Comme tous les ans, la période estivale oblige les municipalités à la plus grande attention quant à l’entretien de leurs cimetières. Profitant des vacances, d’un passage par le lieu de leurs racines, nombreux sont ceux qui visitent les sépultures familiales.
Georges Martinez, président de l’ A.NA.PE.C. |
Le zérophytosanitaire imposé à juste raison par les pouvoirs publics a de grandes conséquences sur l’état de nos cimetières. Dans le n° 123 de septembre 2016 de Résonance, l’A.NA.PE.C. (Association NAtionale des PErsonnels de Cimetière) a traité ce sujet en présentant les diverses méthodes alternatives qu’il était possible de déployer. Toutefois, quel que soit le choix, il faut admettre que l’investissement humain est beaucoup plus important que celui autrefois utilisé pour la pulvérisation de désherbant.
La directive écologique est bonne pour nous-mêmes et l’avenir de notre planète, et il est important que les collectivités en charge des cimetières s’adaptent à ces nouvelles règles et mettent en place les moyens pour que les cimetières comme d’ailleurs d’autres espaces urbains demeurent des lieux bien entretenus à la végé-tation maîtrisée et affichant une propreté sans conteste.
Certes, cela demande des moyens supplémentaires, car l’homme doit passer plus souvent pour tailler, arracher ou biner, mais il est absolument nécessaire que les maires et les présidents des cimetières intercommunaux abordent cette demande avec volonté et enthousiasme, et non par contrainte.
Personne ne peut accepter qu’une école soit livrée à l’abandon, que des vitres brisées ne soient pas remplacées, que des toilettes fuient, ou que le ménage n’y soit jamais fait. Cela ne peut arriver, car le corps enseignant, les parents d’élèves auraient tôt fait d’assiéger la mairie ou l’académie pour obtenir l’action des services municipaux.
Pourquoi ce qui est inacceptable dans une école ou dans n’importe quel autre équipement de la ville le serait dans un cimetière ? Quelle raison avouable pourrait faire que l’entretien du cimetière soit sans cesse différé au prétexte de choses plus urgentes dans la commune ?
Il devient important et urgent que les maires assument cette responsabilité de considérer les cimetières comme si c’était le jardin de la mairie. Cela est important pour la dignité des défunts qui y reposent, pour le respect des administrés, et aussi pour le personnel des services techniques qui s’attristent plus souvent qu’on ne le croit de voir que, malgré leur travail, la ville se désembellit. Cela est important aussi pour l’édile lui-même, car les visiteurs des cimetières sont aussi des électeurs, et négliger ce lieu est souvent perçu comme une atteinte profonde et personnelle. Les familles qui ont inhumé des êtres chers ne peuvent accepter qu’ils reposent au milieu d’une jungle. Elles ont dépensé beaucoup d’argent pour acquérir la concession et pour que la tombe soit belle. Dès lors, il devient inacceptable que la Ville ne fasse pas l’effort d’entretenir les abords et les accès.
Mais voilà, tout n’est pas du ressort du maire. Même s’il demeure le donneur d’ordre, l’exécutif a lui aussi sa part de responsabilité. Le conservateur et plus généralement les services gestionnaires doivent anticiper cette période de forte pousse en demandant les moyens et en vérifiant qu’ils soient correctement affectés. Cela se prépare plusieurs mois à l’avance, dès la préparation budgétaire. C’est aux services de l’Administration de quantifier ces moyens et de les chiffrer, soit par du déploiement en interne à la Ville soit par de la sous-traitance. Aux élus et au conseil municipal d’arbitrer les choix, mais, bien présentés, qui pourrait s’opposer, car s’opposer reviendrait à dire : "Je ne veux pas que les cimetières soient bien entretenus." Et, dit ainsi, il est clair que le message passe très mal auprès des administrés.
Et les administrés, justement, doivent en accepter le coût. Il est courant de penser, dans notre pays, que l’État doit pourvoir à tout. Sans doute doit-il assurer la sécurité de tout citoyen et de son bien-être en général. Mais "l’État, c’est nous", comme le disait Lénine. Et si l’on souhaite la perfection en tout lieu de notre cité, il faut en accepter le coût, et forcément l’impact sur nos impôts. Certes, une bonne gestion municipale permet de faire des économies d’un côté pour mieux investir de l’autre. Mais tout vouloir au mieux partout coûte aux collectivités locales, sans compter que l’État se désengage financièrement de plus en plus du fonctionnement des communes. Et puis, ce n’est un secret pour personne, il y a et il y aura des communes plus riches que d’autres, celles hébergeant des sièges sociaux ou des usines apportant la manne financière favorisant de confortables budgets, et sans doute cet article ne les concerne pas.
L’A.NA.PE.C. voudrait s’adresser à tous ceux qui se battent au quotidien pour que leur cimetière soit agréable à visiter, ceux qui recherchent la moindre subvention ou aide pour embellir le lieu, ceux qui se font le porte-parole des familles pour que tous les services de la Ville soient réactifs. À vous toutes et tous, s’il advenait que vous vous sentiez désemparés ou découragés, n’hésitez pas à contacter notre association pour demander un conseil ou un soutien. Et si, a contrario, vous êtes fiers de votre action personnelle ou de l’engagement de votre municipalité, faites-le savoir, l’A.NA.PE.C. édite un journal deux fois par an à destination de ses adhérents, où elle présente les activités funéraires d’une collectivité.
Georges Martinez
Président de l’ A.NA.PE.C.
Résonance hors-série n°4 - Août 2017
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