Depuis le 11 mai, le confinement a été institué. Quels retours peut-on faire aujourd’hui sur cette reprise ? Les pratiques funéraires reprennent leur cours normal lorsqu’il ne s’agit pas de décès dus au Covid-19 où, là, les restrictions et les précautions extrêmes restent encore les mêmes. Cependant, quelques attitudes ou habitudes professionnelles ont été légèrement modifiées, dans lesquelles sont impliquées les relations syndicales. Jean-François Lécuyer, de la CFE-CGC Funéraire, nous confie quelques-uns de ses constats.
"Nous avons maintenant deux mois de recul – et les Équipements de Protections Individuelles (EPI) nécessaires – et nous constatons que beaucoup de pratiques ont été adaptées (réception des familles, organisation des cérémonies, etc.). Nous les maîtrisons, et cela est général pour l’ensemble des pompes funèbres. Tout s’est véritablement stabilisé et, hors "décès Covid", il y a eu une ouverture concernant le nombre de personnes pouvant assister à la cérémonie."
"Après, il y a tout ce qui, dans les entreprises de taille intermédiaire (PME), concerne le personnel administratif (la compta, les paies, par exemple), qui continue à effectuer du travail à la maison, sans être vraiment passé en télétravail, car ce dernier statut nécessite des négociations et une mise en place conforme à la réglementation. Déconfinement ou pas, on en est encore là, les entreprises restent prudentes dans l’attente de mesures gouvernementales, qui seront prises ou pas."
Télétravailler, c’est possible aussi dans le funéraire
Le télétravail existe bel et bien dans le funéraire, et intéresse d’une part le salarié, mais également certains employeurs. Au niveau syndical, l’une des prochaines demandes des employés va être d’entrer assez rapidement dans les négociations concernant ce sujet-là. Sur ce point, la CFE-CGC n’y est pas opposée, mais n’en est pas non plus le promoteur. Cependant, il est indispensable que le travail à distance ait lieu dans un cadre négocié.
"Il ne faut pas oublier qu’il présente, quelles que soient les entreprises, différents aspects qui doivent être encadrés. Et certaines questions doivent être posées. Sera-t-il imposé ? Comment définir le cadre horaire ? Comment est organisé le travail ? L’employé est-il sous surveillance permanence de l’employeur par le biais de l’ordinateur ? Qui fournit ce dernier ? L’employé est-il joignable à toute heure ? Et bien d’autres interrogations, bien sûr. C’est pourquoi le cadre de la négociation est important."
"Je ne sais pas encore comment cela va se faire, mais nous ne signerons pas d’accord de télétravail si nous n’avons pas la garantie que les salariés concernés sont en France. Je m’explique. Un comptable peut très bien exercer à distance, de n’importe quel coin de l’Hexagone ou bien au siège de sa société. Mais il ne faut pas que cela devienne une délocalisation cachée où le service comptable serait basé en Inde, par exemple. C’est là que nous devons être vigilants lors de la rédaction des futurs accords. C’est un élément extrêmement important des négociations qui concerne l’organisation globale du funéraire."
Le présentiel, fondateur de relations syndicales efficaces
En matière d’activité, dans cette phase de déconfinement et de diminution significative de la mortalité due au Covid-19, il faut s’attendre en toute logique, après une forte activité, à une décroissance de celle-ci dans les régions qui ont été les plus durement touchées, sachant que celles pour lesquelles l’impact a été moindre ont connu soit une stabilité des convois, soit une baisse.
"Ce phénomène fait apparaître quelques difficultés financières chez certaines entreprises funéraires. Et même si cela est temporaire, les chefs d’entreprise nous le disent plus facilement. Nous nous en rendons compte lors de discussions qui ne sont plus en visioconférence, mais en présentiel. Lorsque nous sommes, dans le cadre de négociations, à nouveau en présence physique avec nos interlocuteurs, les échanges sont plus concrets, et les propos sont plus directs. Les choses sont dites différemment, et les problèmes sont plus rapidement, facilement, posés sur la table. En vidéoconférence, une partie de la dynamique est tronquée, alors qu’il y a une vraie dynamisation de la concertation dans les réunions "physiques".
Et nous redécouvrons là une facette essentielle du rôle de négociateur syndical. "Nous avons toujours eu bien conscience – ou le pressentiment – de l’importance du dialogue "de visu", parfois même en off pour bien comprendre certains sujets, ou évoquer des points sensibles, ce qui est moins possible durant les réunions plus officielles – et encore moins au téléphone ou en téléconférence, où ce type de différenciation des conversations est difficile. Ce dernier point, constaté durant le confinement, se trouve vérifié, amplifié avec le retour à la "normalité" grâce au déconfinement, et avec donc la reprise des discussions et des négociations en présentiel… qui est sans doute la clé de voûte pour l’obtention de bons résultats. C’est une des vraies leçons à tirer de ce que nous venons de vivre."
Être imaginatif et constructif
Pour conclure, on peut dire sans spéculation que plusieurs éléments, positifs ou négatifs, peuvent ressortir de la crise du "coronavirus". Et les problématiques économiques en résultant peuvent avoir des conséquences sur les prestations funéraires (diminution ou disparition de certaines) et implicitement avoir un impact sur l’emploi, sur son évolution positive, sur le besoin de certains services, les familles pouvant, par crainte des risques pouvant perdurer dans la "vie extérieure", se rabattre sur plus d’utilisation de services numériques, ces derniers n’étant pas grands pourvoyeurs d’emplois.
"Et il est légitime de se poser la question : quelles seront les mutations économiques et sociales que vont vivre les entreprises funéraires dans les prochains mois, les prochaines années ? Syndicalement parlant, nous devons savoir comment nous allons accompagner cela et comment apporter des solutions constructives dans les conditions de travail des salariés (fluidité, mobilité) avec de possibles et futures formes de solidarité voulues et acceptées par les personnels "de terrain", dans la qualité des promotions, la richesse des formations, etc."
"Après, il y a tout ce qui, dans les entreprises de taille intermédiaire (PME), concerne le personnel administratif (la compta, les paies, par exemple), qui continue à effectuer du travail à la maison, sans être vraiment passé en télétravail, car ce dernier statut nécessite des négociations et une mise en place conforme à la réglementation. Déconfinement ou pas, on en est encore là, les entreprises restent prudentes dans l’attente de mesures gouvernementales, qui seront prises ou pas."
Télétravailler, c’est possible aussi dans le funéraire
Le télétravail existe bel et bien dans le funéraire, et intéresse d’une part le salarié, mais également certains employeurs. Au niveau syndical, l’une des prochaines demandes des employés va être d’entrer assez rapidement dans les négociations concernant ce sujet-là. Sur ce point, la CFE-CGC n’y est pas opposée, mais n’en est pas non plus le promoteur. Cependant, il est indispensable que le travail à distance ait lieu dans un cadre négocié.
"Il ne faut pas oublier qu’il présente, quelles que soient les entreprises, différents aspects qui doivent être encadrés. Et certaines questions doivent être posées. Sera-t-il imposé ? Comment définir le cadre horaire ? Comment est organisé le travail ? L’employé est-il sous surveillance permanence de l’employeur par le biais de l’ordinateur ? Qui fournit ce dernier ? L’employé est-il joignable à toute heure ? Et bien d’autres interrogations, bien sûr. C’est pourquoi le cadre de la négociation est important."
"Je ne sais pas encore comment cela va se faire, mais nous ne signerons pas d’accord de télétravail si nous n’avons pas la garantie que les salariés concernés sont en France. Je m’explique. Un comptable peut très bien exercer à distance, de n’importe quel coin de l’Hexagone ou bien au siège de sa société. Mais il ne faut pas que cela devienne une délocalisation cachée où le service comptable serait basé en Inde, par exemple. C’est là que nous devons être vigilants lors de la rédaction des futurs accords. C’est un élément extrêmement important des négociations qui concerne l’organisation globale du funéraire."
Le présentiel, fondateur de relations syndicales efficaces
En matière d’activité, dans cette phase de déconfinement et de diminution significative de la mortalité due au Covid-19, il faut s’attendre en toute logique, après une forte activité, à une décroissance de celle-ci dans les régions qui ont été les plus durement touchées, sachant que celles pour lesquelles l’impact a été moindre ont connu soit une stabilité des convois, soit une baisse.
"Ce phénomène fait apparaître quelques difficultés financières chez certaines entreprises funéraires. Et même si cela est temporaire, les chefs d’entreprise nous le disent plus facilement. Nous nous en rendons compte lors de discussions qui ne sont plus en visioconférence, mais en présentiel. Lorsque nous sommes, dans le cadre de négociations, à nouveau en présence physique avec nos interlocuteurs, les échanges sont plus concrets, et les propos sont plus directs. Les choses sont dites différemment, et les problèmes sont plus rapidement, facilement, posés sur la table. En vidéoconférence, une partie de la dynamique est tronquée, alors qu’il y a une vraie dynamisation de la concertation dans les réunions "physiques".
Et nous redécouvrons là une facette essentielle du rôle de négociateur syndical. "Nous avons toujours eu bien conscience – ou le pressentiment – de l’importance du dialogue "de visu", parfois même en off pour bien comprendre certains sujets, ou évoquer des points sensibles, ce qui est moins possible durant les réunions plus officielles – et encore moins au téléphone ou en téléconférence, où ce type de différenciation des conversations est difficile. Ce dernier point, constaté durant le confinement, se trouve vérifié, amplifié avec le retour à la "normalité" grâce au déconfinement, et avec donc la reprise des discussions et des négociations en présentiel… qui est sans doute la clé de voûte pour l’obtention de bons résultats. C’est une des vraies leçons à tirer de ce que nous venons de vivre."
Être imaginatif et constructif
Pour conclure, on peut dire sans spéculation que plusieurs éléments, positifs ou négatifs, peuvent ressortir de la crise du "coronavirus". Et les problématiques économiques en résultant peuvent avoir des conséquences sur les prestations funéraires (diminution ou disparition de certaines) et implicitement avoir un impact sur l’emploi, sur son évolution positive, sur le besoin de certains services, les familles pouvant, par crainte des risques pouvant perdurer dans la "vie extérieure", se rabattre sur plus d’utilisation de services numériques, ces derniers n’étant pas grands pourvoyeurs d’emplois.
"Et il est légitime de se poser la question : quelles seront les mutations économiques et sociales que vont vivre les entreprises funéraires dans les prochains mois, les prochaines années ? Syndicalement parlant, nous devons savoir comment nous allons accompagner cela et comment apporter des solutions constructives dans les conditions de travail des salariés (fluidité, mobilité) avec de possibles et futures formes de solidarité voulues et acceptées par les personnels "de terrain", dans la qualité des promotions, la richesse des formations, etc."
Résonance n° 161 - Juin 2020
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