Innover tant qu’il y aura de l’originalité : le gérant de l’entreprise Cimtéa, Jérémie Lévy, poursuit le développement de sa collection Absolu de monuments funéraires contemporains, en prenant son inspiration dans l’architecture et le design.
S’il est un chef d'entreprise qui innove, c’est bien Jérémie Lévy, le gérant de la société mosellane Cimtéa. Avec sa collection Absolu de monuments très contemporains, ce passionné d’architecture et de design mêle avec succès les matériaux (pierre, métaux, verre), tentant pour sa gamme de trouver des harmonies qui embelliront l’hommage funéraire. La collection s’est récemment enrichie de trois nouveautés, qui portent chacune la marque du savoir-faire renouvelé de Cimtéa, à la grande satisfaction du réseau de distributeurs.
"Bien entendu, pour étendre cette gamme, il y a forcément une limite de prix de revient, explique Jérémie Lévy. Mais il n’y a pas de limite d’envie. Si quelqu’un me sollicitait pour créer un monument en bois précieux, c’est possible. On nous a dernièrement demandé d’élaborer un modèle Absolu en matériau composite Corian, un mélange à 93 % de poudre de quartz avec un liant de résine. Nous pourrons ainsi par exemple obtenir un blanc mat ultra. Cela fera l’objet de nos prochains développements grand public. Tant que nous aurons des idées, tant que nous ne serons pas dans la répétition, la collection s’enrichira. Et dans le futur, la technique nous permettra peut-être de créer encore de nouveaux produits."
Si la gamme propose des modèles standardisés, elle s’adresse aussi à une clientèle recherchant une pierre tombale singulière. L’entrepreneur imagine que cette dernière a toute sa place dans un cimetière comme Montparnasse, à Paris, terre d’artistes, d’écrivains, de grandes familles de l’industrie.
Modèle Adara.
Une dose de modernité encore plus poussée
"Nos derniers modèles offrent une dose encore plus poussée de modernisme", reprend Jérémie Lévy. Les fondamentaux demeurent, alliant toujours métal, pierre et verre trempé. La stèle en verre présente deux volumes identiques collés, résistants aux UV, aux défauts corrigés par abrasion, dotée d’un numéro unique de garantie, ensuite traitée selon la demande (peinture, impression numérique, sablage…), et le plus souvent fixée par deux poteaux inox.
Un des aspects les plus spectaculaires des nouveautés Absolu réside dans l’utilisation de l’acier Corten(1) (pour le modèle Adara). Les codes de la collection sont inversés. Le granit s’efface pour le métal employé pour la tombale, trempé dans un bain d’acide afin de travailler sa patine, le faire noblement rouiller. Il est ensuite passé à la polisseuse pour éliminer coulures et imperfections du traitement, lui donnant un éclat plus ou moins important selon les endroits. L’acier est plié pour lui donner de l’épaisseur (dix centimètres de haut), soudé, poli jusqu’à atteindre des arêtes nettes. Une finition manuelle bien entendu.
"Notre tradition granitière fait que nous avons ajouté dessus des dalles de pierre, avec un effet cuir. Cela donne un toucher en plus de l’aspect visuel. On le voit comme un escalier zen ou on y met la symbolique de la montée au Paradis."
Reconnu pour sa robustesse, sa longévité, matériau dans l’air du temps pour des bardages d’immeubles, des statues, de la décoration de jardin, du mobilier urbain, l’acier Corten a cette particularité qu’il se patine et se modifie après sa pose, au fil du temps.
Jérémie Lévy : "Ce qui m’intéresse avec cet acier dans le funéraire, c’est qu’il évolue avec le temps, les conditions climatiques, son exposition. Il est à l’image de la symbolique du deuil. D’abord la peine, le vide, puis la plaie se referme et les souvenirs restent."
Taillé en pointes de diamants
Ce façonnage de la matière apparaît pleinement sur un autre modèle, baptisé "Média". Un monument très étonnant et reconnaissable au premier coup d’œil par la surface du granit, taillé finement et poli en une multitude de pointes de diamant à partir d’une dalle pleine. Après une préparation de repérages, de marquages, le tailleur de pierre descend les épaisseurs au disque une à une. Un ouvrage manuel colossal et unique à chaque fois. "Ce n’est pas une pièce précieuse, mais plutôt une pièce ultime", résume le gérant de Cimtéa. Bien plus que fabriquant de pierre tombale (à laquelle est adjointe une stèle en verre), ces dernières créations se placent volontiers dans la lignée des objets design contemporains et des constructions intemporelles de créateurs comme Harry Bertoia et Le Corbusier.
Autant le modèle "Média" et ses diamants de granit arborent une simple stèle de verre, autant la référence "Reda" pratique l’inverse et en devient du coup financièrement plus abordable. Une tombale en granit noir fin poli, très classique, droite, sobre, contraste ici avec une stèle ouvragée, dans des lignes toujours contemporaines. Nuls poteaux inox ici. Le panneau de verre (de couleur, sablé ou imprimé) s’insère par la gauche de la stèle évidée dans une glissière de granit avec joint polymère. Une pièce en aluminium a été ajoutée sur le granit autour du verre, peinte par application de peinture poudrée, comme dans l’automobile. Dans l’idée, Cimtéa a travaillé l’objet comme un hommage, un écran rétrospectif de la vie du défunt.
Olivier Pelladeau
(1) Acier patinable à corrosion superficielle forcée, résistant aux différentes conditions météorologiques.
Résonance hors-série n°4 - Août 2017
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