Dans un contexte de concentration des activités de gestion des crématoriums aux mains d’un petit nombre d’opérateurs de taille nationale, et de croissance continue des pratiques crématistes en France, le Groupe Dabrigeon a créé une filiale, la Société Nouvelle de Crémation. Elle se pose désormais en alternative originale et respectueuse de la libre concurrence dans l’activité de pompes funèbres.
Denis Dabrigeon. |
L’identité familiale de la maison-mère, sa taille respectable sur le marché et son credo en faveur de toutes les PME de pompes funèbres sont autant de facteurs qui portent à l’échelle nationale une ambition issue du niveau régional, respectueuse de la liberté des familles et pleinement attentive à la qualité.
Serge Dabrigeon est une figure respectée dans la filière funéraire. Il s’est associé de longue date à l’histoire de la Fédération Française de Pompes Funèbres (FFPF) en assumant un rôle de premier plan dans sa région de l’Auvergne. D’une PME familiale, il a fait un Groupe régional dont la présidence est aujourd’hui assumée par son fils Denis, lui même très impliqué et depuis longue date dans la croissance de l’entreprise. Pour parler chiffres, la famille Dabrigeon emploie aujourd’hui 350 personnes sur huit départements autour des activités classiques de pompes funèbres et de marbrerie.
Mais, depuis 2017, une décision stratégique majeure a été prise avec le lancement d’une filiale dédiée à la création et à la gestion de crématoriums. C’est à ce propos que Résonance a rencontré Denis Dabrigeon.
Résonance : Pourquoi avoir créé cette filiale, et dans quel objectif ?
Denis Dabrigeon : Cette initiative aurait pu viser un simple objectif de prudence en investissement, dans une logique de filiale indépendante et offrant en outre une garantie théorique de neutralité dans la mission de gestion déléguée d’un service public. Il faut en effet distinguer l’opérateur de pompes funèbres local et sa filiale gérant éventuellement le crématorium en activité dans un périmètre géographique identique. D’emblée cela n’a pas été notre cas, avec l’obtention d’un premier crématorium à Saint-Cernin, dans le Cantal, où notre Groupe n’est pas implanté. Idem pour le deuxième obtenu en gestion déléguée, situé à Brissac dans le Maine-et-Loire, département où nous n’étions pas actifs.
Notre filiale crématiste s’est frottée depuis à d’autres appels d’offres dans des conditions similaires d’absence territoriale immédiate de nos activités de pompes funèbres. La Société Nouvelle de Crémation (SNC) n’a donc pas pour objectif premier de consolider nos implantations traditionnelles dans les huit départements où nous sommes implantés physiquement, même si nous venons d’être choisis comme délégataires du crématorium qui sera créé sur la commune d’Yzeure, en périphérie immédiate de Moulins.
En réalité, la SNC va se développer comme un nouveau métier à part entière dans le bouquet des spécialités que nous pratiquons, et cela, à l’échelle nationale, sous condition d’une gestion prudente et avisée, bien entendu.
R : Aborder ainsi une nouvelle spécialité qui est réputée accessible à l’échelle d’un Groupe dès qu’il s’agit de gérer à distance un crématorium, n’est-ce pas un pari risqué pour une entreprise familiale, a fortiori dans les années de lancement ?
DD : Les autres arrivent bien à le faire, pourquoi pas nous ? Au point où nous en sommes aujourd’hui, nous entretenons déjà, tout confondu, un parc d’établissements couvrant une superficie intérieure de 33 000 m2 sur un territoire espacé de plusieurs centaines de kilomètres. Quelle est la difficulté majeure ? Je vais vous le dire : c’est répondre parfaitement aux besoins des familles endeuillées. Et sur ce point, nous accueillons déjà chaque année quelque 10 000 familles, en atteignant un niveau de 99 % de satisfaction auprès d’elles.
À l’époque des liaisons par Internet et avec le concours de l’amont des fournisseurs spécialisés, pourquoi voudriez-vous que nous soyons moins compétents que d’autres opérateurs, fussent-ils de taille importante ? En fait, l’originalité qui valorise désormais notre candidature sur les appels d’offres, c’est que nous sommes aussi structurés qu’un Groupe, et aussi personnels qu’une entreprise familiale peut l’être. Quand vous ajoutez à cela une sensibilité proche des terroirs et en harmonie avec les PME susceptibles de faire appel au crématorium, vous comprenez sur quel registre nous sommes capables de convaincre de plus en plus d’élus, outre le degré de confiance que nous espérons bien consolider avec nos confrères pratiquant les pompes funèbres.
Façade du crématorium de Brissac.
R : Justement, quel message voulez-vous adresser à ces derniers pour qu’ils vous accordent cette confiance ?
DD : Nous ne sommes pas similaires aux opérateurs majeurs en France, et notre volonté n’est pas de le devenir mais d’évoluer parallèlement à la mutation du secteur. Proportionnellement à l’importance de nos activités classiques, nous étions sous-dimensionnés sur le créneau de la crémation alors que tout un chacun sait que cette pratique est dans la tendance d’évolution des prochaines décennies. Dont acte, nous entendons tenir notre rang sur ce point et, pourquoi pas, pousser l’avantage un peu plus loin, car les conditions du marché nous semblent favorables.
En effet, la reconcentration en cours, après relâchement concurrentiel provoqué par la sortie du monopole communal en 1993, repose sur deux piliers : la crémation et les contrats obsèques. Pour mon père comme pour moi, nous nous opposons mordicus à cette évolution qui limitera la liberté d’entreprendre et la performance du rapport qualité/prix offert aux familles. Tout monopole s’exerce aux dépens du payeur final, qui est ici, de surcroît, une famille touchée durement par le deuil, et cela, bien souvent dans des conditions financières de plus en plus difficiles.
Nous espérons alors que les élus seront sensibles aux contours de notre proposition et qu’ils ne feront pas le jeu de promesses intenables en matière de prix et de redevances. Nous concevons en effet l’exercice de gestion d’un crématorium pour qu’elle offre un maximum tant aux familles qu’aux professionnels intervenant dans l’établissement. Nous désirons que tous les usagers de nos crématoriums fassent l’objet de services attentifs, ce qui vaut tant pour les familles que pour les professionnels qu’elles ont choisis. Nous partons du principe qu’un collègue peut tout nous demander dans l’établissement, dans le respect cependant des règles de sécurité et d’emploi des matériels.
Toute déontologie concrète nécessite de travailler avec générosité, loyauté, bon sens et bienveillance. Cette disposition d’esprit nous guide dans l’exécution de nos missions dans le Groupe. C’est le fil rouge de notre déontologie qui se décline dans une charte élaborée originalement chez nous, avec nos mots, nos principes et notre histoire. C’est notre identité, notre drapeau personnel à partir duquel chacun pourra se faire une idée précise de notre façon de gérer un crématorium…
Résonance numéro spécial - Décembre 2018
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