Forte d’un militantisme chevillé au corps, Florence Fresse, déléguée générale de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF), nous parle de son quotidien. Entre participation aux groupes de travail des différentes instances gouvernementales et professionnelles, et accompagnement de ses adhérents… entre animation de formations au sein des bureaux de Rosny-sous-Bois et organisation de rencontres et autres débats sur le terrain, dans les régions, au plus près des adhérents de la FFPF, mais pas que… Celle-ci nous explique ce qu’elle entend par "défendre, accompagner et représenter les professionnels funéraires indépendants".
Résonance : Florence, vous œuvrez pour le bien de la profession depuis de nombreuses années… Tous les adhérents de la FFPF vous connaissent et vous apprécient pour le travail remarquable que vous effectuez et l’aide précieuse que vous leur apportez jour après jour. Concrètement, comment se passe la journée type de la déléguée générale de la FFPF ?
Florence Fresse : (Rires) Notre quotidien s’articule autour de la machine à café ! Plus sérieusement, nous sommes trois et devrions être bientôt quatre, et, dès l’arrivée de notre petite équipe au siège de la FFPF, à Rosny-sous-Bois, notre première lecture est celle du Journal officiel, pour guetter le moindre texte qui pourrait être utile à nos entreprises parmi ceux des ministères de l’Économie, de l’Intérieur et des Outremer, du Travail et de la Santé.
Une lecture rapide des nouveautés dans le Code du travail et quelques échanges sur les réunions tenues ou à venir, pour que nous ayons toutes le même niveau d’information, et c’est parti pour la journée. En moyenne, à titre d’exemple, depuis janvier 2024, nous avons reçu environ 500 appels chaque mois, presque 600 pour le mois de février.
R : Les adhérents de la FFPF sont unanimes quant à votre sérieux et votre professionnalisme dès lors qu’ils ont recours à votre aide et à vos compétences. Dans quel domaine êtes-vous le plus souvent sollicitée ? Et quid des cas les plus complexes… comment vous y prenez-vous ?
FF : Nous leur devons ce service. Nous sommes conscientes que nos entreprises ont souvent "la tête dans le guidon" et peu de temps à consacrer à la lecture des derniers textes en vigueur.
Aussi, lors de nos échanges téléphoniques, il est important de prendre le temps d’expliquer les textes, qu’ils concernent le funéraire ou les salariés. Jeter sans explication des textes dans un mail ne serait pas respectueux et irait à contresens du climat que nous avons instauré et voulons à tout prix maintenir avec nos entreprises.
C’est agréable, même si on ne se voit pas, de gommer la distance. Beaucoup d’adhérents sont confrontés à des problématiques d’interprétation des textes. Je vous livre un exemple, que j’ai transmis au ministère : certaines communes exigent des documents originaux pour délivrer des autorisations. D’une part, rien dans les textes n’indique cette obligation, mais surtout, à l’heure où l’on parle de RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) je ne vois vraiment pas d’intérêt à obliger un opérateur funéraire à faire un trajet aller-retour, parfois de 30 ou 40 kilomètres.
Un appel à la FFPF, c’est un véritable échange, il est donc important de contextualiser la question posée par notre adhérent afin de lui apporter la réponse la plus appropriée.
R : C’est un travail des plus chronophages, mais vous n’êtes pas seule dans cet exercice… C’est un travail d’équipe… n’est-ce pas ?
FF : Heureusement ! Sandra Da Gemea, qui est bien connue des adhérents, est présente depuis 2009. La FFPF a été un de ses premiers postes après l’obtention de son Master 2 en droit social et administratif. Dans notre équipe, c’est Sandra qui hérite régulièrement des questions de droit du travail, un droit très complexe et très changeant qui impose d’être passionné. C’est une des raisons pour lesquelles nous voulons une mise à jour de la Convention collective des pompes funèbres. Entreprises et salariés consultent cette dernière comme une référence absolue, alors que certains textes datent de …1996 ! C’est dire qu’il faut être attentif à toute publication ou modification de ce droit.
Plus récemment, en décembre, nous avons recruté Eva Cuzzucoli, qui venait de valider son BTS en gestion de la PME. Pour l’instant, Eva découvre le milieu funéraire, et elle suivra prochainement une formation de conseiller pour s’approprier un peu plus notre monde funéraire. C’est à Eva que nous avons confié la gestion de notre plateforme de connexion et de partage pour les formations de notre école, l’ENAMEF (École Nationale des Métiers du Funéraire).
Car nous avons la chance d’avoir dans nos locaux une école funéraire, sous forme d’association, qui forme en fonction des besoins exprimés par nos adhérents, pour les formations aux diplômes de maître de cérémonie et conseiller funéraire, ainsi que les gestionnaires et les agents d’accueil. J’ai toujours eu la chance, depuis mon arrivée en 2006, d’avoir la confiance de ma gouvernance, Alain et Roger, et maintenant Frédéric. C’est un atout précieux quand on veut représenter une profession dans son ensemble.
R : La FFPF est également proactive dans tous les groupes de travail et autres instances ayant vocation à faire évoluer les aspects professionnels et réglementaires de la branche. Là encore, vous brillez par votre implication et votre volonté de représenter efficacement les "indépendants"… Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette facette de votre activité ?
FF : Si nous avons des adhérents dans de grosses villes, comme Lyon, Marseille ou Paris, beaucoup sont installés dans des villages. Ils y sont indispensables à la vie de la commune et de ses alentours. Mais de là où ils sont, c’est parfois moins facile de se faire entendre. Or, militer au sein d’une fédération patronale constituée d’indépendants, c’est défendre celui qui en a le plus besoin. Aucune des prises de parole de la Fédération n’est portée par le haut d’une pyramide (désolée pour le jeu de mots). Nous écoutons, nous interrogeons, nous analysons et nous portons la voix de nos entreprises. Il m’est arrivé de porter des pétitions au CNOF (Conseil National des Opérations Funéraires) pour démontrer que notre demande était collégiale.
Notre Fédération tient depuis sa création en 1970 à être présente dans toutes les instances nationales : nous sommes impliqués dans le dialogue social, avec à mes côtés des dirigeants d’entreprise, comme Caroline Petit des Pompes Funèbres Estrade à Argentat, Paulo Jorge Pinheiro, de Montargis ou Jean-Marc Bourgoin, installé à Pantin, nos collègues de la FNF (Fédération Nationale du Funéraire) et les organisations syndicales représentatives. De plus, avec Jean-Francois Soulier, de Brive, nous sommes membres du CNOF, mais également participants à des groupes de travail en cours au ministère : devis, formation, digitalisation… Il y a de quoi s’occuper.
R : Pensez-vous qu’il y a trop de lourdeurs administratives et réglementaires ou, au contraire, qu’il est nécessaire de bien cadrer la profession pour, aux dires de certains, rassurer les familles ?
FF : À la suite d’un CNC (Conseil National de la Consommation) il y a quelques années, le législateur veut revoir le devis et ses modalités de mise à disposition auprès du public. On a régulièrement pu constater que beaucoup de communes ne sont pas au courant de cette obligation qui consiste à communiquer les devis des opérateurs.
Pour l’anecdote, je l’ai même fait constater à un membre du CNOF qui représentait les familles : nous avons appelé sa commune de résidence, et lorsque nous avons demandé où nous pouvions consulter les devis en prévision d’obsèques, notre interlocutrice nous a révélé n’avoir jamais entendu parler de cette disposition. Si l’idée est de simplifier, nous sommes partants, mais il ne faudrait pas, que sous couvert d’explications, le devis soit encore plus long qu’actuellement…
R : La FFPF est très présente auprès de ses adhérents, notamment grâce à de nombreuses actions de proximité dans les régions… vous avez d’ailleurs entamé un nouveau tour de France avec Frédéric Nicolas, le nouveau président de la Fédération. Quels sont les objectifs de cette démarche et quels retours en avez-vous ?
FF : Si nous le pouvions, nous serions encore plus présents sur le terrain, car c’est un véritable lien. Lors de chaque soirée, je découvre des pratiques ou des coutumes dont je n’avais pas idée, et ce, au bout de presque 20 ans. Le secteur évolue beaucoup et assez vite, nos adhérents ne restent pas cloisonnés ni isolés des réalités, et sont bien conscients des enjeux concurrentiels et des sollicitations qu’ils peuvent recevoir, de la part de groupes notamment.
Être indépendant aujourd’hui est déjà une forme de militantisme. Nos dîners permettent à chacun de vider son sac, très librement. Il peut arriver que le discours devienne très politique, mais tout s’arrange autour du dessert et la bonne humeur prend le dessus assez rapidement. Se retrouver à table, sans "emploi du temps" préétabli est une formule chaleureuse et conviviale, si j’en crois les retours que nous avons. C’est d’ailleurs à l’issue de ces soirées que nous pouvons publier notre rubrique "Nos adhérents ont du talent".
Nous espérons pouvoir tenir 3 ou 4 réunions régionales cette année, sans compter Funexpo, qui se déroulera les 21, 22 et 23 novembre à Lyon et que nous préparons déjà, en créant un stand atypique pour des bons moments de partage, mais chuuuut ! vous n’en saurez pas plus….
R : Merci Florence d'avoir bien voulu partager avec nous l'une des choses qui vous tient le plus à cœur... un dernier mot ?
FF : Rendez-vous à Funexpo 2024 !
Steve La Richarderie
Résonance n° 203 - Mai 2024
Résonance n° 203 - Mai 2024
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