Dans la famille des cercueils, ceux en carton ne sont pas les plus prisés. En cela, la France est un peu une exception culturelle face notamment aux pays anglo-saxons. Pourtant écologiques et 100 % made in France, ils sont une alternative éthique et économique intéressante pour les familles. C’est sans conteste l’intime conviction de Brigitte Sabatier, créatrice il y a quelques années d’abCrémation (fabricante desdits cercueils) et responsable de "ab-cremation.com". Rencontre avec une combattante…
Brigitte Sabatier, dirigeante d’abcrémation |
Conjointement aux évolutions attendues et espérées de l’arrêté du 12 mai 1998 (portant agrément d'un matériau pour la fabrication de cercueils), Brigitte Sabatier nous parle des changements opérés en ce début d'année au sein de sa société abCrémation et du site Internet consacré.
Résonance : Aujourd'hui, la communication et les échanges commerciaux passent par Internet et ses réseaux sociaux. Consciente de cela, n'êtes-vous pas en train d'apporter des modifications à votre site "cercueil-en-carton.com", remplacé par ab-cremation.com ?
Brigitte Sabatier : C'est exact. Nous effectuons une refonte totale du site Internet "ab-cremation.com" (depuis mi-mars), avec notamment la présentation d'une dizaine de nouveaux modèles qui sont des impressions spécifiques issues de demandes particulières de familles. Ils sont plus originaux, sortent de l'ordinaire, tous classés par catégories.
Essentielle – Nature – Romantique – Autour du monde – Passion - Musique – Animaux - Petits Anges.
Ensuite, le site va être traduit en anglais, ce qui est aujourd’hui une obligation sur le Web "commercial B to B", où l’on est consulté du monde entier. Nous présentons également une vidéo sur la réalisation des cercueils en carton chez notre partenaire DS Smith (tous nos outillages se trouvent chez eux). Cela permet d’appréhender la dimension industrielle de ce type de façonnage.
Par la suite, nous mettrons également en avant cette fameuse réglementation concernant les cercueils et régissant nos fabrications, qui risque d’être modifiée, de changer, je l’espère, cette année ; ainsi que la normalisation qui s'ensuivra avec une batterie de tests qui seront obligatoires pour l'accréditation*. L’arrêté en cours est celui du 12 mai 1998. Mais, normalement, courant 2015, des transformations devraient survenir : suppression des agréments, remplacés par une accréditation obtenue par la réussite à une batterie de tests issue d’une norme AFNOR dédiée.
R : Je crois que vous avez modifié également la composition du papier utilisé pour vos cercueils. Qu’en est-il ?
BS : Dès le départ, j’en ai choisi un qui présentait des performances techniques fiables, étant à la fois léger et solide. Son grammage est de 440 g/m2. Celui-ci vient d’un seul fournisseur dans le monde… qui part à la retraite dans deux ans. J’ai donc été obligée d’anticiper, de rechercher un nouveau fournisseur et de changer la formule. Ce matériau est fabriqué avec de la fibre naturelle de papier recyclé, de la colle à base d'amidon de maïs et de pomme de terre.
C’est ce nouveau composé de fibres qui subit les tests nécessaires depuis début janvier. Ces derniers, concernant les rejets atmosphériques, effectués par la SOCOTEC (accréditée par l’AFNOR), sont concluants et validés en accord avec la norme NF D80‑001-3 ("Caractérisation des cercueils et exigences pour la crémation"). Les rapports d'essais qui nous ont été fournis indiquent bien qu'il n'y a aucun produit toxique dans la fabrication de notre cercueil et que le poids de cendres (ne devant pas dépasser 2 % du poids total) est de 39,7 g. Je suis donc en règle au regard de la législation telle qu'elle est aujourd'hui. Les tests du LNE (Laboratoire National de métrologie et d'Essais) concernant la NF D80-001-1 sont aussi validés.
R : Concrètement, y a-t-il beaucoup de différences visibles entre le nouveau et l'ancien cercueil en carton d'AB Crémation ?
BS : Non. Au final, le poids est toujours le même : 7 kg, cuvette d'étanchéité comprise. Il s'agit toujours de fibres recyclées. Les couches ne sont pas les mêmes, mais elles sont maintenant renforcées avec l'ajout, entre autres, de quatre soufflets. En fait, il faut vraiment être un professionnel du papier pour s'apercevoir que l'on a changé la constitution du matériau. Ça ne se voit pas à l'œil nu. La commercialisation de ce nouveau cercueil en carton interviendra dès la validation, le feu vert du ministère de la Santé.
R : Votre système d'impression s'améliore avec l'acquisition d'une nouvelle "imprimante", je crois. Pouvez-vous nous en parler ?
BS : Oui, et c'est très important, car je ne vends pas de la cérémonie, mais uniquement de la personnalisation. Je viens donc d'investir dans une très grosse "machine à imprimer". J'ai une équipe d'informaticiens pour en gérer l'utilisation. Les motifs, les thèmes que nous imprimons viennent de photos de très haute qualité que nous achetons. Cette imprimante, grâce à un logiciel spécifique, est adaptée au gabarit de nos cercueils et permet de reproduire les photos avec une excellente définition sur la fine pellicule de vinyle (éco-solvant) étant à la surface du cercueil. Toutes nos encres sont aqueuses. Le processus mis en place permet une livraison chez les pompes funèbres en 48 heures pour un modèle existant et en 72 heures pour un modèle personnalisé.
R : De nombreux changements qui laissent entrevoir des espoirs pour 2015 ? Quels sont-ils ?
BS : En premier lieu, l'espérance qu'une modification de la réglementation sera vraiment acquise cette année. Je vais, avec mon équipe, travailler sérieusement sur l'import/export. C'est un des champs économiques à investir pour se développer. Cela doit être complété sur le plan national par le recrutement de commerciaux, et par l'évolution, l'extension des premiers échanges réalisés avec certains représentants de la filière bois, lors de FUNEXPO. De plus en plus de personnes considèrent que, pour la crémation, le carton est une solution d'avenir. J'espère que cela va s'étendre et que des partenariats seront possibles avec le bois.
Enfin, nous commençons à penser à FUNÉRAIRE PARIS 2015.
*Pour rappel En réponse à une question posée par Jean-Paul Fournier, sénateur du Gard, concernant le refus des cercueils en carton par certains crématoriums, le ministère des Affaires sociales indique (le 19 juin 2014) qu’un "projet de réglementation en cours de finalisation substitue au régime des agréments une procédure faisant appel à l'accréditation : les cercueils, quels que soient les matériaux utilisés pour leur fabrication, devront ainsi respecter des caractéristiques techniques issues pour partie d'une norme spécifique établie par l'Association française de normalisation (AFNOR), et leur modèle devra bénéficier d'une déclaration de conformité, délivrée au vu des résultats des essais réalisés par des organismes accrédités". |
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