Entreprise ultraspécialisée, le Groupe NAD se consacre uniquement au nettoyage, à la décontamination et à la désinfection après décès. Cette activité très singulière dans l’univers funéraire est enclenchée à la demande des familles ou sur sollicitation expresse des autorités judiciaires et/ou de police. L’intervention se déroule majoritairement dans des lieux où une mort violente (suicide, crime, accident, attentat, etc.) vient d’être constaté ou un corps défunt "ancien"(1) a été découvert. Celle-ci répond à l’impérieuse nécessité, notamment pour les familles, de retrouver un logement sain, sans odeur et décontaminé de tout virus ou bactérie. Différents types de scènes se présentent… ce fut l’objet de notre dernier entretien avec Julien Martel, fondateur et dirigeant du Groupe NAD.
Scènes dites de "découverte tardive", de suicide, d’homicide ou d’attentat, entre autres, sont les typologies quotidiennes auxquelles sont confrontées Julien Martel et ses équipes. Tout d’abord, notons que la découverte est considérée comme "tardive" à partir de cinq jours après le décès - mais cela peut être bien plus long - et, généralement, celle-ci se fait au domicile du défunt. Dans 85 % des cas, ce sont les familles qui appellent la société de nettoyage (souvent les coordonnées sont trouvées sur Internet), les 15 % restants sont les pompes funèbres, la police, etc. Il serait plus logique que ce soit l’inverse. En effet, les opérateurs devraient tous avoir connaissance de ces entreprises spécialisées et gérer la prise de contact afin de totalement accompagner les familles dans ces moments douloureux et difficiles.
Intervenir dans les meilleures conditions après analyse de la scène
"Dans un premier temps, lorsque nous avons connaissance d’une potentielle intervention, si nous ne pouvons pas nous rendre immédiatement sur place, nous essayons de nous rapprocher des services de police ou de gendarmerie, mais aussi des pompes funèbres de la famille. Nous posons alors un certain nombre de questions de manière à nous rendre compte de la situation, des circonstances de la mort, à comprendre et à visualiser, à nous imaginer le mieux possible la scène telle qu’elle est. Cela permet d’établir un vrai devis personnalisé pour la famille. Une fois que nous avons obtenu toutes les informations nécessaires, nous contactons cette dernière et nous faisons un point avec elle en lui expliquant ce que nous pourrons faire, combien cela va leur coûter, un premier chiffrage en quelque sorte qui se concrétisera par le devis que nous leur envoyons ensuite."
Le devis étant accepté, le Groupe NAD peut intervenir, en fonction de son planning (toujours très chargé) et de la localisation géographique de la scène concernée, dans des délais allant de quelques jours à un mois selon les périodes de l'année, le corps ayant été, lui, retiré du domicile pour les funérailles. Cela peut paraître long, mais une fois que le défunt a été soustrait du lieu où il est mort, il n’y a plus de réelle urgence. Aujourd’hui, les sociétés ultraspécialisées ne sont pas suffisantes pour que des délais plus courts soient appliqués. De plus viennent s’ajouter les réquisitions judiciaires ou de police (dossiers sensibles concernant les crimes, les suicides dans l’armée…) qui, elles, appellent à l’urgence.
Analyser précisément les circonstances et les conséquences
Concernant les scènes de suicide, elles sont différentes en fonction de la méthode employée : armes à feu (petit ou gros calibre), pendaison (pouvant entrer sous la rubrique "découverte tardive"), objets tranchants, entre autres. Leurs découvertes peuvent être immédiates ou tardives. D’une manière générale, comme nous le disions précédemment, une analyse experte est alors effectuée systématiquement qui donnera lieu à un "fichage de scène" (voir Résonance n° 188). Cela vise notamment la recherche du projectile, sa trajectoire, dans le cas de l’arme, ce qui peut aider d’ailleurs l’enquête de police si elle a lieu.
Quel que soit le mode employé pour le suicide, tout doit être répertorié, examiné précisément afin aussi d’évaluer les zones à nettoyer et à décontaminer. Par exemple, si l’arme est un "gros calibre", les projections/dispersions de sang, d’os et de chair sont plus importantes et elles couvrent à la fois les murs, le sol et le plafond. Julien Martel doit prendre en compte tous les paramètres afin, qu’après l’intervention, parties visibles et invisibles aient été rendues saines. Pour en obtenir l'absolue certitude, la totalité des éléments et surfaces concernés sont passés au révélateur chimique.
Développer un maximum de compétences pour une expertise irréprochable
Enfin, il y a les scènes d’homicide ; et celles, heureusement plus rares, d’attentat(2). Ici, les actions de nettoyage du Groupe NAD s’effectuent à la suite des réquisitions de l’État, pour 40 %, ou à la demande des familles, pour les 60 % restants. Dans le premier cas, qui est particulier, le devis sera établi sur la base du dossier établi par le juge d’instruction. C’est le parquet qui prendra la décision finale, après avoir étudié les différents devis, et choisira l’intervenant.
Rappelons pour information complémentaire que, suite au besoin des familles de connaître la date de décès de leur défunt, Julien Martel et son personnel se sont formés à l’entomologie légale. Cela permet de mieux savoir, en fonction des différents états d’un insecte - de larvaire à adulte - ou du type d’hexapodes présents selon les stades de décomposition, depuis combien de temps la personne est morte. Julien Martel a poussé très loin les acquisitions de compétences et de savoirs, que ce soit dans les domaines de la chimie, la microbiologie, de la compréhension du cheminement des fluides biologiques humains, etc.
Aujourd’hui, le Groupe NAD bénéficie d’une réelle notoriété et les sollicitations sont nombreuses. Quelles que soient les scènes mortuaires qui font l’objet de l’intervention du Groupe NAD, c’est un nettoyage rigoureux, méticuleux et expert qui est opéré à chaque fois afin de garantir un résultat 100 % satisfaisant, analyses à l’appui.
Gil Chauveau
Nota :
(1) "Ancien" s’entend ici au nombre de jours nécessaires pour que la décomposition du corps commence avec écoulement de fluides corporels. En général, de quatre cinq jours à plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années.
(2) Dans le cas d’un attentat, la demande peut être effectuée par le propriétaire des locaux où celui-ci a eu lieu.
(2) Dans le cas d’un attentat, la demande peut être effectuée par le propriétaire des locaux où celui-ci a eu lieu.
Résonance n° 192 - Juin 2023
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