Installée à Périgueux, la pompe funèbre FGS se spécialise peu à peu dans la fabrication en 3D d’objets funéraires innovants, urnes, plaques et statuettes. Elle se lance également dans la location-vente de telles imprimantes à destination des professionnels.
En trois années, la fabrication d’objets funéraires en 3D (urnes, plaques) est devenue l’activité principale de FGS, pompe funèbre à Périgueux. "Elle représente même aujourd’hui plus de 85 % de notre chiffre d’affaires", précise l’un de ses promoteurs, Christophe Magoutière. Une surprise pour la jeune entreprise, convaincue que cette technologie peut ouvrir de larges possibilités.
Des mains formant le cœur.
Au départ, il s’agissait de se distinguer de la concurrence locale. "Mais nous tenons à préserver l’activité de pompe funèbre pour conserver aussi le contact avec les familles." FGS a créé des prototypes pendant plus d’une année. Il fallait évaluer la finition, obtenir une qualité acceptable, connaître les limites.
"Nous avons pris conscience que nous devions monter en gamme en termes de visuel, d’aspect, de toucher. Nous avons pu constater lors du dernier salon FUNÉRAIRE PARIS que la demande était là. Nous avons mis le doigt dessus. Les professionnels du secteur sont très friands de nouveautés. La personnalisation représente en effet désormais une grosse demande. Nos produits sont novateurs, personnalisables et modulables. Si une famille ou un professionnel commande une urne spécifique, je la produis à partir d’un fichier informatique, après validation du client. Je peux faire des pièces uniques. Il n’y a pas de frais de développement, et le prix final s’en ressent."
Des objets en amidon de maïs
Devenu l’une des plus grosses "fermes" d’Aquitaine, selon le jargon consacré, FGS est désormais capable de produire d’une seule pièce à vingt mille. La société disposait de six imprimantes l’an passé, elle en a vingt aujourd’hui. "Nous sommes toujours en recherche, toujours entre production et prototype, d’autant que nous sommes testeurs pour notre fournisseur, poursuit Christophe Magoutière.
Au départ, nous fabriquions à partir de polymères ABS, très présents dans les casques de moto, les briques de Légo, les ailes de voitures. Nous nous orientons aujourd’hui vers l’amidon de maïs (le PLA), éco-responsable, plus résistant en extérieur. Nous pouvons décliner nos produits dans toutes les couleurs imaginables, et mélanger avec de la fibre de bois (rendu bois), des poudres métalliques, des paillettes. Et même si le funéraire nous limite en termes de couleurs, des clients nous ont commandé une urne fuchsia ou un ballon de foot jaune fluo. Nous pouvons imprimer un objet en une journée, et livrer en deux jours."
Au salon FUNÉRAIRE PARIS, le stand de FGS proposait des urnes variées, des plaques, des figurines (anges, vierges). Preuve d’un savoir-faire, deux statues trônaient sur les présentoirs, réalisées à partir de plans en ligne d’œuvres du Louvre mis à disposition par le musée. "Les capacités de notre outil vont au-delà de l’usinage. Nous pouvons créer des designs impossibles d’habitude, comme notre modèle d’urne Éden, une sorte de cœur avec un drapé au-dessous et une sorte de filet qui vient l’entourer."
L’entreprise fournit aussi de petites statuettes pour agrémenter les cérémonies et aider les vivants. Une idée née lors de l’inhumation d’un jeune homme, pour que l’hommage soit différent. "J’ai proposé de poser sur le cercueil des petits papillons blancs. On en a imprimé une centaine, placés dans un pochon en tissu. Cela a complètement transformé la cérémonie. Au moment de l’inhumation, le cercueil en était recouvert. La famille a été très reconnaissante. Du coup, nous nous sommes dit que nous allions développer ce produit. Depuis, nous imprimons d’autres papillons, des petits cœurs, des anges, des statuettes simples à transporter et à proposer."
Urne Eden.
Location-vente d’imprimantes 3D
Pour amplifier cette dynamique de production et diffuser ces produits funéraires novateurs, FGS a initié l’an dernier un système de location-vente d’imprimantes 3D, avec maintenance et fourniture de consommables. La machine est implantée chez le client, livrée avec un minimum de trois codes correspondant à trois designs, trois objets au coloris de son choix (les artefacts pour cérémonies, des vases de columbarium, des urnes destinées à l’inhumation en pleine terre ou à la dispersion des cendres). S’il souhaite imprimer d’autres objets, le client peut acheter d’autres codes numériques.
"Pour nous, souligne Christophe Magoutière, cela dégage du temps. Mais ils ne peuvent pas produire tout ce que nous proposons. Les urnes en finition velours, par exemple, nous seuls sommes en capacité de les procurer." L’entreprise de Périgueux réfléchit également à la possibilité d’imprimer de plus grandes statues destinées aux monuments funéraires. "Une statue de Vierge, par exemple. Nous procédons à des tests depuis le début d’année dans une machine dédiée. Nous pouvons y imprimer des pièces jusqu’à deux mètres de haut." Certes, le granit ou le bronze auront une durée de vie plus longue, mais pareil objet 3D pourrait présenter bien des atouts, notamment son prix, dès lors que la qualité du matériau et le rendu esthétique auront été validés.
Olivier Pelladeau
Résonance n°137 - Février 2018
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :