Que reste-t-il après la perte d’un être cher ? Des souvenirs, des photos, bien sûr, parfois une vidéo ou une voix enregistrée. Aujourd’hui, avec la société 6th SENSE créée par Thomas Herfray, le souvenir prend une nouvelle dimension… en 3D ! En effet, 6th SENSE propose de recréer le visage du défunt en sculptant un buste sur mesure à partir de simples photos et en s’appuyant sur une équipe d’artistes talentueux. Après un très bon accueil de ces sculptures funéraires en bronze, Thomas Herfray continue d’innover, et propose de nouvelles utilisations de celles-ci, dont le buste "urne".
Depuis la création de son entreprise (voir Résonance n° 170 – Mai 2021), Thomas Herfray a constaté que ce qui intéresse commercialement le plus le milieu funéraire, c’est incontestablement le buste en bronze, plutôt qu’en résine. C’est un article funéraire que les pompes funèbres ont plus de facilité à vendre. Alors que le modèle en résine peut paraître accessoire, celui élaboré avec le métal semi-précieux apporte, pour les familles, un supplément de noblesse à l’hommage rendu.
"J’ai développé plusieurs réflexions à partir de ce constat, et après plusieurs échanges avec des professionnels du secteur. L’une de celles-ci est que les bustes peuvent tout à fait servir d’urnes funéraires. En effet, ceux en bronze sont complètement creux et la contenance de 3,5 litres est atteinte sans problème sur un modèle adulte, ce qui est le volume d’une urne en général et la contenance réglementaire. C’est une nouveauté que nous allons mettre en place dans les prochains jours et, ensuite, elle sera proposée aux pompes funèbres, une fois les derniers détails réglés."
Une technique et un art maîtrisés
Petit rappel technique… Une fois la conception (la représentation du visage en 3 dimensions) du buste réalisée numériquement, il est imprimé en 3D. C’est le "maître-modèle". Celui-ci est surmoulé en utilisant un polymère silicone, ce qui équivaut à réaliser une empreinte avec une chape pour maintenir le silicone. On sort le maître modèle de cette empreinte, cette dernière est remontée et sert à obtenir une reproduction en cire (appelée cire perdue) qui servira à la production du bronze. Il s’agit donc ici de bronze creux d’une épaisseur moyenne de 2 mm.
"L’épaisseur peut varier. Afin de mieux maîtriser cet aspect et d’améliorer la qualité, nous avons modifier notre méthode de fabrication pour avoir une épaisseur plus uniforme, plus régulière, ce qui permet d’avoir des températures de refroidissement mieux contrôlées et donc des états de surface de meilleure qualité. Cela peut aller jusqu’à l’obtention d’un polymiroir sur un bronze."
Donc, effectivement, ces modèles creux peuvent tout à fait recueillir le sac qui contient les cendres et, après la mise en place d’une fermeture hermétique, être ensuite fixés sur les monuments funéraires, comme cela est couramment fait pour une urne "classique". Ainsi le buste, objet mémoriel, devient le gardien éternel des cendres du cher disparu. De plus, le bronze, matériau réputé pour sa résistance aux variations climatiques et aux intempéries, change simplement de teinte en extérieur au cours des décennies, du fait d’une oxydation naturelle qui lui donne une couleur de surface vert clair. Il obtient ainsi une belle patine au fil du temps.
Un supplément d’âme pour le monument
"Une autre de mes réflexions a trait à l’élargissement de mon offre vers le cimetière ou l’espace cinéraire. J’ai commencé à imaginer des présentations de bustes sur des monuments funéraires. La reproduction en bronze serait présentée sur un piédestal ou un socle posé sur une pierre tombale, dont le dessin, la composition seraient en accord et créeraient une harmonie de l’ensemble, l’objectif étant la mise en valeur de la sculpture en bronze, pour la sublimer."
Pour Thomas Herfray et 6th SENSE, il s’agit d’une nouvelle approche design du monument pouvant ainsi valoriser le visage du défunt reproduit. L’idée est de concevoir et de fabriquer des monuments assez simples, voire épurés ou zen, qui seraient peu coûteux en matière première et en main-d’œuvre. Cela permettrait aux professionnels de proposer un produit associant deux savoir-faire, deux matières prestigieuses… et un hommage remarquable que certaines familles désirent parfois offrir à leur très cher disparu.
Une concrétisation positive du souvenir
"Ce que je trouve intéressant quand le buste du défunt est installé sur la tombe, c’est qu’il crée une présence particulière, une familiarité, comme si nous allions voir le cher disparu chez lui. C’est une sensation étonnante, amplifiée par cette impression que la personne nous regarde. Bien sûr, il est évident que tout le monde ne le supporte pas, et c’est compréhensible, en fonction de la sensibilité de chacun. Rappelons que la reproduction est issue de photos (fournies par les proches) reflétant en général des moments heureux, de bons souvenirs, avec des visages souriants, souvent à l'occasion d'un rassemblement familial ou amical."
Cela permet de faire "vivre" encore un peu le défunt, d’une certaine manière, ce qui peut être important dans le processus de deuil et peut consituer un beau témoignage pour les générations futures. Ici, il s’agit aussi pour 6th SENSE de sculpter du vivant, de ne pas rendre les choses tristes. C’est au contraire donner une belle image, la plus radieuse possible. C’est ce qui surprend le plus la famille ou les proches lorsqu’ils découvrent le résultat final. C’est vraiment la démarche et l’objectif de Thomas Herfray : obtenir un rendu qui redonne une part positive et une présence mémorielle agréable pour celle ou celui qui éprouve le manque dû à la disparition, et qui, grâce au buste, va pouvoir avancer dans son deuil.
Les recherches de partenaires pour ce projet se poursuivent et leur nombre ne cesse de croître, l’idée est également de développer des modèles avec des marbriers indépendants. Ce chantier mis en route par Thomas Herfray, et qui lui tient à cœur, devrait aboutir dans les prochaines semaines.
Gil Chauveau
Résonance n° 174 - Octobre 2021
Résonance n° 174 - Octobre 2021
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