Après sa participation le mois dernier à l’émission "Pièces à conviction" sur France 3, Ophélie Chauffert, directrice de FUNERIS et des Pompes funèbres Chauffert(1), souhaitait apporter quelques précisions et compléments sur des thèmes insuffisamment développés… Une manière aussi de redorer un peu le blason d’une profession souvent, et facilement, attaquée. Nous lui avons tendu notre oreille attentive…
Résonance : Vous avez été invitée à participer aux échanges qui se sont déroulés sur le plateau de "Pièces à conviction" après la diffusion du reportage intitulé "Très chères obsèques : enquête sur le business de la mort". Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ophélie Chauffert : Lorsque nous sommes sollicités par des journalistes ou des médias comme France Télévisions, comme ce fut le cas pour l’émission "Pièces à conviction" diffusée sur France 3 (le 22 janvier dernier), nous essayons de répondre toujours positivement afin de pouvoir parler de notre profession. Nous acceptons volontiers, notre porte est grande ouverte, nous n’avons rien à cacher, nous agissons en toute transparence et honnêteté. Ici, j’ai été invitée en tant que responsable d’une petite entreprise familiale indépendante.
R : On pouvait facilement supposer, sans trop se tromper, qu’il s’agirait d’un traitement du sujet à charge, le titre du reportage parlant de lui-même. Aviez-vous pu voir le reportage avant sa diffusion, et, pour vous, quelle était la raison de votre présence ?
OC : J’ai visionné le reportage une heure avant d’être sur le plateau. Celui-ci a été enregistré dans les conditions du direct. Ma présence avait pour objectif de donner, dans la mesure du possible, une autre image du milieu funéraire, et des pompes funèbres en particulier.
R : Une des séquences de l’émission est consacrée à la problématique des devis et des devis-modèles. Pour ces derniers, on peut imaginer aisément – même si l’enquête n’est effectuée que dans le département de l’Orne – que la loi concernant leur présence dans les mairies – de plus de 5 000 habitants – n’est pas respectée. Pour votre part, vous avez mis en avant une piste intéressante à développer qui a pour objet l’affichage du tarif en vitrine…
OC : C’est exact. Une des actions qui serait facile à mettre en place et à généraliser est la mise en avant, sous une forme à définir, des tarifs pratiqués. Nous le faisons déjà avec la mise à disposition de la documentation générale. Il faut être totalement transparents vis-à-vis des familles. Nous n’avons rien à cacher sur les prix que nous pratiquons. Une des voies à explorer serait peut-être de formaliser l’affichage des tarifs dans les agences, en vitrine ou sur Internet. Ce serait bien, pourquoi pas, si toutes les parties concernées sont d’accord de légiférer sur le sujet. Cela permettrait de ne plus être pointés du doigt sur ce point si sensible du coût des obsèques.
Nous faisons un métier très prenant, où nous nous impliquons énormément. Il est dommage que nous ne soyons vus que sous un aspect négatif. C’est injuste. Et si nous voulons retrouver de la crédibilité auprès de nos clients, des familles, nous devons jouer la carte de la transparence, et cela passe peut-être par là. Nous sommes prêts à participer à des travaux allant dans ce sens.
R : Certaines problématiques n’ont pas été, selon vous, suffisamment traitées, du moins ne l’ont-elles été que partiellement, alors quels sont les vrais enjeux de la profession actuellement. Qu’en est-il ? Que souhaitez-vous ajouter aujourd’hui ?
OC : Parmi les problèmes essentiels qui nous préoccupent, à la fois comme chef d’entreprises de pompes funèbres et comme membres du réseau FUNERIS, il y a la disparité des prix pratiqués(2) et surtout la défense du libre choix de l’opérateur funéraire. Concernant les prix, rappelons tout d’abord que la réglementation nous impose la mise à disposition pour le public d’une documentation générale facilement accessible et visible dans l’agence, avec des tarifs clairs et "justes". Ceux-ci sont fixes et applicables. La vraie question est : Comment concilier commerce et éthique ? La réponse étant : Il faut être honnêtes et ne pas chercher à influencer les familles, qui sont, dans ces moments douloureux de la perte d’un être cher, très fragiles.
Pour ce qui est de FUNERIS, nous avons toujours refusé de signer quelque accord que ce soit avec des organismes financiers qui demandent toujours un certain pourcentage. Nous tenons à la liberté des familles. Elles viennent chez nous naturellement, sans contrainte ni influence.
R : Sur ce dernier point, je sais que vous êtes très attachée à cette liberté de choix en tant que responsable des Pompes funèbres Chauffert, bien sûr, mais aussi en tant que directrice de FUNERIS, réseau national de pompes funèbres indépendantes. Vous approuvez les actions et la démarche du mouvement "jechoisismespompesfunèbres.org",
n’est-ce pas ?
OC : Tout à fait, j’adhère à 100 pour 100 à ce mouvement indépendant qui défend cette liberté à laquelle ont droit tous les souscripteurs de contrats obsèques et les familles en deuil de choisir leur entreprise de pompes funèbres… Car c’est la loi, et elle n’est pas toujours respectée. Il ne peut être permis que des familles fassent l’objet, par quelques sociétés ne se conformant pas à celle-ci, d’une redirection. Ces pratiques doivent être dénoncées et les textes législatifs doivent être clarifiés. La seule façon pour stopper ces dérives est d’interdire, me semble-t-il, les accords entre ces organismes financiers et les groupements funéraires. La filière funéraire doit se mobiliser et se battre afin d’éviter cela. Je regrette de ne pas avoir pu développer ce sujet sensible sur le plateau de Pièces à Conviction. C’est à mon sens une cause juste, noble qui doit mobiliser les citoyens et les professionnels du funéraire.
Gil Chauveau
Nota :
(1) Les Pompes funèbres Chauffert, ce sont deux agences dans la Marne, l’une à Courtisols, l’autre à Sainte-Menehould.
(2) Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, la moyenne, sur la base de 664 devis récoltés, du coût des funérailles va de 3 337 à 4 734 €, avec le plus bas à environ 1 500 € et le plus élevé à 7 000 €, sachant que c’est toujours la même demande qui était effectuée.
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :