Analyse sur la concurrence au niveau local (1re partie)

Les services funéraires sont étroi-tement réglementés et 10 510 opérateurs disposent de l’autorisation nécessaire pour poursuivre leurs activités. Des mises à jour doivent être réalisées tous les 5 ans (parfois 6 ans) via un cycle de renouvellement de l’autorisation.

La liste complète des habilitations funéraires est disponible dans les préfectures. Grâce à l’introduction de deux formats (complet et partiel) et aux progrès de l’harmonisation de ces listes (en 2020, c’était un sacré bazar !), notre capacité à analyser les autorisations s’est considérablement améliorée. Néanmoins, seulement 30 % des listes des habilitations sont complètes, c’est-à-dire intègrent les dates de démarrage et de fin de l’habilitation, ainsi qu’un numéro complet. Malgré ce progrès, les bases de données incomplètes posent donc toujours problème, notamment lorsqu’un acteur cesse son activité sans dénoncer son autorisation, passant souvent inaperçu : car 5 ans, c’est long.

Les habilitations recouvrent plusieurs services. Chaque opérateur choisit celles qui sont pertinentes pour lui.En toute logique, de nombreux établis-sements sélectionnent le maximum d’autorisations.

Nous avons analysé chaque habili-tation afin d’authentifier son utilisation. Pour cela, nous avons effectué des recherches sur Google, notamment en vérifiant l’existence d’un site à jour et grâce à Google Maps, qui permet de visualiser un lieu (même si Google Maps n’est pas toujours bien actualisé).

Nous avons donc créé un listing de statuts opérationnels qui correspondent chacun à une réalité économique. Par exemple, nous avons identifié près de 497 habilitations correspondant à une agence définitivement fermée, 217 habilitations déposées par des ambulanciers, 79 habilitations correspondant à des entrepôts, et même 11 qui correspondent à des garages. Ainsi, à ce jour, nous considérons que 6 587 agences de pompes funèbres sont actives.

Pour analyser un département, il faut s’intéresser aux communes. En effet, elles structurent la répartition géographique des populations. Cette cartographie est pertinente car elle donne une idée précise de la répartition des zones de population, et donc des décès ainsi que de l’offre de pompes funèbres.

Afin que l'analyse soit intéressante, je vous propose une analyse de 6 départements différents :

- les Bouches-du-Rhône : ce département se caractérise par de nombreuses grandes villes, telles Marseille, Aix, etc.

- l’Ille-et-Vilaine : département possédant deux zones importantes : Rennes et Saint-Malo ;

- la Meuse : un département essentiellement rural ;

- le Puy-de-Dôme : département affichant une concentration au niveau de Clermont-Ferrand, entourée d'un territoire bien plus rural ;

- le Rhône : département dense, avec une population fortement concentrée à Lyon ;

- Seine-Saint-Denis : un département dont toutes les communes ont une très forte densité de population.

b. Évolution des décès


Comme vous pouvez le constater, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et la Seine-Saint-Denis ont été fortement impactés par la Covid-19. C'est moins le cas des trois autres départements, où les évolutions ont été plus lissées. Cependant, les trois départements fortement impactés en 2020 ont connu une nette baisse du nombre de décès sur 2021 et 2022.

De manière complémentaire, si on s'intéresse à l'âge moyen des défunts en fonction du département, on peut observer des écarts très importants. Après une augmentation continue depuis 2000, l'âge moyen des défunts s'est stabilisé depuis trois ans. Cette tendance peut susciter des interrogations sur l'évolution du nombre de décès dans les années à venir. Une analyse approfondie de ce sujet fera l’objet d’un prochain article.

La Seine-Saint-Denis, un des départements les plus jeunes de France, se caractérise par un âge moyen des défunts nettement inférieur à la moyenne nationale. À l’inverse, la Meuse affiche un âge moyen nettement plus élevé, même si l'écart a tendance à se réduire depuis 2015. À croire qu'il vaut mieux habiter dans la Meuse pour vivre plus longtemps. En dehors de ce département, nous ne constatons pas de différences majeures. On retrouve un phénomène de baisse de l'âge moyen des défunts au début de la période de la Covid-19.

Pour identifier clairement les communes qui ont connu le plus de décès dans chacun des six départements, les cartes suivantes montrent ce que représente le nombre de décès par commune. Ces cartes permettent d'identifier la concentration des décès sur la ou les villes les plus importantes du département.

Dans le Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand concentre plus de 30 % des décès. On retrouve la même configuration pour le Rhône avec Lyon. En Ille-et-Vilaine, Rennes et Saint-Malo se distinguent également. Dans les Bouches-du-Rhône, un nombre très important de décès ont eu lieu à Marseille, mais Aix-en-Provence représente également une zone très importante. Enfin la Seine-Saint-Denis se distingue, du fait de sa très forte densité, avec la présence de nombreuses villes affichant un nombre élevé de décès.

L'approche par commune est incomplète, car elle ne permet pas de bien identifier les zones "secondaires", autrement dit les villes de taille moyenne. Pour combler ce manque et mieux comprendre la mortalité dans les départements, nous proposons d’utiliser une technique de visualisation connue sous le nom d’IRIS (Îlots Regroupés pour l’Information Statistique). Selon la définition officielle, les IRIS d’habitat se caractérisent par une population de 1 800 à 5 000 habitants. Ils sont homogènes quant au type d’habitat, et leurs limites s’appuient sur les grandes coupures du tissu urbain (voies principales, voies ferrées, cours d’eau...).

Pour estimer avec précision le nombre de décès dans chaque IRIS, nous avons utilisé les données démographiques fournies par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), en appliquant les taux de mortalité des villes correspondantes (dans les calculs et sur les cartes, nous indiquons "décès prorata"). Par exemple, sur une zone de 5 000 habitants où un taux de mortalité local de 1 % a été observé dans les limites de la ville, on obtient le chiffre de 50 personnes décédées.

La répartition des décès sur une carte IRIS permet une lecture plus fine de la répartition des décès en dehors de la ville principale (celle-ci est coupée en de nombreuses zones).

Ainsi, la carte IRIS de la Seine-Saint-Denis nous éclaire sur la répartition des populations dans le département. En effet, cet examen plus approfondi révèle des concentrations urbaines denses et nous permet de mieux localiser les décès.

Cependant, la compréhension est encore plus intéressante dans l'analyse d'une ville comme Marseille ou Rennes lorsque nous faisons un zoom sur une zone précise.

Focus sur Marseille.

Focus sur Rennes.

 

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