Fonderie Strassacker… Du bronze à l’art sacré funéraire !

Mais tout d’abord, petit rappel historique… La société allemande Strassacker a été créée en 1919 par Ernest Strassacker (ciseleur et spécialiste en galvanisation) qui, se retrouvant au chômage à la fin de la Première Guerre mondiale, décida de se mettre à son compte en mettant en place une production de lettres et de monuments funéraires. Il fit alors enregistrer les "Kunstgewerbliche Werkstätten und Bronzegießerei" (Ateliers d’art et fonderie de bronze) à Süßen (Bade-Wurtemberg), la ville où il résidait. C’est en 1979 qu’une filiale française fut construite à Heimsbrunn (tout près de Mulhouse).

Aujourd’hui, l’entreprise est présidée depuis 2001 par Edith Strassacker, représentant la quatrième génération. La fonderie principale est en Allemagne ; le modelage, le ciselage et les patines sont aussi réalisés en France à Heimsbrunn. Le personnel, dans les deux pays, traite aussi bien une madone qu’une sculpture d’artiste. "Les techniciens sont polyvalents. Pour ma part, je ne m’occupe que des marbriers, des tailleurs de pierre et des pompes funèbres. En effet, en matière de commercialisation, le secteur funéraire et le secteur artistique sont séparés."

D’une manière générale, Strassacker produit des ornements funéraires, des éléments de décoration pour le jardin et la maison, pour l’architecture, et réalise la reproduction des sculptures d’artistes. Historiquement, la société était spécialisée dans le bronze et l’aluminium, mais aujourd’hui, Strassacker se tourne vers des matériaux plus modernes comme l’inox. Deux techniques traditionnelles sont employées pour le bronze : la cire perdue (pour tout ce qui est en trois dimensions) et la fonte au sable (pour les plaques, les croix, etc.). N’est travaillé qu’un bronze d’art de haute qualité(1), garantissant une réelle tenue dans le temps… C’est ce qui a participé à la réputation internationale de l’entreprise allemande. Celle-ci travaille également l’aluminium et est équipée d’une fonderie destinée à ce matériau. Celui-ci se développe de plus en plus. Il permet de faire des monuments plus contemporains, plus moderne.

"Concernant les ateliers français à Heimsbrunn, ceux-ci effectuent les finitions, dont le ciselage(2) et les réalisations de patines(3) – qui offrent des possibilités artistiques supplémentaires (apports de reliefs, d’ombres) –, mais peuvent être aussi pratiqués des moulages d’œuvres. C’est-à-dire que des artistes ont la possibilité de venir chez nous avec leurs bustes ou autres sculptures, et nous effectuerons le moulage. Celui-ci sera ensuite coulé à la fonderie de Süßen. Nous travaillerons en parfaite proximité, les ateliers s’entraident et se complètent !"

Les produits commercialisés sur le marché funéraire français sont soumis aux traditions et aux pratiques régionales. "Par exemple, en Alsace, il y a beaucoup de vente de pièces en bronze depuis quatre ou cinq générations. Cela peut être des inscriptions (lettres individuelles ou assemblées), des croix, des lanternes, des statues, des vases et des bénitiers. Alors qu’à certains endroits, il y aura très peu d’écritures et beaucoup de plaques à textes. Je vends également sur ces régions (Centre, Ouest, Nord…) des croix, des fleurs, éventuellement des lanternes, suivant les territoires. Je constate beaucoup de disparités d’un endroit à l’autre, d’une ville à l’autre. Si je suis au bord de la mer, je vais vendre plus de statues de la Vierge Marie, alors que, dans l’arrière-pays, ce sera moins demandé."

Il est important pour François Dumez de se positionner en fonction des cultures locales. Il prend en compte également l’existence de secteurs géographiques majoritairement catholiques, ceux à majorité protestante, et les demandes de chaque religion. La France est dessinée de toutes ces différences. De ce fait, la madone ne se place pas dans tous les cimetières. De même, on ne trouve pas de lanternes dans certains lieux funéraires sans qu’il y ait une réelle explication. Il est donc nécessaire d’être souple dans les échanges, à l’écoute, et de s’adapter aux coutumes, aux demandes et besoins des familles. Cela n’empêchant pas bien sûr d’innover en étant une force de proposition, ce qu’attendent aussi parfois les clients français de Strassacker et de son représentant.

Pour répondre à cela, François Dumez a à sa disposition un catalogue imposant, de presque 600 pages, où il peut puiser, parmi un nombre considérable d’articles, ce qui va correspondre à son client. Dans une région viticole, ce sera une croix avec un cep de vigne ; à la campagne, la même avec un épi de blé ou avec une rose. Il y a aussi une immense variété d’inscriptions (une cinquantaine de polices de caractères sont en catalogue, 160 sont réalisables) et de symboles en bronze, aluminium ou inox. À noter que les plaques avec inscription et/ou motifs, souvent original et "design", connaissent un beau succès dans certains départements.

Vient compléter cette offre très large une petite brochure présentant les nouveautés 2021. Celles-ci sont toujours le reflet de la créativité constante de Strassacker, qui propose des produits très bien dessinés et innovants, des plaques figuratives et des éléments symboliques stimulant l’imaginaire de l’ailleurs et procurant souvent une sérénité apaisante. Les dernières figures exposées dans le catalogue de nouveautés – "Étreinte", "Fille, assise", "Tu manques" (une balançoire avec un seul personnage), "Porte du paradis", etc. – sont à cet égard remarquables.

Prochainement, les clients français de Strassacker auront un site e-commerce qui leur permettra de passer directement leurs commandes d'ornements. Cet outil sera accessible exclusivement aux professionnels du funéraire. Actuellement, ils peuvent réaliser des esquisses d'inscriptions ou de plaques, et voir ce que donne, par exemple, une police de caractères sur un texte précis.

"Pour conclure, je dirais que nos ornements offrent véritablement la possibilité de personnaliser les monuments funéraires. Il s’agit de rendre le plus bel hommage possible. Un matériau noble, haut de gamme, apporte, à mon sens, une implication supplémentaire de la famille dans le respect et la révérence qu’elle donne, qu’elle exprime à son cher disparu. La personnalisation est une forme d’identification mémorielle. Pour les familles, ce n’est pas une tombe au milieu des autres, c’est celle qui, par la différenciation ornementale, par les détails qui caractérisent une vie passée, honore son défunt."