"J'ai choisi ce métier parce que je sais tout vendre, j'étais dans la téléphonie..." Combien se sont présentés ainsi ou presque devant nous ou en appelant l'École Nationale des MÉtiers du Funéraire (E.NA.ME.F.).
Pauline Bocquier |
Ce profil montre à quel point notre métier est méconnu du public, chacun d'entre nous fréquente beaucoup moins nos agences que celles de la téléphonie, et surtout, la motivation qui nous pousse à franchir la porte de ces enseignes n'est pas vraiment la même ! Loin de moi l’idée d'imposer un schéma type du métier, mais le premier atout du conseiller funéraire est sa capacité à intégrer le discours des endeuillés en face de lui au moment de l'organisation des obsèques. Discours qui peut changer d'un jour à l'autre, voire d'un instant à l'instant suivant...
Dans notre cursus de formation, nous avons choisi une intervenante issue du milieu scolaire (c'est la seule non-professionnelle du funéraire intervenant à l'E.NA.ME.F.). Marie Hude Vilain a mené sa carrière à l'Institut de formation en soins infirmiers de Fontainebleau, une école réputée en Île-de-France pour ses qualités pédagogiques et l'écoute des futurs soignants. Cette particularité permet aux stagiaires de l'E.NA.ME.F. un recadrement du deuil, puisque Marie part du postulat du vivant et, si j'ose dire, remet le défunt "debout" tel qu'il est en fait aux yeux et dans le cœur des familles.
Les étapes du deuil, chacun peut les trouver dans des ouvrages dédiés dont beaucoup sont d'ailleurs d'excellente qualité, par exemple le très bon cru d'Élisabeth Kübler-Ross, "La mort est une question vitale", qui prône la fin des sociétés dans lesquelles la mort est niée. Mais il est tout aussi important lorsqu'on recommande un ouvrage de parler aussi de la patte et de l'identité religieuse (ou non) de l'auteur. Lorsqu'on parle de psychologie du deuil, il devient donc impératif d'être prudent, car les stagiaires arrivent en cours avec leur identité cultuelle et il est fondamental de la désapprendre avant d'entendre l'autre.
S'il faut citer un sujet polémique dans l'accompagnement, citons la notion de "ciel" dans lequel se trouve le défunt et qui peut par exemple effrayer un enfant plutôt que le rassurer. Lors de son parcours en milieu hospitalier, Marie Hude Vilain a vu des enfants regarder leurs pieds à l'annonce d'un décès pour éviter de lever les yeux, convaincus qu'ils étaient responsables de quelque chose dans la mort de leur parent.
"Ce cours est une "mine", explique Pauline Bocquier, qui vient de commencer son stage pratique en entreprise en région parisienne. Il m'a permis de me poser, moi en tant qu'endeuillée, et du coup, comme je sais où j'en suis, je me sens pleinement capable d'entendre les autres et de pouvoir répondre à leurs attentes. J'ai hâte d'intégrer ce métier qui a du sens."
Florence Fresse
Stagiaires de la promotion de mars-avril.
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