Les entreprises France Funéraire et Mémograv, dirigées par Sylvestre Olgiati, ont fait de la plaque funéraire leur spécialité. Grâce à une stratégie commerciale basée en grande partie sur le "made in France" et le concept du marché de l’offre, celles-ci proposent une très large gamme de plaques en constante évolution et en renouvellement quasi permanent où la création et l’innovation sont les fils conducteurs. Retour sur cette vision moderne du souvenir dans le cimetière avec Sylvestre Olgiati.
En amont de ses responsabilités d’entrepreneur, Sylvestre Olgiati ne manque jamais de s’interroger sur ce qu’est son métier, ce que représente aujourd’hui le cimetière pour les familles, et l’avenir de la notion de "souvenir". Lors d’un récent entretien "d’après-salon", nous avons abordé ensemble ces différents thèmes. "La première réflexion que j’aurai sur le cimetière m’est inspirée par le documentaire "Le domaine où la mort n’est pas tabou" de Greg Nieuviarts(1), où deux professionnels, Jean-Pierre Comtet de Bourg-en-Bresse (Pompes Funèbres Comtet) et Pascal Malherbe du Mans (Pompes Funèbres Malherbe), parlent de leur métier. Le constat de leurs pratiques et de leurs interrogations actuelles nous conduit à dire qu’il ne faut pas que les évolutions de la société aillent trop vite et que la crémation ne pourra pas faire disparaître l’inhumation, ne doit pas supprimer le cimetière. Tout ça pour affirmer que, si un jour il n’y avait plus de crémation, le cimetière serait indispensable pour pouvoir faire le retour en arrière. Le cimetière a sa place car c’est le lieu où s’exprime le souvenir. C’est aussi un lieu de vie social, un lieu fréquenté, et pas qu’à la Toussaint, tout au long de l’année", nous confie-t-il tout d’abord.
Cette prégnance du cimetière perdure encore aujourd’hui, mais à la condition de s’adapter aux évolutions de la société, d’avoir la capacité de devancer les mutations de demain et, surtout, d’être force de propositions en innovant, en créant de nouveaux produits liés au souvenir, comme dans le domaine des plaques funéraires : "Par rapport à cela et en tant qu’entreprise, notre position est bien évidemment de dire que c’est un lieu vivant où les souvenirs s’expriment. Ces derniers doivent être permanents, pérennes et actuels. C’est pourquoi, dans le travail de création que nous effectuons, nous essayons de moderniser la vision que nous avons des cimetières. En effet, les monuments sont souvent anciens et les plaques qui y ont été déposées ces vingt, trente dernières années sont un peu dépassées, commencent à dater un peu."
"Le but est donc pour nous de proposer de nouveaux articles avec de la modernité, de la couleur, de la fraîcheur. Des plaques un peu différentes pour un paysage renouvelé du cimetière. Pour l’anecdote, lorsque j’ai vu le titre de ce livre intitulé "Le Mec de la tombe d’à côté" (de l’auteure suédoise Katarina Mazetti), je me suis dit : "C’est tout à fait ça, il ne faut pas que nos clients vendent la plaque de la tombe d'à côté." Ce que je veux dire, c’est que tout ne doit pas se ressembler. Le pire qui puisse arriver, c’est que deux tombes côte à côte aient les mêmes plaques funéraires. Nous sommes vraiment dans cet effort de diversité. Comment travailler, comment aider nos clients, à travers le choix qu’ils ont en vitrine, à montrer de la différenciation entre eux et leur sensibilité en tant que professionnels du funéraire. Cela avec l’objectif final d’offrir aux familles des articles pour leurs tombes qui leur paraissent uniques… Et non pas identiques à la tombe d’à côté !"
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Variété de propositions pour une très large gamme et une grande multiplicité de modèles
C’est là l’une des maîtrises industrielles du groupe de Sylvestre Olgiati : cette indéniable capacité à innover et à créer avec toujours plus de réactivité durant toute l’année. Celui-ci explique d’ailleurs très bien ses choix et son positionnement sur le marché : "Recherche, innovation, création et le plus "artistique" sont dans notre ADN. C’est véritablement notre vocation, notre stratégie et notre spécificité. Nous sommes d’ailleurs un peu le dernier des Mohicans car, pour offrir cette diversité sur le marché, nous fabriquons encore à 80 % dans nos ateliers en France. En effet, pour avoir des gammes très étendues, il faut pouvoir fabriquer sur place sans avoir à sous-traiter en Inde ou en Chine. Il faut des segments courts pour éviter d’immenses stocks avec de multiples produits finis, chacun en grande quantité."
"Même si cela coûte plus cher, nous voulons rester fabricant car ça nous donne cette liberté de toujours pouvoir créer de nouveaux modèles. Que nous les vendions un peu, beaucoup ou moyennement, à la limite, peu importe, car nous avons une stratégie quantitative de la création et de l’offre, et seul le "made in France" nous donne la réactivité nécessaire. Cela permet la multiplication du nombre de références, même si, pour certaines, nous n’allons en produire que deux, trois ou six exemplaires par an. Mais elles resteront au catalogue afin de garder le plus large éventail d’offres possible et donc que chacun ait la possibilité d’avoir son souvenir différencié."
Aujourd’hui, France Funéraire et Mémograv continuent de chercher de nouvelles pistes(2) en acceptant aussi l’utilisation de matériaux autres que le granit, ou en imaginant des objets du souvenir qui ne soient pas des plaques funéraires(2). Ces pistes sont testées soit auprès des familles par le biais des opérateurs funéraires clients des sociétés de Sylvestre Olgiati, soit à l’occasion du salon en écoutant et analysant les retours des professionnels sur les nouveautés…
Mais nous aurons l’occasion d’en reparler… À suivre !
Gil Chauveau
Nota :
(1) Ce documentaire, réalisé en 2015, permet à travers la vision de deux entrepreneurs en pompes funèbres de découvrir les pratiques d’un métier méconnu où les valeurs qui s’y développent sont le reflet de notre société, de notre humanité.
(2) Nous aurons l’occasion d’aborder à nouveau ces sujets avec Sylvestre Olgiati dans le numéro 116 de Résonance.
Résonance "Hors-série" Spécial Cimetière - Décembre 2015
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