau
Nota :
* Code du travail – Art. L. 6352-1 (modifié par la loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 – art. 49) : "Il n’est pas nécessaire de justifier d’une qualification professionnelle particulière pour devenir formateur ou ouvrir un organisme de formation professionnelle continue. Cependant, toute personne qui propose des prestations de formation professionnelle continue doit justifier des titres et qualités des personnels d’enseignement et d’encadrement qu’elle emploie, et de la relation entre ces titres et qualités et les prestations réalisées dans le champ de la formation professionnelle."
Résonance n°122 - Juillet 2016
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