Avez-vous le sentiment de ne rien apprendre en formation ?

Ce sentiment naît souvent dans les formations dont le cœur est une suite d’anecdotes dont l’analyse devrait faire naître, dans l’esprit du participant, la règle générale. Il y a aussi les anecdotes qui visent à illustrer la règle générale. Ces anecdotes sont donc d’une nature différente.

D’autres formations n’inspirent pas l’engagement parce qu’elles n’apportent pas de solutions. Ces formations veulent dénoncer ou alerter. Elles relatent un constat qui est souvent issu d’observations motivées par des sentiments éprouvés face à une situation. Rappelons-nous que l’étymologie de "formation" est une racine latine "formationem", qui signifie "une mise en forme".

La mise en forme dont il est question ne peut concerner qu’un corpus d’informations hiérarchisées par le jeu d’un travail intellectuel, lui-même inspiré par une orientation politique. Cette construction dont il est question est d’une nature différente de celle d’un corpus d’information comme celui qui concerne la rotation de la terre, le passage des saisons ou bien encore la procréation des espèces vivant sur la terre.

La réglementation funéraire, s’il fallait en nommer une, correspond à une direction que l’on souhaite donner à certains faits présents dans la collectivité, et c’est souvent l’expérience qui oriente la nature de la réglementation et des éléments qui y sont cités.

J’évoquais le rôle des anecdotes au début de cet article. En voici une : dans le Sud-Est il y a quelques années, je donnais une formation à un groupe de maires de différentes communes. J’ai abordé le sujet des reprises de concessions. Un d’entre eux, choqué par mes propos, m’a gratifié de l’attribut de grand "sans cœur" car il était cruel de reprendre des concessions.

Le ton a monté quand j’ai rappelé à l’élu qu’il faisait partie de son mandat de gérer ce type d’équipement collectif qu’est le cimetière. La présidente de l’association départementale des maires de France est intervenue car le maire qui avait ces propos à mon égard semblait habité par une émotion dont l’origine était profonde et relevait de faits dont nous ignorions tout.

Quelques instants plus tard, mon devoir de formateur m’a indiqué que les choses ne pouvaient pas en rester là. Si former est une mise en forme, c’est aussi indiquer quelle est l’origine de la mise en forme. J’ai informé l’auditoire des règles qui encadrent les reprises de concessions. J’ai spécifié qu’en France les reprises de concessions se réalisaient depuis le début de l’ère chrétienne et, de ce seul fait, ceci n’avait rien d’exceptionnel ou de nouveau. Enfin, j’ai ajouté que ces reprises correspondaient à un impératif économique qu’avait très bien saisi Napoléon 1er dans sa restructuration du cimetière en 1804. La formation est bien d’informer des règles, mais aussi de leur nature et de l’orientation dans laquelle elles s’inscrivent.