Le cercueil en carton Alterco trouve peu à peu sa place en crémation

 

Si le cercueil en carton – ou devrions-nous dire une certaine forme de cercueil en carton – est soudainement médiatisé, il le doit paradoxalement à la crise du Covid-19 qui frappe le monde entier et particulièrement les grandes métropoles nord-américaines. Devant l’affluence des décès et le recours en très grand nombre à la crémation, ce sont les gestionnaires de crématoriums qui ont imploré les opérateurs funéraires de proposer en priorité des cercueils en carton aux familles afin de réduire le temps de crémation des défunts.

L’urgence commande au plus grand nombre

Si les Américains sont souvent à l’origine des modes qui touchent le vieux continent, il ne faut cependant pas généraliser. L’épidémie Covid-19 a surpris tout le monde, et également l’univers funéraire. Pour des métropoles de plusieurs dizaines de millions d’habitants, le traitement soudain des défunts est un problème d’urgence absolue. Encombrement des chambres funéraires, cérémonies limitées en nombre d’assistance, crématoriums fonctionnant en continu, les problèmes deviennent vitaux. En cela, le choix du cercueil en carton est une bonne option.

Les formats utilisés, l’esthétique de ces cercueils s’assimilent plus à des conteneurs qu’à la vision que nous avons d’un cercueil. État d’urgence oblige, les autorités américaines ont apporté les réponses pertinentes en de telles circonstances. "Il faut cependant relativiser, l’organisation funéraire américaine ne ressemble pas à la nôtre, et pour ce qui est de la perception que nous avons des cérémonies funéraires, nous sommes également loin de leurs habitudes", souligne Pascal Defosse, président d’Alterco, société créatrice et productrice de cercueils en fibre de cellulose recyclée. Et d’ajouter : "Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt la crise outre-Atlantique, mais les comparaisons sont difficiles. Pour ce qui est d’Alterco, nous notons que la demande augmente de jour en jour et que les temps de crise sont toujours propices à la remise en cause des habitudes de consommation et du mode de vie. Prenons pour exemple le télétravail qui était marginal et qui est propulsé comme exemple à suivre, au point de déstabiliser le marché de l’immobilier professionnel. Il en sera de même pour le funéraire, à n’en pas douter."

Crise de la matière première et respect de l’environnement

Il est un fait établi que la filière bois traverse une période compliquée. Il y a, d’une part, une forte demande des marchés asiatiques sur des essences comme le chêne, ce qui a pour conséquence une raréfaction de celles-ci et une hausse des coûts, et d’autre part, une crise qui affecte les forêts d’Europe occidentale. Une des conséquences de cette crise sanitaire est un effondrement des prix, car le bois sain épargné par les scolytes ou les champignons est coupé prématurément par précaution. Il est donc aujourd’hui très bon marché, et les exploitants forestiers, qui encore récemment vendaient leur bois à 60 ou 70 € le m3, en sont aujourd’hui réduits à le négocier parfois aux environs de 10 €. Tout ceci impacte la chaîne de fabrication, de distribution et de commercialisation des produits.

Pour Pascal Defosse, l’avenir passe par la fibre de cellulose : "Le cercueil dit "en carton" a su faire sa révolution culturelle et repenser totalement son concept. Le design de nos produits Alterco est similaire aux cercueils en bois, sa résistance mécanique ne fait aucun doute et son homologation atteste de sa conformité à la réglementation française et en particulier aux exigences de la norme NF D80-001-1.
Économiquement attractifs, qualitativement éprouvés, les légendes urbaines qui voulaient que le cercueil en carton soit indigne, peu fiable et polluant, ne tiennent pas une seule seconde devant les faits, et surtout la prise de conscience environnementale des consommateurs. C’est justement cette évolution de la société vers plus d’écologie, d’énergies renouvelables, de recyclage des matières premières, qui justifie à elle seule l’ensemble des produits Alterco".

Une nouvelle dimension pour les années à venir

Une étude de marché, réalisée en mai 2020 dans les 15 plus grandes métropoles de France auprès d’un échantillon de sondés de 50 ans et plus, déclarant choisir la crémation lors de leur décès, montre que 93 % des personnes interrogées privilégient un cercueil écologique réalisé en matériaux recyclés. Seuls 7 % restent déterminés à sélectionner impérativement un cercueil en bois massif.

"Le développement du concept de cercueil en fibre de cellulose impose la mise en place de moyens matériels et humains importants, ainsi que la participation de groupes financiers, mais pas seulement. À cet effet, nous réalisons une levée de fonds au travers du site de financement participatif "Happy Capital", préalable à une autre plus conséquente. Cette seconde levée de fonds, nous la destinons toujours à l’industrie funéraire en général, opérateurs, enseignes, réseaux, constructeurs... Le processus débute en novembre et nous sommes confiants pour ce qui est des résultats, les pré-tests étant particulièrement encourageants", précise Pascal Defosse.