Transports de corps : une initiative innovante et d’intérêt funéraire général

Résonance : Bertrand Bruna, quelle est la genèse de ce concept ?

Bertrand Bruna : La création de ce concept n’a rien à voir avec la formation, c’est juste que les parties prenantes sont des anciens stagiaires VFFG. La finalité réside dans la création d’un site Internet dont l’objet est la mise en relation des transporteurs funéraires avec des opérateurs funéraires ou toute autre entreprise ou collectivité ayant recours à ce service particulier.

RES : Quel est le principe de la plateforme ?

BB : Le principe réside dans sa gratuité. Elle est alimentée par des transporteurs qui renseignent leurs différents trajets, par exemple un départ de Toulouse pour une destination Paris, mais avec un trajet qui dit que "je passe par telle ou telle ville". Donc, si jamais un opérateur funéraire dans un rayon de 100 km est intéressé, au retour du transport initial, il pourra bénéficier du service pour ses propres besoins. Le postulat de départ a été de dire que certaines pompes funèbres assurent elles-mêmes leurs transports de corps.

Ils effectuaient leur mission avec la personne défunte, mais au retour, ils voyageaient "à vide". Ce retour sans passager a trois conséquences : d’une part, c’est une dépense, ensuite, cette dépense est imputée aux familles, enfin, le bilan carbone est ultra négatif. Ce constat vient d’un dialogue que nous avons initié avec les transporteurs qui exprimèrent leurs attentes en la matière. Ensuite, forts de cet état de l’art, nous avons étendu ce projet, car, au-delà du trajet retour, nous pouvons prendre en compte désormais le trajet aller.

RES : Quelle est l’architecture de ce système ?

BB : Un jour, un opérateur m’a dit avec humour : "Vous êtes le BlaBlaCar du funéraire." Je ne souscris pas vraiment à cette appellation, bien que ce soit flatteur. Le principe de la mutualisation est quelque peu compliqué bien qu’il existe des véhicules adaptés, pour l’heure, le principe est : vous partez avec un corps, vous revenez avec un autre corps. La mise en relation va donc se passer dans les deux sens. La plateforme a donc pour vocation d’aider les transporteurs à trouver des clients pour optimiser le déplacement aller et retour. Ce qui peut paraître simple à expliquer se traduit néanmoins par la conception d’un algorithme très puissant qui anime la plateforme au mieux des intérêts de tous, transporteurs certes, mais aussi familles et opérateurs funéraires.

RES : Vous évoquiez la gratuité du service, qu’en est-il exactement ?

BB : Pour ce qui est de l’opération transport, il y a un coût bien évidemment, mais, pour la plateforme elle-même, l’usage est le suivant : notre interface renseigne la pompe funèbre dans le sens où, lorsque la demande est recevable, l’opérateur face à la famille a exactement le coût du transport en fonction de la destination, prise en charge, trajet, réception finale, s’il y a un découché ou un repas pour le chauffeur, tout est renseigné précisément. L’intérêt pour la pompe funèbre est de communiquer une réponse immédiate à la famille pour valider le devis. L’avantage est qu’il n’y a que l’aller qui est pris en compte, donc, financièrement, l’intérêt est évident pour tout le monde, opérateur et famille.

L’externalisation de ce service est un bénéfice notable, pas de frais de personnel, suppression de l’accidentologie sur le registre de prévention des risques de la pompe funèbre, allègement des charges liées au véhicule et aux charges de personnel, heures supplémentaires, éloignement. Le coût kilométrique diminue de jour en jour grâce à la souplesse algorithmique de notre système. La part de risque est ramenée à zéro. L’accès à la plateforme est gratuit, notre rémunération s’effectue à chaque transport de corps à hauteur de 8 % plus frais bancaires, soit 1,5 %, pas de frais d’inscription, le système est simple, ouvert et convivial et apporte une réelle réponse économique et logistique aux opérateurs funéraires.

RES : Quel est le nom de cette plateforme ?

BB : On ne peut pas rester plus simple, la plateforme s’appelle "transports de corps". Le système est opérationnel, nous avons dépassé la phase évaluation, nous avons revu notre interface, affiné l’algorithme. Elle est 100 % fonctionnelle et notre projet est une mise en ligne à l’occasion du salon FUNÉRAIRE GRAND SUD, les12 et 13 juin prochains ; sachant que l'ouverture aux utilisateurs se fera, elle, le 1er juillet. Nous serons présents sur le salon en qualité d’exposant et nous vous y attendons nombreux.

RES : Vous évoquez votre algorithme, la phase de R&D a été importante, je suppose ?

BB : Tout ne s’est pas fait en un jour, mais sur plus de trois années en tout. Au départ, tous les élèves qui transitent par VFFG ne deviennent pas conseillers funéraires, certains s’orientent vers le transport. Avec leur participation active de plusieurs d'entre eux, dont Laetitia Basaja et Johan Alejandro, nous avons pu élaborer, évaluer puis nourrir notre base de données et constituer notre réseau logistique de base pour le rendre 100 % opérationnel. Écoute des besoins, transferts, retransmission, évaluation post-mission… nous sommes arrivés à cette solution qui sera mise en ligne lors du salon de Toulouse.

Nous sommes réellement satisfaits de la fonctionnalité de celui-ci, points de départ, points d’arrivée et points de passage, au fur et à mesure, la plateforme se renforce. Notre force réside également dans notre mode de fonctionnement, qui est des plus légers, des frais de structure a minima, une sobriété qui pérennise la plateforme qui est au centre du dispositif. Notre investissement a été conséquent, mais désormais, le système est autosuffisant.

RES : De quelle densité logistique disposez-vous au départ de cette plateforme ?

BB : Pour la phase de lancement, nous disposons actuellement d’un réseau de 17 transporteurs sur le territoire métropolitain (couvrant surtout la façade Ouest du pays) avec une flotte d’une trentaine de véhicules, tous habilités et régulièrement enregistrés. Nous portons une attention particulière au choix des éléments de notre réseau logistique, pour en faire partie, il faut montrer patte blanche et bien nette, et 100 % française. Notre volonté est un démarrage dimensionné qui prendra force et vigueur dans le temps. Inutile d’aller trop vite. Nous sommes très attentifs à la qualité du service rendu, l’optimisation ne doit pas se faire au détriment de cette qualité.

Nous savons que nous sommes sur la bonne voie, et nous nous y engageons avec confiance et sérénité. La couverture France entière devrait représenter environ une flotte de 70 à 80 véhicules avec des bases logistiques réparties de façon homogène. De plus, l’évolution rapide de la technologie informatique sera intégrée à notre service en temps réel, de mois en mois nos serveurs deviennent de plus en plus efficients, les données sont sécurisées chez OVH, un grand nom de l’hébergement, tout est fait pour garantir un service efficient et durable. Rendez-vous à Toulouse pour la mise en ligne de la plateforme.