L’analyse par le juge administratif de la démonstration d’un lien avec la commune dans les demandes d’octroi d’une concession funéraire nouvelle.
Marion Perchey, responsable juridique Le Vœu |
Le maire ne peut refuser le droit à concession que pour des motifs tirés du manque de places disponibles (CE Sect. 5 décembre 1997 Cne de Bachy c/ Saluden-Lanie) ou des contraintes résultant du plan d’aménagement du cimetière (CE, 26 octobre 1994, Melle Arii) ou pour le fait que le demandeur ait déjà plusieurs concessions dans le cimetière (CAA Douai, 14 février 2001, Robert Coudeville). Aucun texte ne limite en effet le droit pour une personne ne résidant pas dans la commune d’y acquérir une concession (TA Nice 25 juillet 1984) si elle démontre un lien avec celle-ci. Toute personne qui, par exemple, a des liens affectifs avec une commune, en y ayant passé son enfance ou en y étant née, peut demander l’octroi d’une concession dans le cimetière.
Un droit d’entrée (surcoût) au détriment des personnes non domiciliées sur le territoire communal serait lui-même illégal. Le Conseil d’État l’a réaffirmé dans un arrêt le 10 décembre 1969. De la même manière que le fait de réserver les concessions aux seuls habitants de la commune est illégal. Le tribunal administratif d’Orléans s’est prononcé à ce sujet le 31 mai 1988, et par voie de conséquence, il n’est pas légal de refuser l’acquisition des concessions funéraires d’avance ou de fixer des conditions discriminatoires (âge).
Dans un arrêt récent de la cour administrative d’appel de Bordeaux du 26 février 2015, le juge est venu rappeler ces principes et préciser son analyse du "lien d’affection" avec la commune. En l’espèce, pour rejeter la demande de M. C. du 27 janvier 2010 tendant à obtenir une concession funéraire à proximité du caveau où repose sa fille et située dans le cimetière de La Beylive sur le territoire de la commune de Bergerac, le maire de ladite commune avait retenu que M. C. ne bénéficiait pas d’un droit à une sépulture de famille dans ce cimetière. En effet, le juge rappelle à bon droit "qu’un maire peut, lorsqu’il se prononce sur une demande de concession funéraire, prendre en considération un ensemble de critères, parmi lesquels figurent notamment les emplacements disponibles, la superficie de la concession sollicitée au regard de celle du cimetière et les liens du demandeur avec la commune et que, d’autre part, le maire ne peut légalement refuser l’octroi d’une concession au demandeur bénéficiaire d’une sépulture de famille que pour un motif tiré du manque de places disponibles dans la partie du cimetière réservée aux concessions ou, le cas échéant, pour un motif tiré du trouble à l’ordre public."
Auparavant, l’ex-épouse s’était vu accorder, par le maire de la commune, le 1er septembre 2001 (antérieurement au prononcé de leur divorce), une concession perpétuelle pour y fonder une sépulture de famille. Leur fille, décédée des suites de blessures graves occasionnées par son père, fut inhumée dans le caveau bâti sur la concession familiale. Toutefois, lors de la demande de M. C. tendant à l’octroi d’une nouvelle concession, il était divorcé, et pour le maire, "en l’absence d’une quelconque intention de son ex-épouse de le faire bénéficier de cette concession, il ne justifiait dès lors d’aucun droit à une sépulture de famille".
Au surplus, "la circonstance que sa fille unique, […], soit inhumée dans le cimetière de La Beylive à Bergerac ne démontre pas l’existence d’un quelconque lien entre M. C. et la commune de Bergerac ; que c’est donc sans erreur de droit ni erreur manifeste d’appréciation que le maire de la commune de Bergerac a refusé de faire droit à la demande de concession funéraire de M. C.".
C’est donc bien un lien avec des concessionnaires de la même famille qui est pris en compte et pas la filiation avec des membres inhumés d’une même famille, et ce, quelles que soient les circonstances tragiques de leur décès.
Marion Perchey
Responsable juridique Le Vœu
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Le : 30/03/2015 Lecture du jeudi 26 février 2015 |
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :