À l’approche de FUNÉRAIRE PARIS 2021, salon créé par la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF), dont il est le président depuis 2016, Aubin de Magnienville nous confie ses attentes pour l’évènement.
Il évoquera également les grands chantiers et autres combats qu’il a entamés en tant que représentant et défenseur de la filière fournisseurs du secteur funéraire. Son second mandat touche à sa fin, et il reste pourtant fort à faire au regard des évolutions du marché, mais, aussi et surtout, des pénuries de matières premières, conséquence directe de la crise sanitaire.
Résonance : Monsieur de Magnienville, vous présidez la CSNAF depuis 2016… que retenez-vous de ses cinq dernières années ?
Aubin de Magnienville : Je retiens qu’en 5 ans le marché a évolué à une vitesse vertigineuse. Le fait le plus marquant reste la forte concentration qui a eu lieu dans le secteur. Elle s’est produite aussi bien au niveau des pompes funèbres que chez les fabricants. Cela a eu pour effet de créer une certaine anxiété chez nos adhérents.
R : Le nombre d’adhérents à la CSNAF est sans cesse en augmentation, selon vous, quelle conclusion peut-on en tirer ?
AdM : Nos adhérents se posent des questions sur l’avenir. Nous essayons de trouver des réponses par le biais d’études poussées : les études CRÉDOC, l’analyse du marché par un consultant, etc.
Les domaines analysés sont vastes : montée de la crémation, financiarisation de la filière, regroupement de pompes funèbres, montée en puissance des contrats obsèques, etc. Toutes ces thématiques sont abordées à la CSNAF et nos adhérents sont éclairés.
R : FUNÉRAIRE PARIS n’est autre que le fer de lance de la CSNAF ! Quelles sont vos ambitions et autres attentes vis-à-vis de ce premier rendez-vous professionnel post Covid-19 ?
AdM : Les exposants se sont inscrits en nombre cette année. Les visiteurs vont pouvoir aller de nouveau à la rencontre de leurs fabricants. Un passe sanitaire valide ainsi que le port du masque seront demandés aux visiteurs. Ces mesures sont maintenant rentrées dans les mœurs. On s’attend à un bon millésime, et nous avons d’ores et déjà des signes montrant qu’une forte affluence est à attendre.
R : Les professionnels du secteur vous ont-ils manifesté des attentes particulières ?
AdM : Oui ! se revoir ! À cause de la situation sanitaire, cela fait longtemps qu’un rendez-vous tel que celui-ci ne s’est pas produit. Se retrouver va permettre de renouer les contacts, de montrer ce que l’on sait faire, de quitter le virtuel pour revenir au réel.
R : L’organisation de ce FUNÉRAIRE PARIS 2021 a été confiée à une nouvelle équipe… Qu’est-ce qui a séduit la CSNAF dans la proposition de Paris People Show ?
AdM : La nouvelle équipe est composée de personnes qui ont une grande expérience des métiers funéraires. Ayant travaillé pour REED auparavant, ils sont bien conscients des spécificités de la profession. On est également maintenant à l’abri des problèmes de turnover que REED rencontrait, et qui faisaient que nous avions à former nos interlocuteurs à chaque nouveau salon.
R : Outre FUNÉRAIRE PARIS, la CSNAF mène plusieurs autres chantiers de front : participation active aux groupes de travail du CNOF, Assises du deuil, veille économique Funescope, "deces-info.fr"… pouvez-vous nous en dire quelques mots, et plus particulièrement sur votre dernier projet en date, à savoir, la publication d’un grand livre des métiers du funéraire.
AdM : Nous sommes en train de finaliser un magnifique livre dont l’objectif est de faire comprendre nos métiers, c’est-à-dire les métiers des industriels du funéraire. Le livre sera offert. Pour les clients adhérant à la démarche, il sera mis à disposition dans les salles d’attente des magasins de pompes funèbres. Synthétique et esthétique, ce livre doit permettre aux familles de comprendre ce qu’il y a derrière un cercueil, un capiton, une plaque, des fleurs, un registre….
De façon douce et subtile, les familles découvriront qu’il y a des hommes et des femmes dévoués qui disposent d’un savoir-faire spécifique. De plus, nous pensons qu’informer les familles sur les produits utilisés pour les obsèques de leur défunt est une excellente démarche de transparence. Montrer qu’ils proviennent d’entreprises locales démontre la préoccupation que tous nous avons envers l’éco-responsabilité.
La diffusion du livre se fera en 2022.
R : Côté grandes causes, vous n’êtes pas en reste non plus… vous vous êtes récemment exprimé au sujet du siphonage du bois français par la Chine, mais plus globalement, qu’en est-il vraiment de la pénurie de matières premières dans l’industrie funéraire et quels sont les risques en B2B et B2C ?
AdM : En effet, le bois fait partie des matériaux qui souffrent le plus de la pénurie due à la reprise mondiale de l’économie. J’ai d’ailleurs pu m’en expliquer dans le no 172 de Résonance. La fabrication de cercueils en pâtit par effet ricochet. Inéluctablement, les prix du bois montent, et les augmentations de tarifs de nos produits vont être inévitables, malheureusement.
Et pour les autres matières premières, comme l’acier, le plastique, le carton, la situation est également difficile. Il n’y a pas d’amélioration de la situation prévue avant 2023.
R : Objectivement, existe-t-il des solutions et sont-elles applicables au secteur funéraire ?
AdM : Non. Trouver des matériaux alternatifs n’est pas réalisable à court ou moyen terme. La situation est transitoire, tout devrait revenir "à la normale" quand l’économie aura repris sa vitesse de croisière.
R : Lors de l’assemblée générale 2021 de la CSNAF, Alain Cottet, le nouveau président directeur général du groupe OGF, a pointé du doigt la difficulté évidente que rencontre la branche funéraire à s’unir autour d’une cause majeure pour ne parler plus que d’une seule et même voix… pensez-vous que les acteurs funéraires vont devoir faire fi de leurs différences pour affronter les enjeux à venir ?
AdM : C’est vrai, l’union fait la force. Je ne peux parler pour les autres organisations, mais, en ce qui concerne la CSNAF, nous sommes bien sûr disposés à nous unir pour mieux nous faire entendre et faire avancer la filière.
R : Aubin, pour conclure, un dernier mot ?
AdM : La date d’ouverture du salon approche à grands pas et je ne peux vous cacher mon enthousiasme à vous retrouver les uns et les autres. Les fabricants ont préparé de très belles créations. Le public devrait être conquis !
Steve La Richarderie
Résonance n° 175 - Novembre 2021
Résonance n° 175 - Novembre 2021
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