Notre magazine Résonance s’est fait l’écho il y a quelques mois de la création d’une nouvelle entreprise dédiée au transport de corps avant et après mise en bière : Funé-Transport. Jean-Michel Cally, son fondateur, par cette démarche, cherche à développer une activité sur un secteur où il reste beaucoup à faire, notamment dans le 24/24 x 7/7. Qu’en est-il après quelques mois d’activité ? Confessions…
Jean-Christophe Cally, assistant funéraire au sein d’une entreprise de la région bordelaise, décide au début de l’année 2018 qu’il est temps de voler de ses propres ailes. Ainsi est né Funé-Transport à Montagne-Saint-Émilion en région Aquitaine. "J’ai estimé être prêt pour créer ma propre entreprise et j’ai bien sûr fait les investissements nécessaires, notamment sous la forme d’une flotte composée de trois Vito Mercedes homologués pour le transport avant et après mise en bière. Je me suis rapproché également d’un certain nombre d’opérateurs funéraires afin de m’assurer leur clientèle, mais il faut aller plus loin, et vite."
Créer une entreprise est un sacerdoce
"Faire du transport de corps H24, c’est la promesse de notre entreprise Funé-Transport. Créer une entreprise, c’est du H24 pour son fondateur", souligne non sans humour Jean-Michel Cally.
"C’est le centre principal de vos préoccupations, les investissements, la fiscalité, les salaires et les charges, même avec une activité qui fonctionne, vous êtes sur le pont en permanence. Les moments les plus gratifiants sont ceux passés avec les familles. Beaucoup demandent à nous accompagner lors de nos transports. Il s’agit en général du conjoint ou de la conjointe de la personne disparue. Durant le voyage, nous avons le temps d’échanger.
Bien sûr, ce ne sont pas les discussions de tous les jours… Il arrive toujours un moment où, le/la passager(ère) a besoin de parler du défunt, de sa vie, de sa relation avec elle/lui. La cabine se transforme alors en une espèce de confessionnal, où je suis plus à l’écoute que je ne parle. Je laisse la personne évoquer ses bons moments, ça lui fait du bien, elle se décharge ainsi d’une part de sa tristesse sur moi, pourtant un parfait inconnu, comme si je la connaissais depuis toujours. Ces instants sont particulièrement intenses émotionnellement, mais je n’échangerais ma place pour rien au monde.
C’est exactement l’expérience que j’ai eue lors d’un transport Bordeaux-Glasgow, un parcours de 1 700 km qui dura près de 22 heures, arrêts compris. Vous comprenez alors que le transport de corps n’est pas une simple affaire de kilomètres, mais un espace d’empathie où votre interlocuteur se confie à vous et attend en retour une oreille discrète et de confiance. C’est pour cela que je suis particulièrement attentif aux qualités humaines de mes collaborateurs. Notre mission est une mission de confiance."
Condamné à grandir
Qui n’évolue pas régresse, c’est le constat de Jean-Michel Cally : "Je crois que toutes les entreprises passent par le même chemin. D’abord, sortir de "la vallée de la mort", c’est-à-dire, vivre sur vos fonds propres en développant vos contacts et votre clientèle, assumez vos risques bancaires et salariaux, c’est vraiment un moment intense… Ensuite arrivent les premières missions et le moral qui va avec, mais vous savez qu’il faut absolument persévérer et passer le plafond de verre qui vous sépare d’une nouvelle zone où vous aurez à vous consacrer à votre développement de façon plus sereine.
Nous sommes à cette frontière et nous devons la franchir. Le magazine Résonance nous a été d’un grand secours. Votre article a été bénéfique, et le regard que vous portez sur les PME est beaucoup apprécié, je le sais. J’espère que, grâce à cela, nous pourrons entrer en contact direct avec les opérationnels des groupes Mutuelles et Assurances ou même de leurs interlocuteurs transporteurs… Pourquoi pas ?
La lisibilité est importante, et communiquer également. Le seul reproche que je me fais est de ne pas avoir eu le temps de développer un site Internet, faute de temps. Ce sera corrigé rapidement, nous le ferons bilingue français et anglais, l’anglais étant la langue internationale parlée dans la grande majorité des pays anglo-saxons et nordiques. Notre volonté est de poursuivre l’aventure de l’entreprise en apportant toujours un service d’une réelle qualité avec des véhicules adaptés et confortables pour les accompagnants, mais surtout avec le concours d’un personnel trié sur le volet et compétent du point de vue des exigences de la profession".
Ouvrir des lignes, de nouvelles voies
"Je souhaite également créer un maillage avec des opérateurs funéraires répartis sur l’ensemble de l’Hexagone, et ainsi créer de véritables lignes de transport funéraire. Pour notre part, nous sommes des opérationnels 100 % mais, si nous sommes plusieurs entités complémentaires, nous pouvons réfléchir à ce type de projet équilibré et bénéfique à l’ensemble des parties prenantes. C’est bien connu, seul, on ne peut pas grand-chose et, à plusieurs, on réfléchit plus vite. Or donc, la porte est ouverte", conclut Jean-Michel Cally.
On aura bien compris que Funé-Transport ne demande qu’à se développer et que la ténacité de son fondateur ne peut laisser indifférent ; et, surtout, qu’il ne pratique pas la langue de bois. C’est le vœu que nous formulons pour lui : gagner ce challenge économique et accomplir ce projet tellement humain et que nous connaissons tous d’expérience.
Le tissu économique des PME funéraires est vital pour le bien-être de l’ensemble de notre profession, et est essentiel dans la mission d’accompagnement des familles en deuil, même si ce volet s’effectue hors cérémonie, donc loin des yeux. Il n’en demeure pas moins vrai que ce rôle est d’importance et mérite d’être souligné, soutenu.
Jérôme Maniaque
Résonance n°150 - Mai 2019
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