Le bois et les nombreuses générations qui apprirent à le travailler au fil des siècles ont fait naître de nombreux savoir-faire dans des domaines très variés, dont le funéraire avec la fabrication de cercueils. Au cœur de la Dordogne, l’entreprise familiale Bernier Probis est l’une de celles qui perpétuent ce travail singulier du bois et le conduisent souvent à l’excellence. Des échanges chaleureux avec Olivier Bernier, directeur général du groupe, sont l’occasion de découvrir ou redécouvrir cette entreprise 100 % française.
Chaque salon est l’occasion pour la société Bernier Probis de démontrer le très bon niveau de son travail et l’originalité imaginative de ses cercueils. C’est pourquoi elle présente à chaque fois des modèles de qualité créatifs et réellement novateurs, bien que sachant que ce sont là des "prototypes" rarement commercialisables. Mais ils démontrent un véritable savoir-faire tant dans la fabrication que dans la création, variée et parfois surprenante, situant ainsi Bernier Probis comme une entreprise jeune, dynamique et novatrice.
Elle ne dérogea pas à la règle lors du dernier salon FUNÉRAIRE PARIS avec de nombreux cercueils qui créèrent parfois la surprise, toujours la curiosité. "Pour nous, cela a été une bonne édition. Bien qu’il y ait eu un peu moins de visiteurs. Les absents étant surtout des étrangers, cela n’a eu que très peu d’impact pour nous du fait que nous travaillons principalement pour le marché français. Les professionnels présents, ayant pris la décision de venir malgré la situation, n’étaient pas là pour se promener mais pour réaliser des contacts et des commandes. Les relations furent donc pour nous vraiment qualitatives et quantitatives. Concernant l’utilisation du site de Villepinte pour cette édition 2015, nous n’avons pas de remarques particulières, l’organisation restant toujours très efficace", nous indique Olivier Bernier.
Passé ce bilan d’après-salon, force est de constater qu’aujourd’hui, la situation de Bernier est plutôt positive. En dix ans, son chiffre d’affaires a été doublé et les perspectives sont bonnes. La progression semble vouloir se maintenir, peut-être de façon moins importante du fait de son rythme soutenu ces dernières années. Mais il s’agit pour eu de garder le cap, et l’objectif de croissance fixé pour les cinq années à venir est d’arriver à 100 000 cercueils produits par an contre 80 000 aujourd’hui.
L’essor de l’entreprise a été possible grâce à des investissements conséquents
Tout d’abord, de nouvelles unités d’usinage ont été mises en place, plus performantes, ayant la capacité d’absorber les nouvelles parts de marché acquises. Cela est passé également par l’agrandissement des bâtiments et une légère réorganisation visant à optimiser les différents processus de production. La modernisation se poursuit et permet d’associer le côté qualitatif de la main de l’homme à l’amélioration de la productivité avec la robotisation, les chaînes automatisées avec files d’instructions informatisées.
Chez Bernier, comme pour d’autres secteurs industriels, l’automatisation se met en place dans des ateliers où la pénibilité, la sécurité et la protection de la santé sont des paramètres majeurs. L’atelier de vernissage (entièrement robotisé) est un de ceux les plus représentatifs. Il en est de même pour le ponçage/égrenage. Ce dernier se substitue à une tâche humaine pénible et répétitive. Des travaux d’usinage et de grosses manutentions sont aujourd’hui aussi réalisés par des robots (proches de ceux que l’on trouve dans l’industrie automobile) qui suppriment des manipulations de charges lourdes. Cela est bien sûr un gain en matière de rendement tout en préservant la qualité en maintenant l’intervention humaine sur des parties plus pointues. "Cela apporte un vrai confort aux opérateurs, tout en gardant une maîtrise de la qualité des produits, à laquelle nous sommes très attachés, grâce aux différents savoir-faire préservés. La rentabilité est un critère important, mais il faut savoir garder le bon équilibre avec l’expérience des hommes", précise Olivier Bernier.
Les créations, les études de design sont entièrement imaginées en interne
"Nous revendiquons ici aussi notre statut de véritable entreprise familiale, au plus pur sens du terme, et tout passe par nos mains. Nous imaginons, dessinons et réalisons nous-mêmes nos modèles", spécifie Olivier Bernier.
L’usine étant située dans un département très boisé, elle bénéficie de la présence d’un parc forestier important (3e de France, 45 % de la Dordogne représentant 417 000 ha de forêt) et de nombreuses scieries. Les cercueils Bernier sont réalisés grâce à des achats de bois majoritairement français, venant de coupes locales, de Haute-Vienne et de Corrèze.
Dans la fabrication des cercueils, l’expérience et les "savoirs" métier sont importants
Le renouvellement du personnel, en réponse aux départs en retraite, doit être anticipé bien en amont afin que la transmission puisse se faire dans les meilleures conditions. Bernier Probis et ses dirigeants sont très vigilants là-dessus, car la jeune génération qui reprend le flambeau doit avoir le temps nécessaire pour acquérir les bons conseils, les bonnes façons et les méthodes idoines.
Côté commercialisation et distribution, les cercueils Bernier possèdent un réseau d’une douzaine de plateformes régionales. Chacune d’entre elles est gérée par un responsable qui va être l’interface au quotidien entre l’entreprise Bernier et les clients distributeurs régionaux, avec un stock permanent alimenté régulièrement. Cela est complété par une aide au "merchandising", avec notamment du conseil concernant la salle d’exposition des cercueils, la conception des gammes, une formation à la vente des conseillers funéraires (à l’usine de Saint-Jory-Lasbloux) et l’installation possible du logiciel "e-merchandising". Ce dernier s’adapte à tous les terminaux informatiques ou téléphoniques connectés, et il est accompagné de panneaux échantillons bois et capitons.
Pour conclure et approcher l’avenir des cercueils Bernier, laissons la parole à Olivier Bernier : "L’activité manufacturière du cercueil aujourd’hui reste tournée majoritairement vers le traditionnel. Il y a bien sûr une évolution, mais elle est très lente. Les ventes s’orientent toujours sur des modèles plutôt classiques, des produits à valeur sûre, avec peut-être le constat d’une légère baisse en gamme ces dernières années du fait d’un resserrage du budget des familles. Quoi qu’il en soit, de notre côté, nous maintenons la plus haute qualité possible, liée à notre savoir-faire, et nous continuons d’avoir toujours la même passion de notre métier et du beau produit fini."
Pour l’entreprise familiale, les prochaines années devraient connaître de belles perspectives sous le ciel ensoleillé du Périgord, avec le challenge stimulant d’atteindre, à moyen ou long terme, une production de plus de 100 000 cercueils par an.
Gil Chauveau
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