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La Maison Sazerat, créée dans les années 50, est aujourd’hui dirigée par Christine Dionnet-Perronneau. Avec elle, la Maison connaît un second souffle d’ampleur par des créations exceptionnelles, une démarche rigoureuse mais néanmoins artistique par l’application de technologies numériques contemporaines associées à un savoir-faire porcelainier hérité de la grande tradition de Limoges. C’est ainsi qu’une large gamme de produits illustre une démarche patiente et hautement qualitative.


Distinguée par son action au service de la valorisation des métiers d’art porcelainiers, Christine Dionnet-Perronneau innove de nouveau et se confie à nous. Entretien…

Résonance : Christine Dionnet Perronneau, avec vous, la Maison Sazerat s’engage dans une politique RSE particulièrement innovante, pouvez-vous nous développer votre action ?

Christine Dionnet-Perronneau : Nous sommes les héritiers d’une longue tradition porcelainière de Limoges. Au fil des siècles, cette tradition a su s’adapter aux différentes évolutions des techniques et des produits utilisés, tout en conservant les fondamentaux qui en font sa réputation hautement qualitative, une notoriété internationale que beaucoup tentent de copier, sans toutefois atteindre le niveau d’exigence et de résultats qui sont les nôtres.

La Maison Sazerat s’est donc engagée dans un processus RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), une démarche de développement durable qui implique trois registres, le social, l’environnemental et le sociétal. Ces trois piliers fonctionnent de façon interactive. Dans notre branche d’activité, la transmission du savoir est essentielle, et concerne les volets social et sociétal, ainsi que le volet environnemental qui s’est concrétisé après deux années intensives de recherche et de développement pour trouver un substitut au plomb dans nos process de fabrication.

À force de longs et patients efforts et de centaines d’essais, nous avons mis en œuvre et appliqué une solution respectueuse de l’environnement par un procédé que nous gardons jalousement confidentiel, vous le comprendrez. Cette nouvelle donne apporte le même niveau de qualité et de finition à l’ensemble de nos produits. En cela, nous nous inscrivons dans la tradition qualitative des porcelainiers de Limoges, progresser avec son temps en cultivant l’héritage séculaire de nos maîtres.

R : Votre engagement social et sociétal est connu de longue date et je crois savoir qu’il fait l’objet d’une reconnaissance particulière ?

CDP : Comme je vous le disais, la pérennisation, l’accompagnement et la transmission sont au cœur de nos métiers d’art de façon aussi essentielle que la façon dont nous exerçons notre art. Le savoir-faire se conjugue avec le savoir-être, c’est plus qu’un engagement, c’est un mode de vie où l’un ne va pas sans l’autre. Je suis élue au sein de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de mon département au sein de la région Aquitaine depuis cinq années, et je suis reconduite par mes pairs pour un second mandat de cinq ans.

Par ailleurs, j’ai eu la surprise d’être distinguée par la remise de la médaille de bronze de la reconnaissance artisanale, pour services rendus, en présence du président de la région Aquitaine de la Chambre des Métiers ainsi que du président de la chambre de Haute-Vienne. Par-delà la distinction honorifique à laquelle je ne m’attendais pas du tout, cette cérémonie salue et encourage l’artisanat en général, et l’artisanat d’art en particulier pour ce qui me concerne.

Mes collègues et moi-même sommes très actifs dans ce domaine de représentation de nos métiers, et je ne suis pas la dernière pour dire ce que je pense pour la défense et la valorisation de nos branches respectives. Nous avons une mission notamment de conseil et d’accompagnement auprès de l’ensemble des artisans de notre département, un quotidien très prenant mais qui est essentiel pour maintenir et développer ce secteur essentiel de l’économie nationale.

N’oublions pas que l’artisanat en France représente 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2,5 millions de salariés, soit 20 % du PIB national. Ce n’est pas rien, et les chambres des métiers contribuent à faire entendre nos voix au plus haut niveau de l’État.

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R : Nous évoquions l’importance de la transmission pour une entreprise artisanale, je suppose que vous avez un regard attentif sur ce sujet ?

CDP : Attentif est bien le mot, mon fils travaille désormais avec mon équipe et moi-même, et je le forme aux arcanes de mon métier. Il faut dix ans de formation pour un artisan d’art porcelainier. La composition des produits, leur chimie, la maîtrise des fours, l’apprentissage des nouvelles technologies qui se sont invitées depuis un moment déjà dans nos process de fabrication, le développement d’une culture artistique généraliste, mais aussi faire émerger la créativité indispensable à nos métiers… tous ces facteurs prennent du temps, du recul également.

Ensuite il y a le volet commercial de l’activité, c’est-à-dire proposer des produits et des services qui répondent aux exigences du marché et qui soient économiquement et artistiquement attractifs, il faut également être un bon administrateur d’entreprise tant du point de vue des investissements que de la gestion. Vous comprendrez pourquoi il faut du temps, du dialogue et une certaine vision de l’avenir. Je suis heureuse que mon fils se passionne pour ce métier, et surtout pour la Maison Sazerat, dont il sera un jour, à son tour, le fidèle transmetteur de notre tradition porcelainière.

R : Vous participez à des salons professionnels ou à d’autres événements ?

CDP : Nous avons eu un excellent accueil de nos produits au Salon de Toulouse récemment, ce qui nous encourage dans la voie que nous nous sommes tracée, un dialogue fructueux avec les opérateurs funéraires, qui peuvent ainsi faire la comparaison entre nos produits et d’autres réponses plus aléatoires. Dernier point qui a son importance, nous avons été sélectionnés en short-list par le réseau Initiative Nouvelle-Aquitaine afin de participer à un concours national "Initiative féminine" qui se tiendra prochainement, j’espère que nous aurons l’occasion d’en reparler.

Ceci pour dire, ou pour réaffirmer, que le véritable artisanat d’art est reconnu aussi bien par celles et ceux qui en sont les acquéreurs, que par les réseaux économiques qui valorisent nos différentes branches. La Maison Sazerat est plus que jamais d’actualité et s’inscrit dans une démarche pérenne qui en fait son succès. Les opérateurs funéraires ne s’y trompent pas, la qualité et la forte valeur ajoutée sont des exigences qu’ils apprécient et qui sont soutenues par les familles qui font appel à leurs services. Nous sommes heureux et fiers d’y contribuer dans le respect de nos valeurs et de nos traditions séculaires.
 
Jérôme Maniaque

Résonance n° 205 - Juillet 2024

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