Tout est parti d’une réponse, donnée par un élève lors d’une formation : "Quand je vais chercher un défunt, je mets des gants si la maison de retraite n’est pas propre…" Sic
La réponse pourrait faire sourire si les risques encourus n’étaient pas aussi sérieux
"Notre comportement dans le funéraire est assez symptomatique, explique Florence Fresse, directrice de l’E.NA.ME.F (École Nationale des Métiers du Funéraire). Nous nous revendiquons comme des professionnels et agissons sans les équipements de protection avec des arguments aussi divers que farfelus parfois. J’ai également entendu un élève me dire que ça pouvait gêner les familles de voir un porteur avec des gants et une blouse. Là, j’avoue, je me suis sentie un peu désemparée, ajoute-t-elle. Et j’ai repris le dessus en proposant un vrai cours d’hygiène et de manipulation aux futurs diplômés".
Travaux pratiques durant les cours.
Leur formateur leur enseigne que le défunt est par définition pathogène, ce qui sous-entend qu’il faudra le manipuler avec des précautions particulières. "De la même façon, ironise Florence, si vous étiez hospitalisé en attente d’une opération délicate, imagineriez-vous votre chirurgien arriver en tongs, short et tee-shirt à fleurs pour vous opérer ?"
Il semble que beaucoup soient plus à l’aise dans le costume sombre des porteurs ou des maîtres de cérémonie lors des convois qu’avec une blouse, des surchaussures et des gants.
C’est pourquoi, lorsqu’ils arrivent en formation, les élèves apprennent les raisons pour lesquelles il est important de se protéger dans des situations considérées comme à risque. Et aussi les gestes de prévention et les manipulations qui leur épargneront le mal de dos. "Rien ne vaut à mon sens la pratique, car elle permet de voir ce qui ne va pas et de corriger gestes et postures. Si tous savent enfiler des gants de protection, bien peu savent en revanche les enlever". Dont acte.
Florence Fresse
Directrice de l’E.NA.ME.F
Résonance n°139 - Avril 2018
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