Début des années 2010, naquit l’idée de créer une école de restauration faciale et de perfectionnement à la thanatopraxie, sur le modèle américain, mais adaptée aux besoins et spécificités européennes. Mais cette aventure fut d’abord la rencontre de deux hommes, Philippe Dubresson et Alain Koninckx, tous deux formés aux États-Unis à la restauration faciale. En effet, le constat qu’il manquait en Europe une école de perfectionnement fut vite dans les discussions ; à la suite de ce constat, s’est rapidement concrétisée la création en 2013 de l’"European School of Embalming Skills" (ESES), avec, comme activité principale, un cours de restauration faciale dispensé dans un laboratoire d’anatomie sur corps humains.
Assistée par Glyn Tallon, un praticien irlandais réputé, la première session se déroula à la Faculté de médecine de Namur (Belgique). Les cours furent donnés en français et anglais, ce qui permit l’ouverture de la formation aux thanatopracteurs de l’Europe entière.
Actuellement, la formation de restauration faciale se déroule en deux semaines :
- La première traite des bases, telles que : les techniques spécifiques d’embaumement, le traitement des lunettes traumatiques ("œil au beurre noir"), corps émaciés, corps œdémateux, et la restauration de la boîte crânienne…
- La deuxième semaine se concentre plus spécifiquement sur les gros traumatismes de la face. Durant ces deux semaines, les cours s’attardent sur les différentes techniques de sutures, de restauration de peau à la cire ou autres matières de comblement, et de maquillage post-mortem.
Ces workshops (ateliers) ont vu converger des thanatopracteurs des quatre coins de l’Europe (Irlande, Italie, France, Belgique, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni…), dont le but était d’acquérir des techniques applicables au quotidien.
Élargir sa zone de confort
Ce qui pousse les thanatopracteurs à rejoindre un cours de restauration faciale est la volonté d’élargir leur zone de confort. En effet, en tant que professionnels, nous sommes souvent confrontés à nos limites. Il n’est, dès lors, pas toujours aisé de trouver des solutions.
Quand on évoque le terme de "restauration faciale", le pire vient toujours à l’esprit. Cependant, qu’en est-il des petits traumatismes de tous les jours tels que : les traces d’intubation, d’une arcade sourcilière ouverte, d’un hématome sur un corps qu’il faudra présenter à la famille ? Cela est souvent compliqué à gérer, notamment de par le temps imparti réduit attribué au thanatopracteur pour réaliser un travail estimé minime, mais pour lequel on exige un résultat proche de la perfection.
Paradoxalement, il n’est pas rare de constater que les familles et gérants d’entreprises funéraires sont beaucoup plus tolérants en présence d’un corps fortement traumatisé. Pourtant, la complexité n’est pas toujours proportionnelle à l’apparence du traumatisme.
Des formateurs actifs et impliqués
Les formateurs sont des thanatopracteurs actifs, qui sont donc quotidiennement confrontés à ces problèmes. Ils s’efforcent d’enseigner des solutions efficaces et applicables. De même, ils sont conscients que le temps est un ennemi en cas de grosse restauration. Il est important de pouvoir adapter les différentes techniques afin de présenter les défunts dans les heures qui suivent leur prise en charge.
Or, les techniques américaines nécessitent souvent deux ou trois jours de travail, ce qui est inconcevable en Europe. Le but des formations est de mettre en confiance les étudiants afin qu’ils puissent s’aventurer dans des travaux inconcevables auparavant.
En bref, les workshops de l’ESES sont faits pour être pratiques et transposables au quotidien des embaumeurs européens.
"Rien n’arrive par hasard. À peine rentré de Namur, on m’annonce l’arrivée d’une jeune fille happée par un train. Grâce à vos précieux conseils, j’ai osé réaliser la restauration faciale. Après l’accord de la famille et quinze heures de dur labeur, la jeune fille a pu être présentée à ses proches, qui l’ont trouvée "très jolie". Sans ces quelques jours passés en votre compagnie, une famille aurait été confrontée à une situation encore plus dramatique et lourde de conséquences psychologiques." K. S., étudiant 2014
L’Europe et au-delà
Bien que les workshops de restauration faciale belges et français soient la colonne vertébrale de l’école, les formateurs donnent régulièrement des masters classes (classes de maîtres) et des conférences dans le monde entier.
À l’appel d’entreprises privées ou d’associations à travers le monde, l’école a notamment donné des master classes en Grèce, en Roumanie, en Allemagne, aux Philippines, au Sri Lanka, en Australie, en Russie… Cette dimension internationale permet une ouverture d’esprit dans l’enseignement et le partage des connaissances, valeurs chères aux formateurs.
Philippe Dubresson
Thanatopracteur depuis 1988 en France, diplômé du BIE en 1994, des États-Unis en restauration faciale en 2006 et codirecteur de l’ESES. Il est actif sur le terrain à la demande de nombreux pays pour dispenser des formations pratiques. Il est également conférencier dans de nombreux pays depuis 2003. Il est sans cesse à la recherche de perfectionnement grâce à de nombreux échanges avec des thanatopracteurs à travers le monde.
Alain Koninckx
Thanatopracteur belge depuis 2007, ayant suivi sa formation en Angleterre (British Institute of Embalmers), il a rapidement voyagé aux USA afin de se perfectionner en restauration faciale. Il est également professeur d’embaumement du BIE. Il a débuté sa carrière en laboratoire d’anatomie, où il y a expérimenté la conservation longue durée des corps et développé un laboratoire de plastination. Aujourd’hui gérant de sa propre entreprise de thanatopraxie et codirecteur de l’ESES, il parcourt le monde entier pour dispenser des conférences et master classes. Il consacre énormément de temps à la transmission de la thanatopraxie et de l’art de la toilette mortuaire pour les entrepreneurs de pompes funèbres.
La restauration faciale, un jeu d’enfant ? Cet art est souvent minimisé par des formations prises trop à la légère, dont le but premier est mercantile. Évidemment, la formation à la restauration faciale prend beaucoup de temps. Être assis deux jours durant, face à une tête en silicone, pour en apprendre toutes ses subtilités est utopique. Il est nécessaire d’acquérir un trousseau de clefs pour faire face à la plupart des situations rencontrées. Pour ce faire, un enseignement sur corps réels en faculté de médecine est recommandé. Par exemple, l’application de cire sur une tête en silicone est à la portée d’un enfant de deux ans. En revanche, en situation réelle, cela devient beaucoup plus difficile, puisque la préparation du support est la base de la réussite. L’ESES, forte de sa réputation et de son expérience, donne les clefs du succès à ses étudiants grâce à des exercices pratiques, sur corps réels, applicables aux cas survenant dans la pratique quotidienne de chaque thanatopracteur européen et du monde entier ! |
Alain Koninckx
Thanatopracteur
Spécialiste de la préparation de défunts
Résonance n° 184 - Octobre 2022
Résonance n° 184 - Octobre 2022
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