Isofroid… des solutions pertinentes et adaptées pour vos laboratoires et salles techniques !

Résonance : Didier Belluard, vous êtes très attentif, tant aux retours des premiers audits effectués par la CRAM dans les établissements funéraires, qu’aux pratiques quotidiennes de vos clients pompes funèbres et thanatopracteurs. Qu’en ressort-il exactement ?

Didier Belluard : La salle technique est très sollicitée, beaucoup de personnes avec différentes compétences et missions s’y rendent. De plus, ces différentes personnes ne sont pas forcément salariées des pompes funèbres propriétaires de la chambre funéraire. Effectivement, l’accès à certaines salles techniques par les personnes non autorisées est trop facile. L’identification des zones techniques par les personnels est incertaine. Il y a trop de passages de personnels non justifiés en zones techniques et durant les interventions.

Bien souvent, on constate l’absence ou non-port d’EPI (Équipement de Protection Individuelle), et les professionnels ne portent pas, ou partiellement, leurs protections (port de costumes ou tenues civiles). Parfois, il n’est même pas possible de se changer ou de déposer des affaires personnelles durant les interventions. Cette affluence à "géométrie variable" pourrait expliquer le découragement du propriétaire des lieux à maintenir les équipements, et cela expliquerait une certaine obsolescence.

R : Sans jouer les redresseurs de torts, selon vous, aujourd’hui en France, quel constat faites-vous des équipements censés être conformes à la réglementation funéraire ?

DB : Oui, certaines installations de petite et de moyenne importance fonctionnent mal. Certains aménagements intérieurs sont mal adaptés ou détériorés. Les portes peuvent même mal fermer. Bien souvent, le nettoyage est aléatoire. Quelquefois, la bouteille vide sert de repose-tête.

Les groupes de froid sont bien souvent arrêtés. Leur manque d’entretien entraîne des nuisances sonores, et leur non-entretien provoque du givre, leur grille est obstruée et vétuste. La majorité des installations du groupe frigorifique est faite directement sur le module de conservation et donne directement dans le laboratoire, ce qui fait monter la température, avec effet amplifié en cas de présence de plusieurs groupes dans une même pièce.

L’unité de filtration et désinfection n’est pas systématiquement mise en fonctionnement. Le moteur est souvent trop bruyant dans un milieu silencieux souvent proche des lieux de recueillement. Son interrupteur est parfois inaccessible ou mal identifié. Quand les filtres sont obstrués, ils sont inefficaces. Bien souvent, les grilles sont encombrées par des objets hétéroclites (poubelles, meubles, tables…). Et malheureusement, le personnel méconnaît les risques d’obstruction et d’utilisation du dispositif de filtration. Le suivi des entretiens et des changements de filtres est généralement inexistant.

Le chariot élévateur, lui aussi, ne déroge pas à la "règle" de ces mauvaises pratiques : faible entretien de l’équipement, usure prématurée du matériel, fuites d’huile, freins, roues dévissées, soudures fatiguées, vétusté, rails tordus. Il est utilisé à d’autres applications que pour le déplacement de corps et avec risques non prévus par le constructeur, augmentant le risque de blessures (écrasements des membres, coupures, pincements, chutes). Aussi et bien malheureusement, le chariot élévateur est utilisé en remplacement des tables de préparation des corps, pour réaliser le soin de conservation ou la toilette.

Quand le plan de travail est absent, ou trop petit, ou en matériau poreux, ou quand il est trop éloigné de la table de préparation de corps, le thanatopracteur ne sait pas où poser son matériel. Ce qui complique son travail, voire le rend dangereux. Les bacs de lavage-éviers sont régulièrement hors fonction (pas d’eau, servant de bac à rangement).

Le matériel est mal entretenu, sale, bouché ou entartré. Voire l’eau chaude est absente, ou à l’inverse distribution d’eau bouillante uniquement, ce qui entraîne des difficultés de nettoyage et désinfection des instruments, dilution des produits chimiques. Les éléments de robinetterie manuels – danger de contact contaminant pour l’utilisateur. Sans parler des éviers avec fuite d’évacuation, mauvaises odeurs de siphon, ou la vidange du reste de produit dans l’évier.

Pour la poubelle des DASRI (Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux), la signalisation spécifique est mal adaptée (pas de plastification, mauvaises dénominations). Sa couleur peut être inappropriée par rapport aux codes des couleurs permettant d’identifier la nature des déchets, et entraîner des confusions avec l’élimination des autres déchets. Rares sont les locaux où la poubelle est de couleur verte pour les déchets classiques (type ménagers), et jaune pour les déchets à risques infectieux (type DASRI).

Pour le siphon sol, bien souvent, celui-ci n’est pas équipé d’un panier, ou le panier est obstrué, entraînant les mauvaises odeurs. Leurs entretiens sont sporadiques, sûrement par manque de formation des personnels à leur importance. Enfin, pour le lavage des mains, on note souvent l’absence de distributeurs à papiers, l’absence de distributeur à savon, l’utilisation d’un savon classique, non bactéricide et virucide. Aussi, le savon et les papiers peuvent être non disponibles faute de ravitaillement.

R : Aussi, grâce à ces nombreux retours d’informations, vous pouvez adapter votre proposition aux besoins de vos clients… Disposez-vous de solutions adaptées à la plupart des problématiques observées jusque-là ?

DB : Pendant presque 3 ans, j’ai participé aux travaux du CNOF (Conseil National des Opérations Funéraires), en tant qu’expert dans le sous-groupe de travail n° 1 "techniques de soins". Ces travaux ont abouti à la rédaction d’un guide (Guide de recommandations relatif aux parties techniques des chambres funéraires et mortuaires).

Validé par le CNOF, ce guide est disponible depuis octobre 2020 en téléchargement sur le site du ministère de l’Intérieur, Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL). Toutes les préconisations y sont résumées, et ne sont bien entendu pas que les propositions d’Isofroid, mais celles de l’ensemble de la profession.

Effectivement, Isofroid a fait des propositions innovantes, en particulier grâce à son service R&D, et bien entendu l’écoute des besoins de ses clients. La mise au point de ces nouveaux "équipements" a été réalisée conjointement avec ses clients, la médecine du travail et la CRAM, afin de s’assurer de la correspondance de ce matériel avec les besoins des clients, du respect de la réglementation et des normes en vigueur. Nous avions d’ailleurs déjà parlé, en avril dernier, dans Résonance, de l’évolution de ces normes (cf. Résonance n° 169).

R : Vous serez présents au prochain salon FUNÉRAIRE PARIS 2021… quelles innovations les visiteurs pourront-ils découvrir sur votre stand ?

DB : Comme indiqué au chapitre précédent, Isofroid a développé une solution tout à fait innovante pour la réalisation des soins de conservation et des toilettes : Isocart®. Cette table-chariot sera d’ailleurs présentée au prochain salon FUNÉRAIRE PARIS. Cet équipement est destiné à la réalisation des soins et toilettes tout en respectant scrupuleusement la réglementation funéraire et les normes en vigueur.

Directement inspiré des tables-chariots utilisées en Arabie saoudite dans les chambres funéraires pour les toilettes rituelles, il a bénéficié en plus de l’apport sous l’aspect "de la pratique" de l’un des clients d’Isofroid. Moins encombrant qu’une table d’autopsie aspirante (et surtout beaucoup plus économique pour les pompes funèbres), il permet d’éviter à l’opérateur d’inhaler les odeurs et vapeurs nocives issues du corps, et du procédé de soin de conservation (fluides toxiques à base de formaldéhyde ou fluides irritants sans formaldéhyde).

De conception robuste en inox 304, il supporte des corps jusqu’à 300 kg. Il est facile à manœuvrer et à entretenir, et convient complètement aux gestes pratiqués par le thanatopracteur, tout en le protégeant. Son plan de travail est à hauteur variable et possède un système de proclive-déclive, afin de prévenir les risques de TMS (Troubles Musculo-Squelettiques).

R : À l’approche du salon, y a-t-il une dernière précision que vous souhaitiez apporter à vos clients ?

DB : La solution Isocart®, développée par Isofroid, prend tout son sens quant à l’évolution de l’utilisation des fluides de thanatopraxie à base de formaldéhyde. Je saisis l’occasion pour rappeler qu’Isofroid a développé un fluide de conservation sans formaldéhyde, Art Cav Secure, qui commence à être utilisé un peu partout sur le territoire. Fin 2022, il ne sera pas probablement prononcé l’interdiction du formaldéhyde, mais une utilisation de manière très restrictive de ce formaldéhyde.

Le captage à la source proposé par la solution Isocart® est l’un des possibilités.

D’autres solutions existent, comme les tables d’autopsie aspirantes, ou le local équipé avec des panneaux aspirants. Elles sont plus onéreuses, beaucoup plus contraignantes en termes d’installation, et peu adaptées aux locaux déjà existants. Nos métiers sont en train d’évoluer et il me semblait important de rappeler que, pour pouvoir continuer à réaliser des soins de conservation en 2023, il faudra prévoir de basculer vers des fluides de conservation sans formaldéhyde, ou s’équiper de matériel captant à la source les produits toxiques cancérigènes, et/ou irritants.