Lorsqu’il est question des risques sanitaires encourus par le personnel des pompes funèbres, on pense aux corps porteurs de maladies transmissibles (les corps contagieux ne sont ni manipulés ni présentés), or, à l’exception des thanatopracteurs qui peuvent effectivement se contaminer lors des soins, ces derniers ne représentent aucun danger. Il est par contre un ennemi invisible, doté d’un nom plutôt sympathique, qui prolifère dans les morgues et les funérariums et dont la dangerosité n’est plus à démontrer : le staphylocoque doré.
Staphyloccoque Oreus, dit staphylocoque doré, est l’espèce la plus pathogène du genre staphyloccocus, et le principal responsable des infections nosocomiales, maladies contractées durant un séjour à l’hôpital. Ce germe est présent un peu partout dans notre environnement, et nous pouvons cohabiter avec lui sans souci particulier, tant que notre système immunitaire n’est pas altéré et, surtout, que nous ne lui offrons pas de voie d’accès pour pénétrer dans notre organisme, où il peut causer des ravages extrêmement graves et même nous tuer parfois.
Respecter certaines précautions
Les locaux mortuaires et funéraires sont infestés de staphylocoques dorés, et les protocoles de nettoyage et de désinfection, lorsqu’ils sont respectés, n’ont rien à voir avec ceux des hôpitaux ; il en est de même pour les règles d’hygiène et de sécurité s’appliquant au personnel qui y travaille. Le risque de contamination est donc bien présent. Il est pourtant très simple de s’y soustraire totalement, en respectant simplement quelques précautions simples.
Les gants sont indispensables
La première est de ne jamais manipuler un défunt sans gants, y compris dans sa housse. Cela se pratique malheureusement encore trop souvent, et les arguments des imprudents sont toujours les mêmes : "J’ai toujours fait comme ça (depuis, 10, 15, 20 ans…)." Certes, l’expérience est un atout certain pour un professionnel, mais elle n’impressionnera en rien un staphylocoque doré qui réussirait à s’introduire dans son organisme. Cette précaution est valable également pour l’utilisation des charriots, des tables réfrigérées, des parures et de tout matériel étant en contact avec les défunts. Il faut également se laver consciencieusement les mains après avoir touché les poignées de portes, et éviter d’utiliser les robinets des laboratoires lorsqu’ils fonctionnent encore avec des têtes ou des leviers. Les bijoux et objets personnels rendus à une famille doivent être désinfectés avant toute manipulation à main nue.
Les surchaussures, une nécessité
Les semelles des chaussures sont aussi une source de propagation. Marcher avec ses chaussures de ville dans les locaux techniques signifie transporter des staphylocoques dans sa voiture puis chez soi. Il est donc plus prudent de porter des surchaussures.
Aucun objet…
De la même manière, il ne faut jamais poser une veste, un sac à main, un téléphone portable ou un paquet de cigarettes, sans parler de nourriture ou de gobelet de café, sur une table de présentation.
Invisible, mais présent
C’est leur invisibilité qui confère aux virus et bactéries leur dangerosité. Nous ne devons pas ignorer leur présence, alors qu’il nous est impossible de les voir et donc facile de les oublier. Pour se convaincre de l’intérêt de les garder en mémoire, voici quelques-unes des maladies causées par le staphylocoque doré :
- furoncle,
- panaris,
- pneumonie,
- endocardite,
- ostéomyélite,
- septicémie.
Cette liste étant loin d’être exhaustive, et l’ennemi invisible étant mutant et résistant aux antibiotiques, mieux vaut prévenir que guérir !
Claire Sarazin
Thanatopracteur
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