Il existe souvent à tort une vision manichéenne des entreprises funéraires, les grands groupes, puis les entreprises dites "familiales". Aujourd’hui, nous sommes heureux de vous présenter un autre cas de figure des plus intéressants, celui d’une reconversion réussie, celle de Xavier Desprez qui, après de longues années dans l’univers rural et agricole, s’est orienté vers les opérations funéraires avec succès. L’amour de son terroir, et surtout d’un service aux familles bien compris et exécuté, a été son credo depuis deux décennies. Le sérieux et l’engagement portent leurs fruits. Histoire d’une passion…
Le parcours de Xavier Desprez ne s’inscrit pas dans la banalité. Exploitant agricole pendant de longues années, il prend la décision de se réorienter il y a 21 ans, et de se porter acquéreur de la petite entreprise de pompes funèbres de son village. Non sans humour, il précise que c’est le "rapport à la terre" qui a conduit son choix. Dans une petite commune rurale, tout le monde se connaît, et c’est sa proximité avec le fondateur de l’entreprise qui a été pour beaucoup dans sa décision. C’est ainsi qu’est née la volonté de création des futures pompes funèbres Desprez.
Une initiation progressive
Acquérir les bases de connaissances nécessaires pour être opérateur funéraire s’est effectué en paliers progressifs. "J’ai d’abord intégré l’entreprise en qualité de salarié, ce qui m’a permis de découvrir tous les aspects de la profession. Personne ne savait en interne, hormis le gérant, que je me portais acquéreur. J’étais un acteur et observateur attentif, et ce temps m’a permis d’intégrer les fondamentaux du métier, d’effectuer les formations réglementaires, et surtout de mesurer les réelles attentes des familles.
En territoire rural, tout le monde se connaît plus ou moins et, pour une population essentiellement agricole, ce qui compte le plus, c’est la parole donnée, le respect et la solidarité. Pour un opérateur funéraire, la mission doit donc se résumer impérativement par un parcours sans fautes. Il faut donc des moyens matériels et humains qui tiennent la route", souligne Xavier Desprez, et d’ajouter : "Cette période d’intégration a été bénéfique, car j’ai vite compris quelles seraient les orientations que je devrais prendre pour réussir mon projet de reprise, et il y avait beaucoup à faire."
Définir son territoire et assumer ses choix
De ce point de vue, Xavier Desprez fait preuve d’une clairvoyance qui renforce ses convictions entrepreneuriales. "Nous sommes situés en périphérie d’Amiens Métropole, l’offre funéraire est donc variée et à nos portes. Même si nous sommes une PME, nous sommes en mesure de répondre à la demande qui nous est faite. Cette demande repose sur la proximité, le bouche-à-oreille pour beaucoup, et surtout la qualité de service. Il n’est pas nécessaire d’être un grand groupe pour y prétendre.
Rester lucide, attentif aux exigences des familles, et bien effectuer son travail. Avec les années, les mentalités évoluent, surtout en matière funéraire. Mon objectif a toujours été d’avoir un coup d’avance dans l’offre de services et d’être particulièrement exigeant sur notre façon d’exercer la profession d’opérateur funéraire. En premier lieu, nous avons en 2006 requalifié les murs de notre siège à Moreuil en apportant un soin particulier à l’accueil des familles. Nous avons créé trois salons de recueillement et nous disposons de 4 cases réfrigérées pour le séjour des personnes défuntes. En 2015, il nous a semblé nécessaire d’étendre notre zone d’intervention et de proximité par la création d’un établissement secondaire à Corbie : achat des murs, aménagement d’une chambre funéraire de trois places avec les cases réfrigérées indispensables.
Enfin pour 2024, nous ouvrirons un troisième établissement, avec un salon permanent et deux autres pour les présentations. De plus, nous créons une salle de plus de 50 m2 permettant la tenue de cérémonies ou d’être un espace dédié aux familles par la proposition de collations post-cérémonie d’obsèques. Ainsi, nous mettons en place une triangulation d’établissements funéraires répondant aux exigences des populations par un service de qualité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", précise Xavier Desprez.
Moyens matériels et humains, la priorité
La formation des personnels est non seulement une obligation réglementaire, mais surtout un impératif de qualité pour la mission funéraire. "Notre mission repose sur le facteur humain essentiellement, que ce soit en interne ou par la relation que nous avons avec les familles. J’attache une grande importance au recrutement et à la fidélisation du personnel. Savoir-faire et savoir-être résument nos actions, qui sont nombreuses, car nous couvrons par le champ des habilitations l’ensemble des missions funéraires d’un opérateur. Pour bien faire ce métier surtout en PME rurale, il ne faut pas "avoir des œufs sous les bras".
Disponibilité, engagement, polyvalence et sérieux sont les piliers de notre édifice. Notre effectif est à l’heure actuelle d’une dizaine de personnes en ETP (Équivalent Temps Plein), auxquels nous adjoignons quelques intérimaires lorsque le besoin s’en fait sentir. La tenue et l’attitude sont primordiaux pour les célébrations : costumes de cérémonie aux mensurations de l’officiant, véhicule corbillard Père-Lachaise et véhicule dédié au transports de corps en France ou vers l’étranger, mais également l’ensemble d’outillages et engins nécessaires à la pose de monuments funéraires et au besoin de redimensionnement de ceux-ci, enfin, des engins de creusement… pour bien travailler, il faut également les moyens matériels qui le permettent.
Nos interventions sont majoritairement des inhumations à plus de 80 %. Pour les soins de conservation, nous faisons appel aux services de thanatopracteurs indépendants avec une grande réactivité. Les toilettes sont réalisées en interne. Quel que soit le domaine traité – accueil, organisation des obsèques, réalisation des démarches, préparation de la sépulture, marbrerie de monuments, transports, soins, prévoyance funéraire –, les familles sont plus qu’attentives aux bonnes pratiques, transparentes, loyales et sérieuses, c’est ce que nous nous attachons à faire dans les meilleures conditions possibles", conclut Xavier Desprez.
Être indépendant, plus qu’une vocation, un état d’esprit
Opérateur indépendant est un combat de chaque jour qui impose un engagement particulier. Aujourd’hui, cette forme d’activité s’est structurée en différents réseaux bien organisés qui apportent aux opérateurs une palette de services répondant à leurs besoins quotidiens. "Nous sommes adhérents Funéplus et depuis peu nous avons rejoint le GOFI (Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants). Nombreuses sont les PME funéraires en France, et cette forme d’activité est indispensable, notamment en secteur rural. Où que nous soyons, les exigences sont les mêmes du point de vue des familles.
Le GOFI est intéressant, car ses fondamentaux sont basés sur le respect et le libre choix de ses adhérents. Nous ne sommes pas dans l’obligation d’effectuer nos achats à tel ou tel fournisseur. Il y a bien sûr une offre possible que nous pouvons accepter si un produit apporte un avantage concurrentiel, mais rien de contraignant. Pour ma part, je pense que le "combat" est ailleurs. Il doit y avoir une reconnaissance de la spécificité d’indépendant vis-à-vis des groupes, et surtout des pouvoirs publics, du secteur bancaire et assurantiel. Après tout, il me semble que nous, les indépendants du funéraire, représentons une part non négligeable des 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel de la profession, il serait grand temps de s’en souvenir.
Pour cela, nous devons être visibles auprès du grand public par des actions d’information bien comprises, et de ce point de vue, le GOFI a devant lui une belle perspective à accomplir. Nous sommes confiants dans ce développement, et c’est pour cela que nous sommes à leur côté". De toute évidence, Xavier Desprez et son entreprise démontrent par ses résultats que le sens de l’audace, même pour une PME, peut s’accompagner d’un développement remarquable et d’un esprit qualitatif du service qui l’honore.
Jérôme Maniaque
Résonance n° 199 - Janvier 2024
Résonance n° 199 - Janvier 2024
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :