Depuis leur arrivée à la direction d’ATI Industries en avril 2019, Gil Guibert et Geoffroy du Rusquec, respectivement président et directeur général, n’ont eu de cesse de faire évoluer la politique de l’entreprise vers une approche plus responsable. Spécialisé dans les applications thermiques industrielles, plus principalement dans les domaines de la crémation et de l’incinération, ce fournisseur reconnu de fours et d’équipements de filtrations, devrait proposer très prochainement des solutions innovantes, fruit d’une remise en question permanente, mais aussi de l’analyse et de la contribution de l’ensemble des équipes d’ingénierie, de production et de maintenance, chacun étant force de proposition pour rendre la production ATI Industries encore plus compétitive, sur le plan non seulement technique mais aussi environnemental… explications.
Résonance : Messieurs, ATI Industries fait partie des entreprises françaises leaders en matière de crémation et d’incinération, dont le rayonnement est international. À l’heure ou notre planète est au cœur de toutes les préoccupations, vos gammes de solutions fours et filtrations répondent plus que jamais aux normes environnementales. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos produits ainsi que vos partis pris technique et technologique ?
Gil Guibert : La prise en compte de l’impact environnemental est au cœur de la stratégie d’ATI Industries depuis des années. Un des premiers métiers d’ATI Industries a été le traitement des déchets hospitaliers. Dès 1998, ATI Industries a installé le premier incinérateur équipé d’un système de filtration répondant aux normes européennes pour l’Institut Pasteur. Dans le même temps, les mentalités évoluaient dans l’univers de la crémation, et une prise de conscience collective a eu lieu au sujet des émissions de gaz dans l’atmosphère, qui s’est concrétisée par l’arrêté de janvier 2010. Ce dernier a eu pour conséquence l’installation de lignes de filtration dans les crématoriums, et là encore, ATI Industries était précurseur puisque nous avions déjà installé ce type d’équipement à La-Roche-sur-Yon, dès 2005.
Cela étant, nous avons mis au point d’autres solutions pour répondre à l’enjeu écologique, telles que l’utilisation de la chaleur émise par nos fours. En effet, la température de crémation est d’environ 850°C en moyenne. Chez ATI Industries, nous proposons à nos clients d’utiliser les calories ainsi dégagées afin de chauffer des bâtiments : le crématorium, mais aussi des installations aux alentours. Rassurez-vous : il n’y a aucun contact entre les fumées et le circuit de chauffage. Grâce à ce procédé, simple à mettre en place, le site devient quasiment autonome du point de vue chauffage. C’est le cas du crématorium de Mulhouse affichant une surface de plus de 1 200 m2.
Geoffroy du Rusquec : Je souhaite enfin vous parler d’un autre sujet qui nous tient à cœur. Comme vous le savez, afin de traiter les fumées issues de la crémation, nous y injectons un produit réactif sous forme de poudre. Cette poudre capte les polluants de la fumée, puis est récupérée dans un fût. Certains de nos clients nous confient le traitement de ces fûts de poudre polluée. Auparavant, nous utilisions une filière spécialisée dans l’enfouissement de déchets… mais aujourd’hui, nous avons choisi une nouvelle filière qui valorise ces déchets, au lieu de les enfouir, contribuant ainsi à améliorer l’impact environnemental des crématoriums.
R : Vous êtes également très actifs en matière de recherche & développement… Doit-on s’attendre à quelques innovations en provenance de Gien pour l’année 2021 ?
GdR : Vous avez raison, la recherche et le développement sont deux de nos préoccupations majeures. Grâce à notre bureau d’études situé à Gien, nous sommes au plus près des problématiques et besoins de nos clients en France, et faisons de notre mieux pour répondre de manière réactive à leurs enjeux.
Vous me donnez l’occasion de ré-évoquer un sujet dont nous avions parlé dans votre magazine en septembre 2020. Il s’agit d’un nouveau système de filtration qui vise à mieux utiliser et économiser les réactifs injectés dans les fumées issues de la crémation. Ainsi nous améliorons l’empreinte carbone du crématorium grâce à une diminution de la consommation de réactifs et de leur retraitement. Ce système est aussi plus économique. Enfin, il permet d’éviter toute manipulation de réactifs par les opérateurs du crématorium, et diminue la pénibilité de leur travail.
GG : Nous sommes également en pleine réflexion sur un procédé innovant, totalement dans l’air du temps et dont la vocation serait la production d’énergie grâce à la chaleur émise par les fours. L’indépendance énergétique est l’un des enjeux majeur de notre société dans sa quête vertueuse. Nous y travaillons sans relâche et souhaitons, avec l’aide de partenaires industriels, proposer des solutions probantes dans l’année 2021.
Autre projet en cours… un système contribuant à l’abaissement des oxydes d’azote, ou "NOx", dans les fumées. Ce sujet qui fut brûlant pour l’industrie de l’automobile, en devient un maintenant pour l’industrie en général. Notre système de filtration permet déjà de considérablement réduire les "NOx", et nous travaillons activement à améliorer l’efficience de nos équipements afin d’encore plus les abaisser.
Enfin, nous réfléchissons à ce qui pourrait être l’avenir de la crémation : comment continuer à accompagner les hommes et les femmes dans leur dernier "passage", tout en diminuant l’impact vis-à-vis des ressources naturelles ? Des technologies venues de l’étranger ou de certains inventeurs nous interpellent, et nous souhaitons y travailler activement : aquamation, nouvelles sources d’énergie pour les fours, etc.
GdR : Chez ATI Industries, la recherche et le développement sont l’affaire de tous : que ce soient les équipes commerciales ou les techniciens de maintenance qui rencontrent les opérateurs chaque semaine dans les crématoriums de France, le bureau d’études qui conçoit les projets de demain, les ingénieurs projets qui coordonnent les développements en cours, ou bien la direction qui rencontre les acteurs de nos marchés : tous sont concernés et s’impliquent pour qu’ATI Industries mette à la disposition des opérateurs et des usagers des solutions pérennes, efficaces et dans l’air du temps.
R : Vous venez d’évoquer l’aspect participatif de l’ensemble de vos équipes, tous corps de métiers confondus pour l’amélioration de vos produits ainsi que la création de nouveaux procédés ou équipements. C’est ce que vous considérez être un "management responsable et responsabilisant"… Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Comment cela fonctionne-t-il ?
GG : Notre mode de management est structuré par deux grands principes et un outil.
Le premier principe est la subsidiarité : le pouvoir appartient à ceux qui font les choses. Par conséquent, chez ATI Industries celui qui est en charge d’une mission est libre de prendre des décisions, du moment qu’il a consulté les personnes concernées par sa décision : ses collègues, son fournisseur, son client, etc. Ce fonctionnement favorise la prise de responsabilités et l’engagement de chaque salarié. Il vise à éviter le système de décision pyramidal où tout vient d’en haut. Les salariés d’ATI Industries expérimentent ce principe depuis 18 mois et grâce à cela, le taux d’initiative a beaucoup progressé.
Le deuxième principe est la transparence : tous les salariés ont accès à toutes les informations et ressources de l’entreprise, afin d’accomplir leurs missions. L’outil est la mise en place de groupes de travail, pilotés par des salariés. La participation aux groupes de travail se fait sur la base du volontariat. Dans ceux-ci, les salariés prennent en main les enjeux d’amélioration de la performance de l’entreprise, chacun y apporte son savoir-faire, ses connaissances en fonction de sa spécialité, de ses compétences propres. Le jeu collectif amène une forte dynamique dans chaque groupe faisant ainsi réellement avancer l’entreprise.
Enfin, afin que tous les collaborateurs d’ATI Industries soient en ligne, nous organisons des séminaires réunissant tout le personnel environ six fois par an, pour partager le sens de notre action. Nous informons aussi les salariés chaque mois en toute transparence des résultats, projets, ventes, etc.
R : Outre la partie production/assemblage, votre département maintenance a lui aussi adopté une approche plus écoresponsable. Comment cela se traduit-il dans la pratique ?
GdR : Tout d’abord, nous effectuons dès que c’est possible le maximum de maintenance à distance. Cela est possible grâce à l’outil de supervision que nous installons sur tous les équipements : il nous permet d’identifier des incidents, de les réparer, mais aussi de sensibiliser nos clients et de les aider à optimiser leurs consommations d’énergie.
Ensuite, l’équipe maintenance d’ATI Industries a été étoffée depuis 15 mois avec le recrutement de nouveaux techniciens et ingénieurs répartis sur tout le territoire, au plus près des clients : cela permet de limiter les déplacements longue distance. Enfin, nous développons un réseau de sous-traitants dans toutes les régions : ce réseau nous permettra d’améliorer notre temps de réactivité ainsi que notre impact carbone, là encore grâce à la diminution des déplacements longue distance.
R : Aujourd’hui, ATI Industries se positionnant plus que jamais comme un acteur écoresponsable de la crémation, que pensez-vous qui pourrait être fait pour pousser encore plus loin cette démarche vertueuse ?
GG : Nous pensons que notre secteur peut aller encore plus loin dans sa démarche écoresponsable, en ouvrant une réflexion sans tabou au sujet des matériaux utilisés dans le funéraire : la législation est peu abondante à ce sujet, mais n’attendons pas le législateur. Il nous semble que les conditions sont réunies pour que les familles puissent avoir le choix de cercueils plus écologiques, par exemple. Nous entendons aussi parler de la mise en place d’un contrôle continu des émissions de gaz dans les crématoriums : nous sommes attentifs à ce sujet et prêts à y travailler.
Steve La Richarderie
Résonance numéro spécial n°11 - Décembre 2020
Résonance numéro spécial n°11 - Décembre 2020
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