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Lancé depuis 2011 dans la quête innovante d’un cercueil éco-responsable, débarrassé de ses solvants polluants au bénéfice de l’eau, Carles Funéraire (50 000 unités l’an) devrait avoir converti l’ensemble de sa gamme d’ici fin 2019. Explications.

Carles
Logo 100 hydro  

 

C’était la nouveauté mise en avant en novembre lors du dernier salon FUNÉRAIRE PARIS sur le stand de Carles Funéraire : le 100 % hydro, label dédié à l’appui. Dans l’entreprise aveyronnaise, l’heure n’est plus aux solvants. Des résines aqueuses sont désormais appliquées sur 28 % de la gamme, et sur la totalité des modèles (classiques aux plus contemporains) d’ici à fin 2019, à mesure que l'entreprise investira dans l’appareil de production, selon la directrice générale Jacqueline Carles.
"Une entreprise a un impact sur l’environnement, explique-t-elle. Notre souhait a été de diminuer cet impact, d’être éco-responsables. C’est notre philosophie, d’autant que nous produisons 50 000 cercueils par an. La société française évolue, et les déchets des entreprises sont observés". De 2014 à 2016, les rejets de notre unité de production en composés organiques volatils ont diminué de près de 36 %. L’objectif est encore de les réduire ces prochains mois de 42 %.

Espace Hydro gros planEspace hydro.
© Entreprise Carles Funéraire.

Procédés de fabrication revus

Les procédés de fabrication ont été revus. Ainsi, les chutes de bois sont notamment récupérées afin de chauffer l’usine de production de Sonnac (entre Rodez et Cahors) et d'alimenter les chaînes. Le surplus est transformé en plaquettes et bûchettes, puis revendu localement.

Mais il n’y a pas que cet aspect-là. La santé des salariés est également en jeu quand des solvants se montrent dangereux et cancérigènes. "Nous avons toujours pris soin d’équiper nos employés pour les protéger afin qu’ils ne respirent pas ces produits. L’hydro, de ce point de vue, est désormais un confort".

La dirigeante de cette entreprise familiale souligne d’ailleurs que cette collaboration partagée chez Carles permet d’être plus créatif et de proposer davantage de solutions. Le pôle Recherche mis en place implique tout le monde (jusqu’aux clients) autour de la quête de nouvelles méthodes, de nouveaux modèles. Une démarche portant tant sur la production, sur la gestion du stock que sur les produits eux-mêmes.

"Pour changer ce que l’on met sur le cercueil, il faut complètement modifier le process. Chez nous, les modifications se font progressivement, confirme Jacqueline Carles. Pour l’hydro, nous avons voulu anticiper pour ne pas avoir à travailler dans l’urgence si une réglementation devait l’imposer. Nous avons besoin de temps pour optimiser la méthode et le rendu de nos produits. Nous avons fait évoluer constamment notre chaîne de production, et investissons régulièrement".

C’est ainsi que ce souci écologique s’est concrétisé dans l’entreprise dès FUNÉRAIRE PARIS 2011. Carles y présentait sa gamme baptisée "Naturel", la première utilisant l’hydrocire, donnant un aspect où le veinage du bois commençait à apparaître. "Notre premier modèle de ce type s’appelait Niagara. Il était bleu, pour interpeller, pour commencer à habituer à un toucher différent, à autre chose que l’aspect glacé des finitions traditionnelles. Quelque chose plus en corrélation avec ce que l’on voit dans le meuble et le parquet.

FuneraireParis17 102Modèle Ardoise de la gamme Expression.
© Entreprise Carles Funéraire.

Un logo pour se démarquer

Le 100 % hydro poursuit dans cette voie à toutes les étapes de la finition. "Plus de solvant. La surface du bois est brossée juste avant de diffuser le vernis à base d’eau. Les solvants s'évaporent à l'application, alors que l’eau va rester à la surface et relever le poil du bois d’où la nécessité du brossage. Cela va changer le contact avec la matière donnant un aspect plus naturel, raffiné, et créer une surface plus structurée où l’on sent la fibre du bois. Le bois respire à nouveau. Dans l’ancien procédé, en le vernissant, on bouchait ses pores d’un côté. Ce qui créait une différence d’aspect".

Ce temps de développement, c’est aussi du temps donné pour la pédagogie. "Nous n’avons pas envie de forcer les choses, même si nous recevons un bon accueil de nos clients. Certes, notre volonté est de convertir toute notre gamme d’ici fin 2019, mais nous voulons nous donner le temps de convaincre en douceur, de susciter un véritable intérêt".

Pour y parvenir, Carles s’est doté d’un outil de communication : un logo 100 % hydro. "Il sert à nous démarquer, à revendiquer notre travail. Il est aussi utile à nos clients qui, ainsi, possèdent un argument supplémentaire face à la demande croissante, par les familles, de produits plus propres. Tout comme il peut exister un intérêt pour le made in France. D’ailleurs, à ce sujet, 90 % du bois que nous utilisons est issu de forêts françaises, et nos cercueils sont labellisés 'Fabriqué en Aveyron'."

La gamme Expression, pour personnaliser les cérémonies

Orné de nombreux messages à la craie laissés par les visiteurs, son modèle Ardoise (issu de la gamme Expression) avait été un succès remarqué du salon FUNÉRAIRE PARIS 2015. Carles a été un des premiers à se lancer dans la personnalisation avec sa gamme baptisée Expression. La société cherchait ainsi à donner "une autre vision du deuil". Pour Jacqueline Carles, l’idée est de faire que les familles puissent se réapproprier les cérémonies, les construire à leur image, laisser une empreinte et libérer l’expression du deuil par l'écrit et le dessin.

"Notre société a notamment petit à petit éloigné les enfants, en leur faisant peur avec l’idée de la mort. Là, nous démystifions le rapport au défunt, nous revenons aux anciens enterrements où tous se retrouvaient et partageaient le deuil. J’en ai fait l’expérience avec des amis. Pouvoir écrire à la craie et décorer sur le cercueil a été un exutoire. Et puis ce modèle-là, après la cérémonie, les gens en parlent et s’en souviennent. Ce qui n’arrive pas avec d’autres modèles classiques".

"Le revêtement par application d’une finition pigmentée est un décor ardoise mis au point avec un de nos fournisseurs. Je lui demandais une accroche par rapport à la craie. Quand on écrit, on a l’impression que la surface du revêtement retient la matière. Quand on colorie avec la craie, elle s’étale bien. On ne l’aurait pas fait par exemple avec du vinyle, cela ne rentre pas dans notre démarche. Il y avait une vraie demande pour ce type de produit et nombre d’entreprises s’en sont inspirées".

 

Olivier Pelladeau

Résonance hors-série n°5 - Décembre 2017

 

Instances fédérales nationales et internationales :

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