Une triple actualité attend Olivier Emphoux pour l’année 2018 : tout d’abord, le 1er février, sortira, aux Éditions de l’Opportun, son premier ouvrage "Aux portes de l’inconnu", en version livre de poche avec en bonus une dizaine de nouvelles histoires. Ensuite, un nouveau livre va paraître, et prochainement, sur nos écrans de cinéma, Olivier Emphoux sera l’un des intervenants du documentaire "Thanatos Vis Va et Reviens" de Pierre Barnérias pour Tprod Production.
Olivier Emphoux. |
C’est dès sa plus tendre enfance que ce natif d’Avignon a commencé à s’interroger sur "le monde et la mort". Arrivé à l’adolescence, il décide de comprendre "ce qu’il se passe lorsqu’un être humain vient de décéder". C’est cette réflexion qui est la base de son cheminement dans la vie.
Son bac en poche, il se porte volontaire comme appelé au 6e régiment de parachutistes d’infanterie de marine, à Mont-de-Marsan, où il passera deux années, 1981 et 1982, en compagnie d’éclairage et d’appui. Il entreprend ensuite des études de droit, "pour être avocat", bientôt interrompues pour se lancer dans la thanatopraxie, afin de revenir au cœur de sa principale question existentielle : "Savoir ce qu’est la mort".
Complètement novice en matière de soins aux défunts, il n’a alors qu’une lointaine idée de la réalité de la profession. Embauché le 5 avril 1988 aux Pompes funèbres Roblot d’Avignon, il occupe tout d’abord les postes de porteur, fossoyeur et régleur, avant que, devant sa motivation, son directeur ne l’envoie préparer sa théorie chez Hygecobel à Garges-lès-Gonesse, puis sa pratique à l’Athanée de Cannes. Il obtient le CNERT le 10 novembre 1990.
Fraîchement diplômé, il intègre la Sotham avant de rentrer chez Roc-Eclerc à Nice, puis "d’autres entreprises de pompes funèbres", avant de décider de partir se former en Angleterre, à la découverte d’autres techniques. Il en revient titulaire du BIE en mars 2006.
De retour en France, il y reste quelque temps avant qu’une entreprise de pompes funèbres londonienne ne lui propose un emploi d’embaumeur à temps plein, avec un "habilleur" pour l’assister. Sans réfléchir, il réunit ses économies pour s’offrir un aller simple pour la capitale anglaise, et décolle de nuit pour prendre son poste dès six heures le lendemain.
Ses débuts sont "relativement difficiles", puisque, avant de toucher son premier salaire, il dort quelque temps sous un abribus "avec une rivière qui coule à proximité". Heureusement, les températures ne descendent pas trop bas et il peut se restaurer dans l’entreprise. Il tient bon et commence à se spécialiser dans la conservation des corps autopsiés. Il en traite entre trois et quatre par jour, quelquefois plus.
C’est une rencontre qui bouleverse une nouvelles fois le cours de sa vie : un embaumeur anglais lui fait connaître la société américaine pour laquelle il travaille, pour la recherche et la conservation des défunts et des restes mortels lors de catastrophes, dans le monde entier. Il rejoint cette entreprise au moment du tremblement de terre d’Haïti.
Au contact d’autres embaumeurs, Olivier compare leur ressenti par rapport aux défunts avec le sien. Pour lui : "Thanatopracteur, ce n’est pas un métier comme un autre, nous voyons la mort en face. C’est une forme de parcours initiatique qui nous unit tous, consciemment ou non, malgré nos différences."
Alors qu’il n’avait jamais été témoin de phénomènes surnaturels auparavant, il commence à comprendre, au bout de quelques années de pratique de la thanatopraxie, ce qu’il voit et perçoit depuis le début de sa vie professionnelle. Il décide alors "d’évoluer spirituellement dans la perception de la mort".
Pour lui : "Il est normal qu’il y ait des manifestations surnaturelles au contact des défunts. Ce sont les derniers soubresauts d’âmes en mutation." À chaque étape de sa carrière d’embaumeur correspond "une prise de conscience sur la mort et sur le monde".
En octobre 2015, il sort un recueil de ses expériences avec les défunts : "Aux portes de l’inconnu", écrit avec Annette Geffroy, aux Éditions de l’Opportun. Cet ouvrage remporte un certain succès, y compris auprès de nos confrères thanatopracteurs, ce qui tendrait à laisser penser que certains d’entre nous s’interrogent aussi sur la séparation ténue entre la vie et la mort. D’ailleurs, pour Olivier : "La fin d’une vie n’est pas lorsque le cœur s’est arrêté de battre, mais lorsque le cerveau a complètement cessé d’émettre, ici réside la frontière étroite entre les manifestations qualifiées à tort de surnaturelles et les manifestations qui découlent normalement de la fin de l’activité du cerveau humain."
Claire Sarazin
Thanatopracteur et formatrice en thanatopraxie
Résonance n° 136 - Janvier 2018
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