L’activité des thanatopracteurs, par définition, est un métier de service qui requiert engagement et sens des responsabilités. Leur implication dans la profession pousse ainsi certains d’entre eux à se diversifier et à proposer des services annexes à leurs confrères, ou à des entrepreneurs de pompes funèbres.
Claire Sarazin, thanatopracteur |
J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Claire Sarazin, thanatopracteur, et bien connue des lecteurs de Résonance. Elle propose, depuis peu, un service de remplacement en thanatopraxie, pour tous, et partout en France.
Mickaël Curti : Claire, bonjour. Vous êtes thanatopracteur depuis une quinzaine d’années, pouvez-vous retracer succinctement votre parcours ?
Claire Sarazin : J’ai démarré comme gardien de cimetière à la fin des années 90, avant de passer mon diplôme de thanatopracteur et de rentrer dans les pompes funèbres, où j’ai été polyvalente avant de devenir assistante funéraire dans un crématorium, puis de créer ma propre entreprise en novembre 2003, "La Belfortaine de Thanatopraxie".
Je me suis beaucoup investie dans la profession, je suis la porte-parole de l’Association des thanatopracteurs de France, j’ai fait partie du Jury national de 2007 à 2010 et je suis à présent évaluatrice au CNT.
En 2011, j’ai ouvert une école avec mon associé Frédéric Vuillemez, thanatopracteur et gérant des pompes funèbres Haut-Doubs Funéraire, le centre de formation "Thanatopraxie Art et Technique".
Je suis également formatrice pour l’IFFPF et d’autres organismes, qui n’ont pas forcément de lien direct avec le funéraire, puisque j’interviens aussi en IFAS et en IFSI pour des modules d’hygiène et sécurité, toilette mortuaire, psychologie du deuil...
Entre-temps, je n’ai jamais cessé de me former moi-même, en apprenant l’art restauratif et le moulage, ainsi qu’en passant mon niveau 6 et en suivant un module complémentaire de maître de cérémonie.
MC : 11 ans après avoir créé votre entreprise de thanatopraxie sur le Territoire de Belfort, vous proposez à présent un service de remplacement en thanatopraxie, comment et pourquoi cette idée vous est-elle venue ?
CS : Il y a quelques années, j’ai subi une cassure dans ma vie professionnelle. Un cancer, que j’ai heureusement vaincu, m’a forcée à déléguer mon activité. J’ai eu la chance de commencer à collaborer avec mon collègue Brice Boehly, collaboration qui a perduré au-delà de ma maladie, ce qui m’a permis de me dégager du temps pour la formation qui est mon second métier, pour lequel je me déplace dans toute la France. Ces voyages m’ont ouvert de nouveaux horizons, que maintenant je souhaite explorer en pratiquant la thanatopraxie dans d’autres régions.
Comme beaucoup, arrivée à la quarantaine, j’ai eu envie de prendre un tournant dans ma carrière. Je me suis vite aperçue que la demande était assez forte et j’ai très rapidement eu des engagements. L’expérience m’a énormément plu et je souhaite continuer dans cette voie.
MC : Vos clients mettent leur outil de travail entre vos mains. Quels sont vos points forts pour assumer de telles responsabilités ?
CS : Mon expérience, bien sûr. Ces responsabilités, je les assume depuis 11 ans.
MC : Le remplacement ne fut pas votre activité au départ, et il existe d’autres services de remplacement en thanatopraxie.
CS : C’est vrai, fort heureusement, parce que nous ne sommes pas très nombreux. Je n’ai jamais eu l’intention d'entrer dans une logique de concurrence. Il y a une demande et je suis prête à y répondre. J’ai envie de mettre mon expérience et mon savoir-faire au service des thanatopracteurs, mais aussi des pompes funèbres, puisque c’est là que j’ai commencé et que j’ai mon niveau 6.
MC : Concrètement, si un professionnel a besoin de vos services, que doit-il faire ?
CS : Tout simplement contacter "La Belfortaine de Thanatopraxie".
MC : Conseilleriez-vous à un jeune thanatopracteur de proposer ces services de remplacement ? D’après-vous s’agit-il de l’avenir de la profession ?
CS : Par principe, je m’abstiens de donner quelque conseil que ce soit. Mais non, ça ne peut pas être l’avenir de la profession. S’il n’y a plus que des remplaçants, qui remplaceront-ils ? Plus sérieusement, ce mode de vie nomade me convient parfaitement parce qu’il correspond à mes aspirations à ce stade de ma carrière et aussi de ma vie. Je ne pense pas que ce soit le cas de la majorité de mes confrères. Beaucoup ont une vie de famille. De plus, il est probable qu’un thanatopracteur hésite à confier sa clientèle à un jeune diplômé.
MC : Bien entendu, Claire, le mot de la fin ?
CS : "Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci". C’est du latin.
Merci, Claire, d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Je vous souhaite bonne chance pour la suite de votre entreprise ou plutôt, devrais-je dire, bonne route !
Mickaël Curti
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :