L’innovation est-elle une valeur ?
En ces temps de grands rassemblements comme peuvent l’être les salons professionnels, il est toujours question d’innovation et de nouveautés. Mais au fond, qu’entend-on précisément par "innover" ? La définition de ce verbe se résume par introduire quelque chose de nouveau pour remplacer quelque chose d’ancien dans un domaine quelconque. Une lapalissade, me direz-vous ? En réalité, pas si simple qu’il n’y paraît.
Pour complexifier notre réflexion, attardons-nous sur ce qu’il est convenu d’appeler "les trois piliers de l’innovation" : la créativité, la valeur et la conduite du changement. Selon le but poursuivi, il est toujours possible de les qualifier différemment en se basant sur le principe d’une idéologie trifonctionnelle. Par exemple : les opportunités, le développement (incluant la génération d’idées) avec le prototypage et les tests pour acter une solution et, enfin, l’introduction sur le marché.
Rester dans un processus d’innovation va impliquer pour l’entreprise de surmonter les difficultés du parcours, notamment la critique, l’autocensure et le "brainstorming", qui repose sur la prise en compte des idées, de toutes, même des plus irréalistes. De cette friction créative doivent ressortir des pistes à explorer. Plus il y a de contributions, plus il est possible de générer des hypothèses qui "tiennent la route"… en évitant bien sûr de s’écarter de l’environnement du problème et de tomber dans le hors-sujet. Après sélection des voies à suivre, il faut rendre celles-ci concrètes le plus rapidement possible. Même à partir d’une ébauche qui vaut mieux que de longs discours, ainsi, l’adhésion aux hypothèses se fera plus facilement.
La convergence des idées et leur passage au tamis en élimineront quelques-unes pour in fine en retenir une seule. Se pose ensuite la question classique du "qui fait quoi", suivie immédiatement de "comment le faire". Vous remarquerez que la question financière n’est pas abordée. Parler coûts alors que l’on est encore au niveau du rêve reviendrait à se couper les ailes avant le décollage. Rassurez votre comptable, la finance viendra bien assez tôt.
Après avoir suivi tous les points du processus de l’innovation, passons aux choses concrètes, notamment la réalisation d’un prototype, qui aura le mérite de rendre tangible la création, et surtout ouvrira les portes du dialogue entre les différents acteurs de la chaîne de réalisation. Dernière étape de conception, la phase test permet de valider tous les points précédents.
Pour celles et ceux qui auraient pensé qu’une idée, même simple, s’imposait par elle-même, il est temps de casser le mythe. Ce sont souvent de longues périodes d’efforts, de prises de bec et d’échanges constructifs, pour voir émerger une solution satisfaisante pour toutes les parties avant d’être livrée au consommateur, qui, lui, sera le seul juge de paix de l’histoire. De quoi apporter un peu d’humilité à tous les entrepreneurs et/ou créateurs.
En conclusion, oui, l’innovation est une valeur, et non des moindres. Elle suppose une chaîne de participation interne à l’entreprise bien rodée, la mise de côté des ego surdimensionnés. En bref, la constitution d’une belle et solide équipe de R&D, à l’instar du XV de France de rugby. C’est une alchimie qui prend du temps, un développement qui a un coût matériel, mais c’est aussi et surtout humain, avec, à l’arrivée, une réelle promesse pour l’entreprise, ses partenaires, comme pour les consommateurs qui doivent en bénéficier.
Morale de l’histoire et pensée à forte valeur ajoutée… Albert Einstein, qui savait a priori de quoi il parlait en matière d’innovation, répondait aux critiques de façon subtile et définitive : "Au centre de la difficulté se trouve l’opportunité." Crédo du chef d’entreprise chaque matin au réveil…
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :