La formation est une révolution de l’âme
Lors de nos nombreux entretiens avec les opérateurs, enseignes ou indépendants, le sujet de la formation est régulièrement présent. Si ce thème est au centre des préoccupations des entreprises funéraires, c’est qu’il y a sans doute quelques raisons de s’interroger. Qu’elles soient réglementaires ou continues, les formations des personnels sont une nécessité compte tenu de l’aspect particulier des interventions effectuées auprès des familles. Nous savons tous que le domaine des obsèques est délicat, et combien les familles sont sensibles aux mots les plus anodins ainsi qu’aux postures des accompagnants funéraires.
Sans vouloir établir un classement de valeur, nous savons aussi aujourd’hui que la quantité ne fait pas la qualité, que toutes les propositions de formation ne sont pas d’égal niveau, et que les apprentissages ne sont pas dispensés tous avec les mêmes principes de rigueur et de sérieux. Les premiers à s’en plaindre sont les instituts spécialisés du secteur eux-mêmes, qui, forts de plusieurs années de pratique, ont su asseoir leur réputation.
Quelles pourraient alors être les sources de griefs ? Il apparaît que la qualification du formateur se révèle quelque peu floue, et nous assistons peu ou prou à l’émergence d’enseignants ou d’experts autoproclamés. Certains pourront dispenser une prestation "acceptable", quand d’autres se limiteront à une transmission approximative, voire désastreuse, des fondamentaux qu’exige la profession. Cette situation ne touche pas que le funéraire, et il en est de même pour de nombreuses professions. Les moyens de communication numériques aggravent sensiblement ce constat, à tel point que beaucoup appellent de leurs vœux une intervention du législateur pour une définition claire de ce qu’est une formation, et pour fixer un cadre professionnel et réglementaire obligeant le formateur à se former en amont pour acquérir la maîtrise de l’ingénierie pédagogique, entre autres, mais pas que !
Le chat se mordrait-il la queue ? Un exemple frappant et révélateur dans un univers connexe, la communication, nous fait apparaître une foule d’experts lors de séminaires ou de plateaux TV, dont on se demande si le "Café du Commerce" n’a pas été leur université. Si nous soulignons ce phénomène grandissant, c’est que nous pensons que le danger sous-jacent est immense. Lorsque vous, pompes funèbres, vous envoyez des personnels en formation, vous travaillez non seulement pour l’avenir qualitatif de vos services, mais aussi d’une certaine façon pour la transmission des valeurs éthiques essentielles qui fondent vos pratiques quotidiennes. La voie à suivre paraît d’elle-même. Pour atteindre cet objectif, il convient de s’en remettre aux authentiques "sachants" qui, seuls, peuvent être en mesure d’apporter les réponses pérennes que nous attendons tous.
"Connaître la vérité, non pas absolue, mais au sens existentiel du terme, la seule qui nous soit accessible, c’est déjouer le mécanisme des illusions et quiproquos relationnels… C’est être libéré d’un mal-être dont nous connaissons la cause", cite Sabine Le Blanc, professeure à l’EFREI de Paris, membre de la conférence des Grandes Écoles.
L’écoute des compétences réelles, interculturelles doit nous conduire à séparer le bon grain de l’ivraie, et apporter aux entreprises funéraires une transmission du savoir-être en rapport avec les objectifs d’excellence et de pérennité nécessaires à la profession. Élevons la qualité des transmissions et des transmetteurs pour aller vers toujours plus de perfection et de précellence dans nos métiers, car l’ultime finalité, c’est l’accompagnement que nous offrons aux familles en deuil.
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef
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