Frédérique Plaisant a pris le relais de Jo Le Lamer à la présidence de la FFC avec toutes les compétences que nous lui connaissons. Jusqu’au Congrès de Guéret en 2018, elle entend mener à bien les diverses actions en cours et, dans le même temps, travailler pour améliorer la visibilité de la Fédération. Un an d’observation et d’actions ciblées, avant le débat triennal d’orientation fédérale, fixant notamment les priorités d’actions et un renouvellement des instances.
Frédérique Plaisant, présidente de la FFC. |
Résonance : Madame Plaisant, en tant que nouvelle présidente de la FFC, pouvez-vous nous dire sous quel signe sera placé votre mandat ? Quelle sera votre ligne directrice ?
Frédérique Plaisant : En fait, je ne suis présidente que pour une année ! Eh oui, Jo Le Lamer ayant décidé de passer le flambeau une année avant la fin de son mandat initialement prévu en 2018, il me faudra donc remettre en jeu cette présidence l’an prochain lors du Congrès de Guéret dans la Creuse. C’est pour cela également que j’ai sollicité Jo Le Lamer au poste de vice-président afin que la passation se réalise sans cassure et avec son soutien expérimenté.
Vous comprendrez donc que, durant cette année, il ne sera pas question de changer la ligne directrice de la Fédération Française de Crémation (FFC), mais bien de poursuivre les chantiers entamés, notamment la révision du règlement intérieur, l’actualisation du nouveau site Internet et la mise en place de l’intranet pour les associations affiliées. Un autre dossier à poursuivre concerne l’harmonisation des régions crématistes par le regroupement des associations afin de les pérenniser et de les soutenir sur le terrain via des délégués régionaux forts. Il ne s’agit pas de calquer les régions administratives, mais de rassembler et améliorer les synergies pour être tout autant représentatifs.
R : D’une certaine façon, attendre le prochain congrès de la FFC avant d’entreprendre certains projets vous autorise un temps d’observation et vous permettra d’agir au mieux pour le bien de la FFC ?
FP : C’est exactement cela. Une partie des membres du bureau a changé, il faut aussi que l’on apprenne à travailler ensemble déjà cette année, et répartir les missions. Le travail ne manque pas, les sollicitations également. Ce sera un peu une année d’acclimatation, d’observation, comme vous le dites. Maintenant, il est vrai que je connais déjà bien les dossiers, car nous avons toujours travaillé en équipe et que tout était partagé. Mais il y a aussi le quotidien qui est toujours là, le fonctionnement normal de la Fédération, n’oublions pas que nous n’avons qu’un seul salarié, ce qui est peu vu le nombre d’associations et d’adhérents.
Nous avons également en cours des actions extérieures à mener, telles que le colloque à Nancy en octobre prochain en partenariat avec l’Union Crématiste Européenne (cf. article dans ce numéro) et l’Université du Droit, ainsi que notre participation à FUNÉRAIRE PARIS 2017 au Bourget en novembre, en présence de nombreux professionnels. Si l’on calcule bien, de septembre à mai pour nous mener jusqu’au Congrès, la gestation des neuf mois risque de passer terriblement vite, donc je ne serai pas là pour bouleverser notre équilibre !
Et puis, vous savez, au niveau fédéral, la préparation d’un Congrès demande déjà du temps et de la réflexion sur les thèmes à engager. Je sais que sur place les associations locales pilotées par le délégué régional ont déjà mis en route la logistique, mais la FFC demeure responsable des thèmes à aborder collectivement afin de pouvoir définir une motion d’orientation qui déterminera les priorités sur les trois années d’après-Congrès.
R : En attendant cette échéance, vous évoquez les problèmes que rencontre la FFC en matière de visibilité, de communication et de reconnaissance, et ce, au niveau du grand public. Sur ces points, vous comptez agir sans perdre une minute… Quelle solution envisagez-vous ?
FP : Il est vrai que nous entendons encore trop souvent : "Nous ne savons pas que des associations crématistes existent, à quoi servez-vous ? Cela ne sert à rien, il y a les professionnels…", ou encore : "Si on avait su". De même, trop souvent, notamment lors de la Toussaint, la presse reprend des interviews de professionnels, de responsables religieux, pour évoquer le sujet de la mort, des funérailles, de la crémation.
Or, nous avons forcément, nous, un autre regard, une approche différente, des revendications légitimes, au service non pas uniquement des adhérents crématistes mais au bénéfice de tous.
Ainsi, quand nous sollicitons auprès des autorités législatives la mise en place de comités d’éthique, des schémas d’implantation des crématoriums pour ne citer que cela, c’est bien au service de tous les usagers du service public, dans l’intérêt général. Et quand nos associations, en liaison avec nous, interviennent aussi auprès des collectivités locales pour les projets de crématoriums, les comités d’éthique, les sites cinéraires, les règlements de cimetières, etc., c’est bien au service de tous et dans l’intérêt général.
Je rappelle que nous agissons complètement de manière bénévole, désintéressée, car nous ne vendons rien, et citoyenne, car dans l’intérêt de tous. Et malgré cela, nous ne sommes pas assez audibles, même si, je le reconnais, nous ne sommes pas des professionnels de la communication et nous n’avons pas la capacité financière de lancer des campagnes de publicité comme les groupes funéraires. Alors, pourquoi nos communiqués ne sont pas repris dans la presse ? Pourquoi les presses locales se tournent principalement vers les professionnels ?
Je précise que nous siégeons au sein du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF) au même titre que les professionnels, et que cette nomination du ministre de l’Intérieur a été entérinée en qualité de "personnes compétentes". En quoi cette reconnaissance des autorités ne pourrait pas avoir la même valeur auprès des journalistes ? Je les invite d’ailleurs à consulter les comptes rendus de cette instance, et ils pourront mieux se rendre compte de notre rôle et de nos nombreuses interventions. Notre place n’est pas usurpée.
R : 2017 aura vu les refontes de "Transition", qui est devenu "CRÉMATION magazine", et du site Internet fédéral. Comptez-vous surfer sur cette vague et vous appuyer sur ces supports ?
FP : Il s’agit bien entendu de vecteurs forts de communication. Sur la revue tout d’abord, nous avons souhaité une revue plus moderne, plus soutenue en termes de contenu lié à la crémation, à la législation, mais encore aux actions menées dans les régions via les associations fédérées.
Ce sont elles aussi qui sont acteurs sur le terrain, il nous a paru important de les valoriser. C’est une nouvelle voie qui est lancée, les premiers retours des abonnés sont très positifs. À nous d’augmenter notre lectorat, avec le concours de notre partenaire Groupe SLR, en cherchant les moyens de trouver de nouveaux abonnés. D’ailleurs, une des prochaines étapes consiste à dématérialiser l’abonnement afin de répondre aussi à une demande des internautes. Il faut savoir s’adapter !
Quant au site Internet, il faut effectivement le faire vivre, l’alimenter. Il a aujourd’hui une autre allure, et nous comptons sur lui pour mieux communiquer avec le grand public. L’intranet, qui ne sera accessible qu’aux associations, constitue un autre outil mobilisable à leur service, qui permettra sans doute d’alléger la tâche administrative par rapport aux mises à jour des listings des adhérents, tout en permettant des forums de discussion et d’échange sur des thématiques internes.
Il s’agit là de nouveaux procédés de communication qu’il faudra apprendre à manier, car il est évident que tout ne peut se réaliser à travers cet outil. Il n’est pas question en effet de supprimer le dialogue et l’échange de points de vue d’une manière traditionnelle par le biais de rencontres, de réunions, d’ateliers pour discuter des pratiques et actions à mener. Rien ne remplacera jamais le dialogue.
R : Sans trop vous avancer, après la problématique de communication grand public, quel sera, d’après vous, le prochain grand chantier auquel vous allez souhaiter vous consacrer pour insuffler un nouvel élan et pérenniser le statut de la FFC dans ses diverses actions ?
FP : Concrètement, je peux avancer que nous sommes confrontés à la problématique de renouvellement des dirigeants associatifs, mais aussi de stagnation des adhérents au sein des associations. Comme cela se constate dans tous les domaines de la société, qui a tendance à se replier sur elle-même, et quel que soit le but associatif, il est évident que l’on assiste à un désengagement des individus à s’investir et à défendre l’intérêt général. Aussi, recruter de nouveaux militants n’est pas aisé. Face au chacun pour soi de notre société, j’aspire à accompagner les associations crématistes à trouver de nouveaux créneaux, de nouvelles actions pour développer les adhésions. Pour cela, il nous faudra impulser des idées, peut-être innover, probablement œuvrer aussi à de nouveaux partenariats ? Je crois qu’il s’agit là d’un projet primordial que chaque association est prête à travailler au sein de la Fédération, car il en va de l’intérêt et de l’image de tous.
R : Un dernier mot ?
FP : Je suis optimiste et raisonnée. Consciente des difficultés actuelles, et avec des capacités financières restreintes essentiellement aux adhésions effectuées par les associations, il nous faudra rester performants avec moins de recettes. Un peu à l’image des collectivités aujourd’hui. Je crois aux capacités de chacun à vouloir défendre l’intérêt des adhérents. Nous avons des connaissances et compétences en tant qu’association à but non lucratif, et c’est notre force, notre crédibilité, même face à un "marché de la mort" où le profit remplace parfois la raison et l’éthique.
Il me semble important de continuer à protéger, à conseiller et à intervenir auprès des personnes face à un monde concurrentiel et non philan-thrope qui ne laisse pas toujours la place à l’humain, puisque son objectif premier reste la rentabilité. Il est clair que cela n’est pas notre cas. De ce fait, notre marge de progression est importante. Mais, pour cela, il faudra savoir se faire entendre.
Steve La Richarderie
Résonance n°133 - Septembre 2017
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