Les instants qui suivent une inhumation sont toujours délicats. Lorsque la famille revient sur les lieux quelques heures après celle-ci ou le lendemain, la vision du monticule de terre accentue la douleur de la perte et son côté morbide. C’est le constat que beaucoup font. C’est celui de Didier Calarnou, président et fondateur de Dignity, entreprise nouvelle du funéraire, qui veut rendre de la dignité aux sépultures en attente d’un monument pérenne. Entretien…
Résonance : Didier Calarnou, comment cette idée a-t-elle émergé dans votre esprit ?
Didier Calarnou : Je suis un professionnel du funéraire. J’ai plus de 25 ans de pratique des inhumations. J’en ai vu un certain nombre, et, à chaque fois, j’ai eu les mêmes remarques toujours sur le ton courtois mais qui démontraient qu’il y avait un vrai cas à traiter. L’état de la sépulture avec son manque de repères, son monticule de terre… Toutes les familles, n’ayant pas nécessairement une concession, se trouvant donc en primo-accédant, doivent résoudre l’étape du monument funéraire après les obsèques. C’est ce laps de temps qu’il convient de combler par une réponse digne. La solution peut également s’adapter lorsque le monument existant ne peut être remonté après l’inhumation. Il peut également être utile à l’aménagement de la dalle béton d’un caveau neuf. L’idée de réaliser un dôme provisoire est donc venue naturellement. Il ne restait qu’à résoudre les détails pratiques et fonctionnels pour sa fabrication.
R : Comment avez-vous initié ce projet Écodôme ?
DC : Tout d’abord, le choix du nom n’est pas innocent. Écodôme se veut un produit respectueux de l’environnement car les préoccupations de nos concitoyens vont majoritairement dans ce sens. De ce point de vue, nous partageons cette vision. Je me suis entouré de deux amis proches, Bretons du Finistère et du Morbihan. Tous partagent la même philosophie de la vie et les mêmes valeurs dans le traitement à donner à la sépulture post-obsèques. Nous sommes donc devenus associés dans ce projet.
Clovis Thaumoux, par son expérience de vingt années dans l’industrie, notamment du plastique, nous a apporté ses connaissances sur le matériau, le process et surtout la façon d’avoir un regard concret, environnemental et pragmatique sur le recyclage des matières ainsi que l’économie circulaire. Jean-Philippe Henry, pour sa part, possède dix années d’expertise dans l’industrie du luxe, et nous fait bénéficier d’une approche marketing et commerciale dédiée ainsi qu’une sensibilité qui conviennent parfaitement à la solution Ecodôme by Dignity. Nos trois regards convergent vers la proposition d’un produit novateur, respectueux de l’environnement, moralement compatible avec les exigences de dignité des familles.
R : En parlant de valeurs, quelles sont celles que vous prônez ?
DC : Nous ne venons pas pour chambouler les usages et les traditions funéraires, juste pour apporter une réponse dimensionnée à une problématique où pour l’instant il n’y a pas de réponse éco-conçue et respectueuse de l’environnement. Écodôme répond à une écoconception utilisant un matériau ABS recyclé En fin de vie, il est destiné lui-même à être recyclé dans le principe de l’économie circulaire. Écodôme est de fabrication française, intégré dans un process de proximité. Ce faisant, nous créons de la valeur dans le système économique français. Nous créons également de la valeur ajoutée dans l’approche morale de dignité que les familles exigent de leur opérateur funéraire.
Écodôme est d’une résistance et d’une durabilité testées et permet d’attendre la pose d’une solution pérenne sur la sépulture. Sa mise en œuvre est simple, par n’importe quel technicien d’inhumation. Elle ne nécessite aucun d’effort particulier. Écodôme pèse l’équivalent d’un pack d’eau minérale et sa partie supérieure a une résistance à la charge de 60 kg. Aucune logistique particulière à prévoir en outillage et savoir-faire.
Enfin, Écodôme est personnalisable sur sa face supérieure par un film adhésif vinyle, lui aussi recyclable, soit par utilisation d’un visuel dont nous suggèrerons l’emploi sur notre site Internet, soit par la réalisation d’un visuel totalement personnalisé avec une image selon le choix de la famille. Bien entendu, il est fait mention de l’identité de la personne défunte avec ses années de naissance et de décès. Nous réfléchissons actuellement à la création d’une semelle dans le même matériau recyclé afin d’améliorer la finition de la sépulture provisoire, qui, grâce à Écodôme seul, est déjà métamorphosée.
R : Quel système de commercialisation avez-vous adopté ?
DC : Les opérateurs funéraires sont les prescripteurs exclusifs de l’Écodôme. Nous ne faisons pas de vente directe au public. Le principe est celui de la location mensuelle La livraison aux opérateurs se fera sous forme d’une palettisation de vingt produits afin de réduire l’impact écologique de chaque dôme. Chaque Écodôme a une durée d’exploitation prévue entre trois et six mois, le temps de la pose ou repose du monument définitif. Au bout de trente-six mois maximum , nous nous chargeons de la récupération des Écodômes, afin de revaloriser la matière première par broyage. Ainsi la deuxième génération Écodôme sera composée de 100 % de la première génération Écodôme.
Écodôme attire déjà les regards attentifs des acteurs du funéraire, ce qui est une satisfaction et valide notre solution. Nous réfléchissons aussi à une action plus forte et très concrète aux yeux des citoyens, à savoir de nous engager à planter un arbre à chaque Écodôme vendu. Notre solution va ainsi bien au-delà du domaine funéraire et contribue avec modestie à un avenir plus vert pour les générations futures. L’équipe de DIGNITY s’attèle déjà à agrandir la famille des solutions funéraires dans la continuité d’Écodôme.
Résonance n° 185 - Novembre 2022
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