L’implantation d’un stimulateur cardiaque, ou d’un défibrillateur, n’est pas anodine. Elle répond à la nécessité de pallier un déficit cardiaque. Le cœur étant un organe vital, cette prothèse électronique permet le maintien en vie du patient qui la porte, ainsi que l’amélioration de son quotidien. Mais cela implique également une certaine vigilance vis-à-vis du matériel, que le patient porteur soit en vie, ou décédé.
L’implantation d’un tel dispositif (stimulateur cardiaque ou défibrillateur) a pour but d’améliorer, de préserver sa santé, au quotidien. Les patients se posent de nombreuses questions quant à l’adaptation de leur hygiène de vie à ce nouveau matériel implanté.
En fait, les contraintes occasionnées sont peu nombreuses. Les restrictions appliquées restent minimes et font appel au simple bon sens. Les patients doivent éviter de se trouver à proximité immédiate de champs électromagnétiques assez puissants pour stopper l’activité du stimulateur cardiaque. Ils devront donc, par prudence, respecter une distance de quelques dizaines de centimètres entre eux et les sources de ces ondes, comme les plaques de cuisson, les téléphones portables (les utiliser du côté opposé au stimulateur/défibrillateur), les haut-parleurs, les détecteurs de métaux (par exemple dans les aéroports, etc). Les interdictions ne portent que sur la pratique de l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), si le stimulateur n’est pas compatible avec ce type d’examen. L’utilisation de vieux matériels de bricolage provoquant des étincelles est elle aussi prohibée, ainsi que l’exposition prolongée au soleil (risque de brûlures en regard du stimulateur cardiaque).
Crédit photos "SimonDaval.fr".
Ces précautions sont recommandées par les médecins afin d’éviter toute interférence avec le matériel implanté. En effet, les champs électromagnétiques risquent de stopper, durant le temps de l’exposition, le fonctionnement programmé du stimulateur/défibrillateur. Durant ce laps de temps, l’appareil implanté ne remplira plus son rôle, puisqu’il ne détectera aucune défaillance. Tous les appareils agissent de cette façon, et, lorsque le médecin stimuliste surveille le matériel, il l’ "interroge" à l’aide d’un aimant, mettant ainsi automatiquement l’appareil en "veille", afin de pouvoir examiner et reprogrammer le stimulateur cardiaque si nécessaire.
Les restrictions médicales sont délivrées bien plus en fonction des pathologies cardiaques et du maintien en place des sondes de stimulation/défibrillation (éviter les sports qui sollicitent le bras où est logée la sonde, éviter le port de charges lourdes, etc.).
Ces prothèses cardiaques apportent un traitement cardiaque interne, mais ne maintiennent pas obligatoirement le patient en vie. Une pathologie cardiaque associée, ou une autre maladie, peut causer le décès du patient.
Ainsi, un patient décédé reste porteur d’un appareil électronique en état de fonctionnement, lorsque cet appareil n’est pas désactivé par un médecin cardiologue stimuliste, au service de cardiologie de l’établissement où se trouve le corps du défunt. Le retrait des stimulateurs/défibrillateurs revêt un caractère important et leur présence (ou leur absence) doit être mentionnée sur le certificat de décès.
Du vivant des patients, on s’accorde à dire que tout est fait pour que les appareils soient bien tolérés par ces derniers. Lorsque survient un décès, on se préoccupe alors de la santé des vivants afin que les appareils ne soient pas nuisibles. Si l'un de ces appareils est présent sur le corps d’un défunt, il doit obligatoirement être retiré, quel que soit le devenir du corps du défunt (Art. R 2213-15 du Code Général des Collectivités Territoriales –CGCT-). Seuls les médecins et les thanatopracteurs sont autorisés à pratiquer ce retrait. Lorsqu’un médecin réalise cet acte, qui n’est pas répertorié sur le tableau de prise en charge des actes médicaux/chirurgicaux de la Sécurité Sociale, sur le corps d’un défunt, il l’effectue souvent à titre gracieux.
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Le retrait obligatoire de ces "prothèses fonctionnant au moyen d’une pile" a pour objectifs de protéger les personnes et l’environnement, et d’assurer une sécurité dans les crématoriums. En effet, les piles utilisées fonctionnent le plus souvent au lithium, très polluant et dangereux pour la santé lors d’un contact direct. Et aussi, lors d’une crémation, la présence de ce matériel risque de provoquer des fissures au niveau des briques réfractaires puis un effondrement, à cause des ondes de choc dues à l’explosion. Le lithium étant en fusion à 140°C, l’explosion est inévitable.
Lorsque des stimulateurs/défibrillateurs sont retirés sur le corps des défunts, ils font l’objet d’une élimination spécifique. Ces appareils sont à considérer comme des DASRI (Déchets de Soins à Risque Infectieux), car ils sont au contact direct des muqueuses et des liquides biologiques (sang, etc.). Cependant, nous observons que de nombreux établissements de santé laissent aux soignants le choix entre 2 filières d’élimination : soit directement par la filière des DASRI, soit par la filière d’élimination des piles. Dans ces deux cas, l’élimination reste spécifique au matériel fonctionnant au moyen d’une pile. Il est également à noter que la famille d’un défunt porteur de ce type de prothèses est "propriétaire" de l’appareil et par conséquent en droit de récupérer celui-ci après son retrait.
Les recommandations d’hygiène de vie et de prudence délivrées aux patients porteurs d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur restent simples, même si quelques interdictions sont spécifiées. Tout cela est utile au maintien du bon fonctionnement des dispositifs implantés, et donc à la santé des patients.
Lorsque survient le décès d’un patient porteur de l’un de ces dispositifs, la loi n’est pas toujours assez précise. Par exemple, les producteurs des DASRI sont responsables des déchets qu’ils produisent, mais nous devons remettre aux familles qui le demandent la prothèse de leur défunt. La réimplantation est interdite, cependant il existe un vide juridique concernant l’expédition de ces prothèses à l’étranger. Les médecins sont eux aussi parfois démunis face au retrait de ces prothèses sur le corps des défunts, car rien n’est prévu par la Sécurité Sociale pour ces actes. Il reste donc quelques précisions à apporter, que ce soit au niveau législatif, ou au niveau de la Sécurité Sociale.
Marie Nouaille-Degorce,
thanatopracteur
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