Le savoir-faire d’une entreprise funéraire est souvent le résultat d’une longue tradition manufacturière, de l’acquisition et de la mémorisation de compétences ouvrières et de la qualité de la gestion entrepreneuriale (et ici familiale), qui sait créer avec hier les ambitions de demain. En complément de ces expertises "métier", s’ajoute avec le groupe Canard la fierté d’une production à 99 % française.
Une saga d’un demi-siècle
Côté expérience dans le bois, la famille Canard affiche sans compter 55 ans puisque c’est en 1962 que le menuisier Guy Canard décide de se consacrer à la fabrication de cercueils. L’idée fut bonne, car cette activité artisanale se transformera en 1971 en société anonyme… Ainsi naissent les établissements Canard. Mais l’aventure ne s’arrête pas là, loin s’en faut ! S’ensuivirent en 1979 la constitution d’un premier magasin de pompes funèbres et, en 1980, la fondation de la SCIErie MOlinetoise (SCIEMO) sur le site de l’usine Canard.
Petit à petit, le développement se poursuit, et une seconde fabrique est créée en 1991, la S.E.F.I.C. (Société Européenne de Fabrication Industrielle de Cercueils), afin de répondre à la demande croissante de cercueils. L’essor allant toujours de l’avant, 20 ans plus tard, c’est le fabricant M.I.V. Lagarde (Menuiserie Industrielle du Velay Lagarde) qui est racheté par le groupe. En parallèle, leurs magasins de pompes funèbres se multiplient, avec la création d’un deuxième à Paray-le-Monial, suivi d’un rachat d’un troisième à Gueugnon. En 2017, du point de vue industriel, le groupe Canard-Sefic, c’est trois fabriques de cercueils et une scierie.
Toute cette évolution et tout ce déploiement sont orchestrés au sein du cercle familial. Aujourd’hui, à la tête du groupe, ce sont Gilles et Bernard Canard, entrés respectivement dans l’entreprise en 1978 et 1981, qui poursuivent avec le même état d’esprit le travail débuté par leur père, aidés également par leurs épouses et leurs enfants au sein des différentes entités.
Fabriqué en France avec du bois français
Quand on parle de savoir-faire français, il faut savoir ici de quoi il s’agit. En effet, l’un des atouts majeurs des cercueils Canard est un usinage "en France" avec des bois majoritairement français grâce à la présence notamment dans Canard Industries Holding d’une scierie. "En réalité, nous en avons deux comme fournisseurs, la nôtre et une qui travaille à façon pour nous. On peut dire que 80 % des approvisionnements en chêne se font par nos propres scieries. On a donc une fabrication française avec du bois très majoritairement français. Les arbres sont achetés sur pied, cela permet d’avoir une maîtrise complète des achats (et du stockage), tant en matière de quantité que de qualité. C’est un choix stratégique que nous avons fait, il y a quelques années, et nous ne le regrettons pas", nous précise Bernard Canard, codirecteur.
Associer les savoir-faire aux innovations
Le deuxième atout capital est que, forte des expériences humaines et ouvrières engrangées depuis plus de cinquante ans, l’entreprise familiale bourbonnaise a construit sa modernisation (en automatisant certains processus) et effectué la mise en place de nouvelles technologies en maintenant l’excellence manuelle de ses employés : et en apprenant et en prenant exemple de leurs différentes expertises... que l’on peut qualifier de savoir-faire manuel "Canard".
"Nous avons développé des roboti-sations là où cela semblait nécessaire, tant en matière de rentabilité que de pénibilité au travail. La déligneuse, le robot de vernissage ou celui de ponçage (permettant l’égrenage des cercueils) en sont des bons exemples. De même que les centres d’usinage que nous avons conçus qui effectuent automatiquement la découpe des planches avant le montage puis le défonçage et le façonnage des panneaux. Mais tout cela s’est fait graduellement. Il s’agissait aussi de permettre, en complément, aux ouvriers partant à la retraite d’effectuer une transmission des savoirs dans le cadre d’embauche d’apprentis, actuelle ou future", ajoute-t-il.
Expérience, connaissance du bois et modernisation
L’automatisation de certaines lignes de transformation ou de montage donne la possibilité d’avoir la productivité indispensable, essentielle de nos jours pour être présents sur le marché national comme européen, et de pouvoir proposer une vraie compétitivité à l’international. On se rend compte avec l’histoire et l’expérience de Canard-Sefic qu’un solide savoir-faire manuel préserve la qualité et la singularité des produits, que l’innovation est la carte maîtresse pour se défendre de manière pertinente face à la concurrence asiatique, entre autres, et qu’elle répond aux enjeux commerciaux et industriels de demain.
"Rester performant et à la pointe de la technique en produisant des cercueils qui restent assez traditionnels (ce sont ceux qui se vendent le plus), c’est pour nous le meilleur moyen de répondre aux défis futurs sur les marchés européens et mondiaux. Et nous percevons bien auprès de nos clients l’intérêt pour ce type de fabrication qui reste compétitif et offre des services associés que vous n’aurez pas forcément avec l’importation. Enfin, en complément de nos gammes classiques, nous sommes aussi une force de proposition en étant attentifs aux tendances, au design. En créant régulièrement des nouveautés, avec des couleurs différentes, des finitions élaborées, nous mettons en avant des collections originales qui prouvent, exposent le savoir-faire exceptionnel d’un manufacturier français. Aujourd’hui, cela compte aussi et le "Made in France" est une vraie valeur."
Le savoir-faire n’est jamais aussi efficient que lorsqu’il est le moteur de l’innovation.
Gil Chauveau
Résonance hors-série n°4 - Août 2017
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