Florence Fresse est déléguée générale de la FFPF et directrice de l’ENAMEF, deux organismes bien connus du milieu funéraire. Ce mois-ci sort aux éditions AFITT un ouvrage qu’elle a dirigé pour aider toute personne qui se prépare à passer le diplôme national de conseiller funéraire. Il s’agit d’un livre qui contient plus de deux cent quatre-vingts questions avec les corrigés, qui permet un bon entraînement, et d’aller se présenter à l’épreuve écrite du diplôme avec plus de sérénité.
Volontairement, certains sujets, telles la psychologie et la sociologie du deuil, ne sont pas abordés dans cet opus, car chaque centre de formation fait appel à une "école de la pensée" en matière de deuil, et certains auteurs ont des divergences sur le sujet, en fonction d’une approche teintée de spiritualité, ancrée dans une croyance, par exemple.
En revanche, les sujets tels que l’hygiène et la sécurité de l’opérateur funéraire, l’acte et le certificat de décès, les vacations, les rites et cérémonies, la crémation, les concessions, une grande approche des connaissances de l’administration et l’information aux familles sont abondamment abordés. Un ouvrage – presque – complet qui montre à quel point les connaissances d’un conseiller funéraire doivent être larges, que ce soit pour faire son travail correctement ou pour répondre à certaines questions d’une famille, du genre : "Excusez-moi, mais ça veut dire quoi ORIAS ?"
Depuis la mise en place du diplôme national de conseiller funéraire en 2013, de nombreux stagiaires nous ont réclamé des questionnaires pour se préparer à l’épreuve écrite. Nous avons donc consolidé notre base de questions, sous le regard critique de nos élèves, et vous proposons aujourd’hui ces annales qui contiennent plus de deux cent quatre-vingts questions avec leur réponse pour vous permettre de vous entraîner et de réussir votre QCM.
L’École Nationale des Métiers du Funéraire (ENAMEF) a été créée en 2002, sur la demande des dirigeants d’entreprises de pompes funèbres, adhérents de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF) pour apporter les compétences nécessaires au service des familles en deuil avec tout le savoir-faire requis dans ces situations particulières. Rebaptisée "ENAMEF" par les professionnels et les anciens élèves, l’école développe des sessions de formation selon les besoins en recrutement des entreprises. Depuis quelques années, le parti pris de l’école a été de s’ouvrir à tous, diplômés ou non, âgés de 18 à 77 ans !
Sébastien Mousse : Bonjour Florence Fresse, quel est votre parcours professionnel, comment êtes-vous arrivée dans le funéraire ?
Florence Fresse : Je ne vous dirai pas "par hasard", car je suis convaincue que notre chemin de vie nous pousse à faire des choix. Après un parcours d’enseignant dans le domaine de la communication puis dans le milieu sanitaire, j’ai basculé de l’autre côté.
SM : Vous sortez aux éditions AFITT (Assistance et Formations Internationales Thanatopraxie Thanatoplastie), en tant que directrice d’ouvrage, "Diplôme national de conseiller funéraire, QCM et corrigés". Comment est née l’idée d’écrire ce livre et pourquoi ?
FR : Avant et depuis la création et la mise en place des diplômes funéraires, je me suis investie dans les groupes de travail liés aux diplômes au ministère de l’Intérieur. Il y a quelques années, j’ai demandé à rencontrer madame Isabelle Dorliat-Pouzet, alors cheffe du bureau des collectivités locales, pour dresser un premier bilan de l’application du texte du décret et de ses arrêtés. Pendant ce rendez-vous, j’ai étalé sur son bureau les divers diplômes que délivraient les centres de formation funéraires. Certains faisaient référence à d’anciens textes, d’autres avaient même plusieurs fautes d’orthographe.
Je lui ai également montré les questions issues des QCM de différents centres de formation. Là encore, une disparité incroyable puisque, dans certains cas, il était flagrant que ce n’était pas nécessaire de suivre une formation pour savoir répondre. Nous avons alors depuis deux ans souhaité mettre en place une banque de questions, validée par un groupe de membres du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF) impliqué dans les diplômes. Le projet était génial, mais, deux ans après la mise en service de la plateforme, il n’y avait que les questions que j’y avais déposées. Lorsque j’en ai parlé à Nicolas Delestre, il m’a convaincue de publier un livre de QCM.
SM : Lors de la lecture de ce livre, on se rend compte de l’évolution du métier. Elle est bien loin l’image du croque-mort d’antan chantée par Brassens. Dorénavant, l’assistant "fu", comme on le surnomme, se doit, en plus d’être bon au niveau de la réglementation, de connaître moult détails pour répondre aux interrogations des familles. Les questions utilisées dans votre ouvrage sont celles qui reviennent le plus souvent ? Qui peuvent piéger l’assistant funéraire ?
FR : Un peu des deux. Surtout, de la précision, dans les termes techniques en particulier. Je constate que beaucoup de stagiaires continuent de parler d’autorisations quand il s’agit de déclarations…
SM : Le premier chapitre est consacré à l’hygiène, la sécurité et l’ergonomie, des sujets dont on parlait très peu il y a quelques années, le funéraire a-t-il du retard dans la prévention ?
FR : Si j’osais, je vous répondrais que c’est un sujet qui va bien au-delà du funéraire. Trop peu de séances sont consacrées à l’hygiène à l’école et nous sommes bourrés d’idées reçues sur ce sujet, dont la crise que nous traversons démontre à quel point la prévention est essentielle. Il y a quelques années à l’école, un élève a critiqué le cours sur l’hygiène en disant que ce n’était pas nécessaire d’apprendre à se laver les mains ou à trier les déchets d’activité de soins à risque infectieux …
SM : Nous parlions de la perpétuelle évolution du funéraire, cet ouvrage le prouve, mais ce n’est pas tout. L’ENAMEF le démontre, en plus des formations de base, conseiller funéraire, maître de cérémonie, et dirigeant d’entreprise, vous disposez aussi d’un module "psychologie" et "gestion du stress", comment est née cette initiative ? Et comment se déroule ce module ?
FR : C’est un module qui nous est demandé par des sociétés dans lesquelles les salariés sont confrontés au deuil, sans pour autant être des "funéraires", les banquiers, par exemple. Avec nos intervenants, ils peuvent exprimer leur ressenti lorsqu’ils reçoivent des appels d’endeuillés, et le stress que cela leur procure. Nous parlons du processus de deuil, des réactions que peuvent avoir les personnes touchées par le décès d’un proche et, surtout, nous les écoutons.
SM : L’ouvrage que vous venez de publier ne s’adresse pas qu’aux élèves, il est aussi un bon moyen de faire une remise à niveau lorsque l’on exerce depuis de nombreuses années. Comment et pourquoi le conseilleriez-vous à des conseillers funéraires en poste ?
FR : "Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage" ! La réglementation funéraire est loin d’être figée et il est parfois difficile de suivre, surtout quand on est en activité et qu’on doit composer avec les "petites particularités" de telle ou telle commune… Beaucoup de stagiaires, lorsqu’ils sont déjà en poste, m’avouent que la pratique diffère de la théorie. Je les rassure en leur disant que c’est normal et identique dans tous les secteurs, mais qu’il est important de connaître le cadre réglementaire, seul socle commun à tous.
SM : Florence, je vous remercie d’avoir répondu à ces questions pour Résonance, je vous souhaite le meilleur pour cette publication.
FR : Merci à vous, Sébastien.
Sébastien Mousse
Formateur – Éditeur AFITT
Résonance n°177 - Février 2022
Résonance n°177 - Février 2022
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