Depuis l’élection de Frédéric Nicolas en 2022 à la coprésidence de la Fédération Française des Pompes funèbres (FFPF), la thanatopraxie est à l’honneur et fait l’objet d’une attention particulière au sein de la Fédération, créée en 1970, dont la renommée n’est plus à faire dans le secteur du funéraire et pour la représentation des indépendants.
En effet, si les opérateurs funéraires trouvent auprès de la Fédération un accompagnement quotidien, celle-ci a décidé en 2022 de se montrer très à l’écoute des thanatopracteurs qui nous confiaient ne pas réellement trouver d’informations ou d’instance jugée fiable et propre à les mettre en avant et à envisager l’avenir de leur métier dans le contexte que nous connaissons.
Aujourd’hui, deux de ces tout nouveaux adhérents, Stéphanie et Xavier, nous font l’honneur de nous présenter leur société et leur parcours.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous dire où vous êtes situés ?
Je suis Stéphanie Durieu, dirigeante de TPN, l’acronyme de Thanatos Praxien Normandie, située donc en Normandie, et j’officie à Rouen et son agglomération, le Pays de Bray, le Pays de Caux, la Somme et le nord de l’Eure. Je réalise les soins de thanatopraxie, les toilettes mortuaires et les restaurations physiques liées aux traumatismes
Je suis Xavier Kherino et je dirige la société Morbihan Thanatopraxie, une entreprise locminoise, située au cœur du Morbihan et de la région Bretagne, qui propose de nombreux services : la réalisation de soins d’hygiène et de conservation, la restauration faciale après traumatisme, les toilettes mortuaires et transports de corps toutes distances, avant et après mise en bière.
Parlez-nous de votre parcours professionnel, et pourquoi ce choix du funéraire ?
Stéphanie : Après des études techniques, un Bac STI génie mécanique et un BTS en automatisme et ingénieur en mécanique, j’ai travaillé 20 ans dans le bâtiment, occupant différents postes. Les 10 dernières années, j’ai occupé la fonction de directrice dans des grands groupes du monde de l’industrie et du bâtiment.
À l’aube de mes 40 ans, j’avais fait le tour de mon ancien métier, et je ne me retrouvais plus. De ce fait, je recherchais une nouvelle voie dans laquelle je me sentirais utile, afin que mes qualités humaines et personnelles puissent apporter du bien aux autres. Pour mon épanouissement, je cherchais une reconnaissance "invisible". Après un bilan de compétences, la thanatopraxie s’est révélée être une évidence du fait des qualités requises et la définition de notre métier.
Xavier : J’ai démarré mon cursus professionnel en tant qu’ambulancier durant 8 ans. Un changement d’entreprise... et me voilà dans une autre société d’ambulance qui fait aussi la pompe funèbre. C’est pour moi la découverte du milieu funéraire, et surtout la découverte du métier de thanatopracteur. Une envie différente d’aider les gens, pour apaiser le deuil et redonner une dignité au défunt.
Quelle est votre vision du métier ?
S : Un métier de l’ombre où la discrétion, le respect, l’empathie, la bienveillance et l’écoute sont à l’honneur... Nous apportons notre savoir-être et savoir-faire aux défunts et à leur famille pour les accompagner dans une étape difficile. Sans être vu, sans être connu, notre meilleure récompense, c’est d’avoir apaisé les familles et de leur permettre de voir leur proche dans les meilleures conditions. Tout cela en étroite collaboration avec nos collègues des pompes funèbres, qu’ils soient conseillers, porteurs, marbriers, etc.
X : Le métier de thanatopracteur est de prodiguer des soins sur le corps d’un défunt en vue d’assurer sa conservation jusqu’au moment de la mise en bière. Nous redonnons une belle image au défunt. Le soin est toujours sur demande de la famille.
Qu’est-ce que vous a apporté ce métier ?
S : Dans mon ancienne activité, le management, les résultats, les objectifs étaient des impératifs. Depuis que je suis "thanatopracteure", me lever le matin est un plaisir car ce métier m’apporte beaucoup de sérénité, du fait que je vais moi-même apporter quelque chose de bien à une personne et à une famille, et ça me donne la pêche. De mon passé, j’ai conservé la rigueur, la bienveillance, le conseil et la réactivité. J’essaie d’apporter une vision neuve du métier auprès des familles et des pompes funèbres.
X : Le métier de thanatopracteur m’a apporté l’humilité, car on continue à apprendre tout au long de sa carrière, la discrétion, la patience et la réactivité.
Comment avez-vous recruté votre équipe et quel est le rôle de chacun ?
S : Nous sommes une petite équipe de trois femmes, moi-même, dirigeante de TPN depuis sa création en 2017, Marie Macrel, depuis 2020, à la suite d’une candidature spontanée, et Magali Liguori qui est débutante. Magali est diplômée depuis mars 2023, entrée chez TPN en juin 2023, là encore une candidature spontanée. Mon recrutement est validé par la qualité et le soin apporté dans l’exécution de notre travail, mais aussi notre entente, avec comme dénominateur commun le partage des mêmes valeurs toujours dans le sens des familles et des défunts.
X : Nous sommes cinq thanatopracteurs, trois femmes et deux hommes, c’est une profession qui se féminise de plus en plus. Notre qualité principale est la réactivité à la suite de l’appel d’un confrère pompes funèbres qui nous demande de venir effectuer un soin de conservation. Nous effectuons également des transports de corps toutes distances, avant et après mise en bière, grâce à trois autres collègues chauffeurs porteurs funéraires.
Quels sont vos équipements et installations ?
S : Très simple, mais efficace : trois thanatomobiles, notre sourire et notre bonne humeur…
X : Nous intervenons dans les chambres funéraires, les hôpitaux, les maisons de retraite... Nous avons six véhicules de transports de corps, dont deux de cérémonies.
Quelle est la place de la FFPF dans votre vie ?
S : Un soutien, une écoute, des conseils et de belles rencontres…
X : La FFPF m’accompagne par ses connaissances en législation funéraire et dans le monde du travail.
Quelles sont vos passions en dehors de votre métier ?
S : Alors, quand j’avais le temps… c’était le cinéma, le bricolage (électricité, bâtiment), créer de nouvelles choses et les voyages.
X : Avons-nous une vie en dehors du métier ?
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
S : Très active et engagée dans le projet de création de l’ordre des thanatopracteurs – accompagnée de sept autres personnes – le groupe est composé d’hommes et de femmes thanatopracteur(e)s salarié(e)s ou indépendant(e)s, des professionnel(le)s du funéraire, des dirigeants d’école de thanatopraxie. La création d’un code de déontologie apparaît comme nécessaire pour redonner les lettres de noblesse à notre métier et démontrer que, pour la profession, plus que jamais, les défunts et leurs familles restent notre priorité.
X : Stéphanie a tout dit…
Florence Fresse
Déléguée générale de la FFPF
Résonance n° 192 - Juin 2023
Résonance n° 192 - Juin 2023
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