Ces dernières années, j’ai suivi avec attention l’évolution de l’Intelligence Artificielle (IA) et de ses applicatifs dans divers secteurs de l’activité professionnelle. Certes, des évolutions récentes dans la filière funéraire ont amorcé le mouvement de recours à l’IA, mais uniquement sur un service ou concept bien précis. Jamais l’IA n’a été sur des questions de perspectives liées à l’avenir de la filière. C’est sur ce terrain qu’il est aisé de mesurer sa portée, tout comme sa capacité à nous interpeller ou surprendre par la qualité de ses réponses. Les résultats obtenus du dialogue engagé avec l’IA sont à la fois surprenants par la qualité, la réalité et la précision des réponses obtenues, mais parfois déroutants par leur déformation (suite).
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Les perspectives de l’humusation en France ?
Nous poursuivons le dialogue avec l’IA en l’interrogeant sur un sujet d’actualité, pensant que la nouveauté du concept pouvait la déstabiliser dans ses réponses. La suite de la réponse à la requête conforte cette crainte.
"Les perspectives de l’humusation en France sont plutôt positives. En effet, la pratique de l’humusation est de plus en plus populaire en France, en particulier chez les jeunes générations. Selon un sondage publié en 2023, 73 % des Français disent vouloir une "mort écologique", et 46 % sont "prêts à recourir à l’humusation".
Cette tendance est due à plusieurs facteurs, notamment :
• L’évolution des mentalités : les Français sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques et environnementaux. Ils souhaitent donc choisir une pratique funéraire qui soit respectueuse de l’environnement.
• La diversification des offres : les opérateurs funéraires proposent désormais une gamme de services funéraires plus diversifiée, avec l’émergence de nouvelles offres d’humusation.
• L’évolution de la législation : la loi du 15 novembre 2022 a permis de légaliser l’humusation en France.
La légalisation de l’humusation en France est un important pas en avant pour cette pratique. Elle devrait permettre à l’humusation de se développer davantage en France, et de devenir une alternative viable à l’inhumation et à la crémation.
Voici quelques éléments qui pourraient favoriser le développement de l’humusation en France :
• La sensibilisation aux enjeux écologiques : les pouvoirs publics et les acteurs du secteur funéraire pourraient sensibiliser davantage le public aux enjeux écologiques de l’inhumation et de la crémation.
• La diversification des offres : les opérateurs funéraires pourraient diversifier encore davantage leurs offres d’humusation, afin de répondre à une demande croissante.
• Le développement de l’infrastructure : les pouvoirs publics pourraient développer l’infrastructure nécessaire à l’humusation, comme les sites d’humusation.
Si ces éléments sont réunis, l’humusation pourrait devenir une pratique funéraire courante en France dans les années à venir.
Notre commentaire : L’outil se trompe largement, en considérant que ce mode d’inhumation a fait l’objet d’un texte législatif l’autorisant. Ainsi, dans sa réponse à la requête, il est rapporté : "L’évolution de la législation : la loi du 15 novembre 2022 a permis de légaliser l’humusation en France." Quelle erreur d’appréciation et d’information ! En réalité, la date du 15 novembre 2022 correspond au dépôt d’une proposition de loi qui n’a jamais été adoptée. |
Les prix des prestations funéraires vont-ils augmenter ou baisser ?
Forts de l’erreur d’appréciation précédente, nous testons l’outil autour d’une question très ouverte, histoire de tenter de la déstabiliser un peu plus. La réponse à la requête est une fois de plus surprenante par sa neutralité.
"Il est difficile de prédire avec certitude si les prix des prestations funéraires vont augmenter ou baisser à l’avenir. Cependant, il existe plusieurs facteurs qui pourraient conduire à une augmentation des prix, notamment :
• L’augmentation du coût de la vie : le coût de la vie augmente régulièrement en France. Cela signifie que les coûts des matières premières, de la main-d’œuvre et des équipements utilisés par les opérateurs funéraires augmentent également.
• La diversification des offres : les opérateurs funéraires proposent désormais une gamme de services funéraires plus diversifiée, avec l’émergence de nouvelles offres personnalisées. Ces offres sont souvent plus coûteuses que les offres traditionnelles.
• La concentration du marché : le marché funéraire français est en pleine concentration. Les grands opérateurs funéraires acquièrent de plus en plus de petites entreprises, ce qui leur donne un pouvoir de marché accru. Ce pouvoir de marché peut leur permettre de fixer des prix plus élevés.
À l’inverse, il existe également quelques facteurs qui pourraient conduire à une baisse des prix, notamment :
• La concurrence accrue : le marché funéraire français est de plus en plus concurrentiel. L’émergence de nouveaux acteurs, comme les plateformes numériques, pourrait conduire à une baisse des prix.
• La sensibilisation aux enjeux économiques : les Français sont de plus en plus sensibles aux enjeux économiques. Ils souhaitent donc choisir des services funéraires abordables.
• L’évolution de la législation : le Gouvernement français pourrait mettre en place des mesures pour réguler les prix des prestations funéraires.
En conclusion, il est probable que les prix des prestations funéraires continuent à augmenter à l’avenir. Cependant, il existe également quelques facteurs qui pourraient conduire à une baisse des prix."
Notre commentaire : Sur cette requête, l’IA a adopté une position des plus réservées, osant même ne pas faire dans la prospective, tout en déclinant des pistes d’éventuelles baisses ou augmentations des prix des prestations funéraires. Appréciez le sens de l’équilibre de l’outil, mais également la finesse de son analyse. Surprenant ! |
Les perspectives de la crémation en France ?
Sur l’enjeu de la crémation, l’IA ne manque pas de réactivité. À partir d’une requête des plus ouvertes sur le sujet, l’analyse développée demeure pertinente et précise.
"La crémation est en augmentation constante en France depuis plusieurs décennies. En 1979, elle ne représentait que 1 % des obsèques, contre 32 % aujourd’hui. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir, avec un taux de crémation qui pourrait atteindre 79 % en 2040.
Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Tout d’abord, la pratique religieuse est en baisse en France, ce qui diminue l’importance de l’inhumation dans les rites funéraires. En effet, l’inhumation est traditionnellement associée au christianisme, qui prône la résurrection des morts.
Ensuite, la crémation est perçue comme une solution plus pratique et plus économique que l’inhumation. Elle est en effet moins contraignante en matières de délais et d’espace, et elle est généralement moins coûteuse. Enfin, la crémation offre une plus grande diversité de possibilités aux familles. Les cendres du défunt peuvent être dispersées dans un lieu qui lui était cher, conservées dans une urne, ou encore réinsérées dans la nature.
Les perspectives de la crémation en France sont donc très positives. Cette pratique devrait continuer à se développer dans les années à venir, et elle deviendra progressivement la norme.
Voici quelques chiffres qui illustrent l’évolution de la crémation en France :
• En 1979 : 1 % des obsèques
• En 2019 : 32 % des obsèques
• En 2040 : 79 % des obsèques
La crémation représente déjà une réalité dans de nombreuses villes françaises. Dans certaines métropoles, comme Paris, Lyon ou Marseille, la crémation dépasse déjà les 50 % des obsèques. Cette évolution pose un certain nombre de défis aux collectivités locales. Les crématoriums doivent être adaptés à la demande croissante, et les familles doivent être informées de leurs droits et de leurs obligations en matière de crémation."
Notre commentaire : En matière de crémation, l’outil est formel : à terme, elle deviendra progressivement la norme, sans occulter les défis lancés aux collectivités locales quant à l’adaptation des crématoriums à la demande croissante. |
Le rôle des grands groupes dans le funéraire ?
Nous testons, à nouveau, la capacité de l’IA à s’adapter à une interrogation d’actualité, liée à l’évolution récente du marché des obsèques. La requête ne semble pas la déstabiliser outre mesure, et étale sa capacité d’analyse.
"Les grands groupes jouent un rôle important dans le secteur funéraire français. Ils détiennent en effet une part de marché importante, estimée à 60 %. Cette domination s’explique par plusieurs facteurs, notamment :
• Leur taille et leur capacité d’investissement, qui leur permettent de proposer des services à des prix compétitifs.
• Leur expérience et leur expertise, qui leur donnent une longueur d’avance sur les petites entreprises.
• Leur stratégie de communication et de marketing, qui leur permet de toucher un large public.
Les grands groupes ont un impact significatif sur le secteur funéraire. Ils contribuent à la modernisation de la profession, en proposant des services innovants et adaptés aux nouvelles attentes des familles. Ils favorisent également la concurrence, ce qui profite aux consommateurs. Cependant, la domination des grands groupes est également critiquée. Certains estiment qu’elle entraîne une uniformisation des pratiques funéraires et une perte de diversité. D’autres dénoncent les prix élevés pratiqués par ces entreprises.
Voici quelques exemples des rôles que jouent les grands groupes dans le secteur funéraire français :
• Ils proposent une large gamme de services funéraires, allant de la prise en charge du corps du défunt jusqu’à l’organisation des obsèques.
• Ils investissent dans des crématoriums et des cimetières, ce qui contribue à répondre à la demande croissante de crémation.
• Ils développent des outils numériques pour accompagner les familles dans l’organisation des obsèques.
• Ils mènent des actions de sensibilisation à la mort et aux funérailles.
En conclusion, les grands groupes jouent un rôle majeur dans le secteur funéraire français. Ils contribuent à la modernisation de la profession et à l’amélioration de la qualité des services proposés aux familles."
Notre commentaire : Appréciez la qualité de l’analyse relative à la capacité des grands groupes qui, par leurs investissements, proposent aux familles des prix compétitifs. La référence à la modernisation de la profession est une réalité qui mérite d’être relevée. Bien évidemment, l’outil n’occulte pas les critiques formulées par les partisans de la diversité de l’offre de services funéraires. |
En conclusion :
L’IA est à manipuler avec précaution. Autant elle peut conduire à faire évoluer des services et produits funéraires, autant, sur le plan de l’information, elle peut conduire à des erreurs d’appréciation et d’analyse. Aux États-Unis, elle est utilisée dans la préparation des éloges funèbres. Une start-up a levé 40 millions de dollars pour se positionner sur cette niche. Néanmoins, il convient de poser l’interrogation finale : Jusqu’où ira l’IA ? Dans le domaine funéraire, il existe une limite infranchissable : la décence et le respect dus aux morts !
Méziane Benarab
Résonance n° 196 - Octobre 2023
Résonance n° 196 - Octobre 2023
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