Nouvelle responsable du centre Parcours F pour le compte du groupe UDIFE, Gwenola Salmon s’avère être une professionnelle chevronnée qui, depuis plus de 15 ans, a su développer une véritable expertise dans le domaine de la formation. Convaincue que la réussite professionnelle passe avant tout par l’épanouissement personnel, elle entend bien faire de Parcours F une référence au regard des formations funéraires conventionnelles… explications !
Résonance : Madame Salmon, vous m’avez confié avoir un profil atypique. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous… pourquoi la formation et, aujourd’hui, pourquoi le secteur funéraire ?
Gwenola Salmon : J’ai travaillé pendant 10 ans dans le domaine de la relation clientèle. L’expérience la plus marquante de cette période fut pour moi l’accompagnement des entreprises et des travailleurs temporaires dans l’emploi sur une aire géographique de productions agroalimentaires, intégrant toutes les difficultés sociales s’y rattachant. J’ai alors compris la nécessité d’agir en amont. Ainsi, en 2007, j’ai rejoint le monde de la formation professionnelle par alternance, au sein d’un réseau associatif, qui place le stagiaire et le territoire au cœur du projet.
J’y ai, dans un premier temps, développé un pôle de formation pour adultes, puis, par la suite, j’ai pris la responsabilité d’un organisme de formation. La gestion de projets a nécessité que je développe mes propres compétences. S’en sont suivies quelques années d’études, tout en maintenant mon activité professionnelle. Ainsi, après la licence en management d’équipe, j’ai poursuivi vers la maîtrise de formateur des formations alternées, puis validé un master en ingénierie de la formation.
La formation tout au long de la vie est pour moi un continuum entre la formation initiale, générale et/ou professionnelle, et l’ensemble des situations où s’acquièrent des compétences. J’aime être au service de l’accompagnement des parcours. Le funéraire est un domaine atypique, où les rapports humains sont essentiels. C’est ce qui me ressemble !
R : Depuis le 3 janvier 2022, vous êtes la nouvelle responsable du centre de formation Parcours F au sein du Groupe UDIFE. Cela étant, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Parcours F, qu’en est-il exactement ?
GS : J’ai été séduite par le modèle proposé par UDIFE. Ce Groupe fonctionne en mode coopératif en s’appuyant sur des valeurs fortes de respect, d’engagement, de transparence et d’innovation. Parcours F est né d’une volonté, de ses dirigeants et de ses adhérents, de proposer un parcours de formation personnalisé aux salariés du monde du funéraire et aux divers publics issus d’autres professions et qui souhaitent donner un nouveau sens à leur avenir.
R : Globalement, au vu de votre parcours et de votre expérience, quel regard portez-vous sur la formation funéraire en l’état actuel des choses ? Vous semble-t-elle suffisante, mais aussi et surtout, cohérente avec la mission quotidienne d’un opérateur funéraire en 2022 ?
GS : Les différentes professions rattachées au monde du funéraire, les missions demandées, les compétences nécessaires, s’intègrent dans un paysage économique organisé, dont les acteurs interagissent selon des codes et dans un cadre fixé par la loi. Un futur professionnel désireux d’intervenir dans ce milieu doit en connaître la configuration. Mais pas seulement…
Les professionnels du funéraire constituent les premiers interlocuteurs de la famille et des proches du défunt. L’accompagnement des familles dans le deuil est au cœur des métiers du funéraire. Exercer le métier de maître de cérémonie, de conseiller funéraire ou encore de dirigeant d’entreprise implique donc un véritable investissement personnel et une remise en question permanente.
Dès lors, dans un domaine en pleine expansion, prenant ancrage dans une réalité générationnelle, la profession peut-elle prendre le risque de se contenter des formations réglementaires ? La question se pose…
R : Forte de ce constat, vous avez très certainement déjà quelques projets en tête pour agrémenter et compléter les modules de base existants. Quels domaines de compétence vous semblent, aujourd’hui, indispensables à la bonne formation d’un conseiller funéraire ?
GS : Nous sommes alertés par de nombreux professionnels sur l’insuffisance des formations funéraires telles qu’elles sont proposées aujourd’hui et sur la pénurie de personnels bien formés aux nouveaux enjeux. Le Groupe affiche sa volonté de développer des parcours innovants, intégrant des compétences transverses. Une étude sur les besoins de formations est en cours auprès de nos adhérents.
Trois domaines sont passés à la loupe : les métiers liés aux équipements funéraires corrélés à la relation aux familles, les métiers autour du management et de l’entreprenariat et les métiers techniques. Les premiers constats effectués à propos des pratiques de formations indiquent une offre de formations trop parcellaire, souvent théorique et, malheureusement, insuffisante. Des priorités sont à donner à l’acquisition de techniques métiers en lien direct avec les réalités du terrain.
R : Vous avez exercé au sein des Maisons Familiales et Rurales (MFR). Vous êtes-vous intéressée au Bac Pro funéraire proposé à La Louisière aux Herbiers (85) ?
GS : J’ai une très bonne connaissance du Bac Pro Métiers du commerce et de la vente issu de l’éducation nationale pour l’avoir mis en œuvre dans un autre domaine. La MFR des Herbiers y apporte une coloration funéraire…
R : La formation initiale vous semble-t-elle être une solution probante pour l’avenir de la profession ?
GS : Concrètement, acquérir les compétences suffisantes pour travailler dans le secteur funéraire nécessite de réfléchir à l’organisation d’un parcours de formation sur mesure et d’approfondir les contenus réglementaires actuels. La formation initiale peut constituer un point de départ intéressant. Elle peut notamment concourir à une meilleure image du secteur du funéraire auprès des jeunes générations.
Toutefois, l’accompagnement des proches d’un défunt conduit les professionnels et les familles à établir des liens particuliers. Les sensibilités mutuelles des uns et des autres sont mobilisées et sollicitent des émotions des deux côtés. Le métier implique donc une prise de recul et une certaine maturité, deux aptitudes qui ne peuvent s’acquérir qu’avec un temps de formation adapté et la maîtrise de compétences variées dans le temps. Ainsi le développement personnel me paraît être la clé de voûte d’une bonne évolution dans le métier.
R : Quid du diplôme universitaire "Business Management : parcours points de vente funéraires" initié par "Le Choix Funéraire" et l’Université Paris Dauphine en 2014… le Groupe UDIFE a-t-il des projets de ce côté-là ?
GS : La question du management est à l’étude. Partant du fait que l’offre ne crée pas forcément sa propre demande, un projet est initié à partir de problématiques soulevées par les adhérents du Groupe UDIFE en corrélation avec les observations faites par des techniciens et annalistes missionnés par la tête de réseau quant à l’évolution du marché et à la place des entreprises sur leur territoire.
R : Je comprends que vous souhaitiez ne pas trop en dire… pour autant cela rentre dans la même logique que la formation et l’accompagnement de vos juniors (jeunes managers) et/ou de vos adhérents seniors, notamment en matière de transmission d’entreprise… Je crois savoir que ce sujet vous tient particulièrement à cœur, n’est-ce pas ?
GS : Les valeurs UDIFE sont des concepts essentiels à ses équipes, ses adhérents façonnent leurs collaborations et leurs interactions. En ce début d’année 2022, UDIFE a réaffirmé sa culture d’entreprise autour de valeurs humaines fortes et de la question du "sens". Ainsi, préparer nos adhérents à transmettre leurs entreprises de pompes funèbres dans des conditions optimales, c’est les accompagner, pour qu’ils puissent anticiper, plusieurs années à l’avance, les conséquences de la cession, pour eux et pour le marché, tout en optimisant les chances de trouver "LE" bon repreneur dans les meilleures conditions qui soient pour l’entreprise et ses collaborateurs.
L’accompagnement optimum des entreprises funéraires est, plus que jamais, un sujet central dans le développement de projet de formation. La formation de futurs managers, qui plus est, potentiellement de futurs repreneurs, est une question centrale.
R : Votre enthousiasme laisse présager de belles choses… La révolution Parcours F est en marche ! Madame Salmon, pour conclure, en guise de mise en bouche, n’auriez-vous pas une petite exclusivité pour les lecteurs de Résonance ?
GS : Les réflexions portant sur notre projet de "Trans" formations, a nécessité, en préambule, une remise en question de nos fondamentaux en lien avec la certification Qualiopi. C’est aujourd’hui chose faite ! Parcours F s’inscrit ainsi pleinement dans le développement du nouveau projet Udife, au service des professionnels du funéraire.
Steve La Richarderie
Résonance n° 180 - Mai 2022
Résonance n° 180 - Mai 2022
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