La gifle
Nous n’avons pas pour habitude de traiter à chaud des sujets d’actualité. Néanmoins, certains épisodes méritent réflexion du fait de leur gravité et de l’impact sur notre société. Un Président de la République française giflé lors d’un bain de foule est le reflet d’une dérive dangereuse vers laquelle notre société semble se propulser de jour en jour.
Quoi que l’on pense de l’homme, il est investi d’une fonction aux lourdes responsabilités et conduit, pour un temps, les destinées de notre nation. Chacun a le droit de manifester son désaccord avec la politique conduite, personne ne peut s’arroger le droit de le faire savoir par un geste violent suscitant la réprobation unanime de la classe politique. Nous avons la grande chance de pouvoir vivre et évoluer dans un pays où la liberté de pensée et de parole assure le citoyen d’une capacité d’expression que peu de pays au monde peuvent revendiquer.
Le ciment fédérateur de cette liberté démocratique a pour composante le respect des autres et de soi-même. Pour le coup, ce monsieur a dû sécher ses cours d’instruction civique et nous fait la démonstration que, si celui-ci se perd, la bêtise et l’arrogance semblent avoir de beaux jours devant elle.
Mais, qu’est-ce que le respect ?
Ce mot vient du latin "respectus", qui signifie égard, considération. Respecter quelqu’un c’est faire attention à ce qu’il peut ressentir, avoir de l’estime pour lui, accepter ses différences, même si ça fait peur, même si on ne l’aime pas, même si on n’est pas d’accord avec lui ou avec ses idées. Une citation célèbre d’Antoine de Saint-Exupéry nous interpelle : "Si tu diffères de moi, Frère, loin de me léser, tu m’enrichis…" Une telle grandeur d’âme, un tel appel à l’écoute et au partage porte à la méditation… et à la révérence.
Pour le philosophe Kant, il est le sentiment moral par excellence, car c’est ce que nous sommes enclins à respecter en rapport au bien moral. Il a sa source dans le jugement de la raison et il est l’effet, dans la sensibilité, de la loi morale que représente la raison. Kant s’explique clairement dans les fondements de "La Métaphysique des mœurs" (1785), une époque fondatrice d’une nouvelle approche des gouvernances en général et de la dimension humaine en particulier.
En effet, le respect a une vocation sociale prépondérante, il sert à favoriser un climat harmonieux au sein d’un groupe, d’une famille ou d’une société. Il nourrit la bienveillance envers toute personne et toute chose, et ce, quel que soit le moment, l’humeur, le lieu, l’individu ou l’objet. Il incite à ne pas faire de mal à qui et à quoi que ce soit. Le respect mutuel est la base d’une bonne communication, d’une bonne collaboration, la base de la confiance en soi et de l’estime de soi. Celui-ci encourage l’autonomie et la responsabilisation mais, surtout, il permet de prendre conscience de ses propres différences avec les autres. La diversité ne doit pas être vécue comme une menace, mais comme une promesse d’échanges avec d’autres cultures, d’autres opinions, d’autres économies, d’autres savoir-faire.
Dans nos entreprises, nous œuvrons chaque jour à la manifestation du respect, non seulement celui ultime dû à la personne disparue, mais aussi celui dû à sa famille, au rituel funéraire qui est le sien, à ses proches venus l’accompagner. Le respect est consubstantiel de notre démarche professionnelle et humaine, il est la manifestation humaniste de nos convictions, de nos vocations.
Aussi, lorsque nous assistons à un tel spectacle, souvenons-nous d’une citation de Blaise Pascal : "Le respect de la personne humaine se fonde sur son caractère irremplaçable", et sur le fait qu’en France, on peut traiter tout le monde d’imbécile, tant qu’on le fait avec égards. Apparemment, ce monsieur va avoir un peu de temps pour intégrer cette nouvelle dimension.
Maud Batut
Rédactrice en chef
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