Comme nous l’avions proposé dans de précédentes éditions, la Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie (CPFM) fait partager aux lecteurs de Résonance des réponses qu’elle a déjà apportées à ses adhérents, sur différents points ou questions ayant trait aux problématiques du secteur funéraire. Dans ce numéro, nous abordons une question relative à la destination des urnes et des cendres dans les cimetières.
Pierre Larribe, conseiller juridique CPFM. |
Pour délivrer l’autorisation d’inhumer une urne dans une concession (ou de déposer une urne dans une case de columbarium), des mairies demandent de fournir un "certificat de crémation" avant d’autoriser l’opération demandée. Cette demande est même parfois formulée préalablement à la délivrance de l’autorisation de disperser les cendres dans l’espace aménagé à cet effet, dans le site cinéraire géré par la commune.
Or dans la réglementation actuellement en vigueur, il n’existe aucune indication qui rendrait ce document obligatoire. S’il est concevable qu’un crématorium qui procède à la crémation d’un défunt, ne fasse aucune difficulté pour établir ce certificat ou pour attester que la crémation du défunt s’est bien déroulée dans ses installations, il reste que ce document n’a aucune source d’existence officielle.
En revanche, la réglementation fait obligation, à l’issue de la crémation d’un défunt, de recueillir les cendres dans une urne (appelée "cendrier") qui doit être pourvue d’une plaque portant le nom du défunt et le nom du crématorium (Art. L 2213-18-1du CGCT). Il n’est pas prévu de "sceller" l’urne qui pourra être rouverte, en particulier si la famille souhaite faire procéder à la dispersion des cendres (en pleine nature ou dans un espace aménagé à cet effet). Réglementairement, c’est cette plaque qui permet d’identifier le défunt et le maire pourrait se contenter de vérifier que l’urne qui sera inhumée dans le cimetière de sa commune, comporte bien cet élément d’identification.
A l’automne 2016, une réponse ministérielle est venue apporter une précision intéressante. Elle confirme que le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) n’impose pas la communication du certificat de crémation pour autoriser le placement d’une urne dans une case de columbarium (La question n’évoquait que cette seule destination). Cela s’applique tout aussi bien à l’inhumation d’une urne, dans une concession "traditionnelle" comme dans une concession d’urnes, qu'à la dispersion des cendres dans l’espace aménagé à cet effet dans le site cinéraire.
En revanche, la réponse rappelle que le maire, en vertu de ses pouvoirs de police, peut faire adopter, dans un règlement de cimetière, des mesures d’application locale, que devront respecter les utilisateurs du cimetière (et donc les opérateurs funéraires mandatés par ces utilisateurs).
Il faut cependant, pour que ces mesures puissent être applicables, qu’elles fassent l’objet d’une "publicité" (qu’elles soient rendues "publiques" afin que les utilisateurs du cimetière puissent en prendre connaissance avant d’envisager d’organiser des funérailles et puissent ainsi respecter ces obligations) : Signature et publication d’un arrêté municipal, affichage du règlement du cimetière, communication de ce règlement à toute personne qui en fait la demande… À défaut de publicité, la mesure ne peut pas être appliquée et une famille pourrait contester une exigence qui pourrait être considérée comme abusive.
Il est important que l’opérateur funéraire prenne connaissance des dispositions d’application locale qui figurent dans le règlement du cimetière (ou encore dans le "règlement municipal des pompes funèbres" prévu à l’art. L 2223-21du CGCT) que peuvent adopter les communes. En effet, ces dispositions d’application locale doivent être respectées, dès lors qu’elles sont rendues publiques, même si elles imposent des dispositions complémentaires non prévues par la réglementation générale.
Il convient pour l’opérateur funéraire qui reçoit une famille en vue d’organiser des funérailles, de ne pas perdre de vue ces dispositions locales, qui peuvent être différentes d’une commune à une autre. Il ne faut pas se contenter de suivre un mode opératoire "habituel" surtout si les funérailles doivent se dérouler sur une commune où l’entreprise n’intervient que ponctuellement, au risque de se voir opposer le non-respect de ces dispositions locales.
C’est ce que qui permet au conseiller (ou à l’assistant) funéraire de faire montre de son professionnalisme ! Il sait informer, en amont, son client des particularités réglementaires propres à la commune où se dérouleront les funérailles et il pourra ainsi éviter des retards ou des refus d’autorisation qui viendraient compliquer son travail.
Réponse ministérielle n° 79111 JOANdu 20/09/2016.
Pierre Larribe
Conseiller juridique CPFM
Résonance n°129 - Avril 2017
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