L’École de Formation Funéraire Alyscamps (EFFA) tient depuis un an et demi ses jurys funéraires, dans la foulée des formations de maître de cérémonie et de conseiller funéraire. En effet, elle s’attache à réduire au maximum le délai entre la fin de la formation et le passage du diplôme. Les candidats rencontrent souvent les jurys à la suite de la formation théorique (quand le stage de 70 heures est déjà accompli). Nous savons que le diplôme leur est nécessaire pour exercer la profession, mais quel avantage retirent-t-ils de cet exercice de "l’oral" ?
Yves Messier, responsable d’EFFA Formation |
Les jurés demandent aux candidats de décrire les situations dans lesquelles ils ont dû intervenir, la nature de la problématique des situations rencontrées, les solutions trouvées. La suite de la discussion concerne les compétences acquises pour la résolution de cas. Les jurés cherchent ainsi les qualités et compétences à retrouver chez les conseillers funéraires/maîtres de cérémonie.
Un exercice réglementaire et commercial
Les discussions avec les nouveaux diplômés révèlent que l’oral devant le jury recèle un autre intérêt : discuter avec le jury est l’occasion de faire un retour en arrière sur les décisions prises pour résoudre les difficultés auxquelles les candidats ont été confrontés. Les jurés partagent leur propre évaluation des situations évoquées, et un échange permet aux candidats de découvrir le regard que la clientèle pourra porter sur toute situation susceptible de ternir l'image de l’entreprise. L’oral devant un jury est un exercice réglementaire mais a aussi un impact commercial.
En termes pédagogiques, les jurés invitent les candidats à faire un exercice que Schön (1994) qualifie d’"exercice réflexif", où le futur conseiller funéraire/maître de cérémonie décrit et apprécie les situations qu’il a rencontrées, vues, évaluées et vécues.
Le passage devant un jury, obligation administrative, est aussi un exercice personnel de connaissance de soi au travers duquel on identifie ses qualités, ses possibilités et ses limites. C’est également un exercice qui révèle le regard de l’autre sur tout dysfonctionnement. Un "laboratoire" (Lewin, 1951 ; Kolb, 1984) se met en place pour élaborer des moyens d’action et répondre aux situations complexes, changeantes, voire inusitées.
Lors de la parution du décret et de l’arrêté du 30-04-2012, certains ont cru que le processus de formation s’arrêtait après la formation théorique et le stage pratique. Force est de constater qu’il se poursuit lors de la rencontre avec le jury. On entre alors dans la gestion des ressources humaines et dans le concept de "talents". Cet exercice est fait devant le jury, mais ne pourrait-on pas le faire aussi en entreprise ?
Yves Messier
Bibliographie : - Lewin, K. (1951). Field theory in social sciences. New York (NY) : Harper and Row. |
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :