Le 18 mars 2023, au Palais des congrès de Mons, en Belgique, se déroulait un événement qui promettait d’être majeur pour le secteur du funéraire. En effet, l’Institut belge de thanatopraxie (l’IBT) organisait une journée de conférences rassemblant quatre professionnels de la conservation et de la restauration des corps comme intervenants. Au matin du jour dit, de nombreux thanatopracteurs venus du monde entier s’étaient rassemblés pour partager leurs connaissances et leurs expériences dans ce domaine si particulier.
Beaucoup de Français avaient répondu présents à l’appel, Stéphanie Durieux, Brice Bohély, Marion Péchiné, Marie-Clarice Mattei et tant d’autres étaient venus pour profiter de cette occasion unique pour les thanatopracteurs de se connecter, d’apprendre et de partager des idées sur l’avenir de l’industrie funéraire. Les participants espéraient repartir avec une meilleure compréhension des tendances actuelles et des dernières techniques de thanatopraxie, ainsi que des contacts précieux qui leur permettront de poursuivre leur travail et leur développement professionnel.
Le premier accueil fut un moment de retrouvailles pour beaucoup autour d’un petit-déjeuner mis en place par les organisateurs. Nous étions toutes et tous dans l’attente de la première conférence qui ne tarda pas à débuter. Confortablement installés dans un amphithéâtre permettant de profiter au mieux des présentations, nous vîmes Glyn Tallon faire son entrée et commencer sa conférence sur la restauration faciale.
Grand spécialiste du domaine venu d’Irlande, Glyn Tallon ne fut en aucun cas avare de ses connaissances et très rapidement les cas exposés passionnèrent l’assemblée des spectateurs. Accidentés et corps très abîmés furent présentés avec une explication de chaque technique utilisée ainsi que des étapes intermédiaires du soin avant la présentation d’un résultat final des plus réussis dans bien des cas.
La seconde conférence portant sur la chimie de l’embaumement par Benjamin Schmidt fut un peu plus surprenante, commençant par une définition savante et instructive du formaldéhyde, elle dévia sur l’information et sa fiabilité sur les réseaux sociaux. L’intervenant, réputé pour son ouvrage "Creating Natural Form – Restorative Art Theory & Application" nous démontra le bon usage et l’intérêt de la communication propre aux nouvelles technologies de l’information via Internet avec brio, mais il fut compliqué de reconnaître le lien entre le thème de l’intervention et cette longue parenthèse de mise en garde vis-à-vis des fake news et autres.
Une pause déjeunatoire avec une collation bien sympathique permit à chacun de partager son ressenti sur la première partie de cette journée. Les retours glanés au détour des conversations montrent qu’autant dans l’organisation de l’événement, que dans la qualité des premiers intervenants, il ressortait un contentement du public très marqué.
La seconde partie de journée promettait de belles découvertes et nous avions tous hâte d’entendre le point de vue du canadien Karl Wenzel sur l’art restauratif. Nous ne fûmes pas déçus, la présentation de Karl Wenzel fut d’une précision exemplaire et permit à chacun de se projeter dans des souvenirs de cas croisés personnellement, ou dont les collègues avaient fait état sans pour autant parvenir à un résultat intéressant.
Les photos projetées permirent de voir le souci du détail qu’apportent les praticiens nord-américains. Le seul regret que l’on puisse exprimer, c’est que la grande majorité des produits utilisés présentés lors des restaurations ne sont pas autorisés à la vente en France, ne permettant pas, malheureusement, aux spectateurs praticiens de tenter de traiter des cas similaires de corps délabrés. Mais ce simple constat n’entama en rien le plaisir de chacun de voir la qualité des réalisations de Karl Wenzel et son aisance et sa connaissance dans la présentation de son sujet, tout comme son humour qui apporta un plus très agréable à ce moment.
La dernière présentation fut sans doute la plus marquante. L’intervenante, Amanda Marie Eilis King, nous présenta des techniques de restauration et de maquillage très abouties avec un focus très intéressant sur la réalisation des finitions d’une grande qualité. La sensibilité, le naturel de l’intervenante tout comme ses capacités techniques d’oratrice permirent de terminer ce cycle de conférences sur une très belle note.
La journée n’était pas terminée pour autant, car la clôture des conférences n’annonçait pas la séparation du public puisque beaucoup d’entre nous étaient présents au dîner de gala organisé le soir même dans le Palais des congrès. L’Institut Belge de Thanatopraxie avait vraiment bien fait les choses et l’organisation de la soirée était simplement parfaite. Alternant entre discours, remises de diplôme et obtention du titre "royale" pour l’Institut, la journée se terminait en beauté.
C’est à regret que les convives se séparèrent, mais la promesse d’un nouvel événement dans deux ans permit à chacun de rentrer le cœur un peu plus léger. Alain Koninckx que tous les Français connaissent pour son humilité et ses grandes capacités dans l’art de la restauration faciale n’a pas démérité tout au long de l’organisation de l’événement, mais aussi de la journée et c’était un plaisir de rencontrer ces thanatopracteurs belges bien plus proches de nous qu'on pourrait l’imaginer. Il est donc fort possible que dans deux ans, il y ait encore plus de Français présents, non pas pour l’accueil chaleureux, mais pour la qualité des conférences proposées…
Nicolas Delestre
Président de l’AFFIT
Résonance n° 190 - Avril 2023
Résonance n° 190 - Avril 2023
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