Mathieu Cunat, artisan d’art à Cernay

C’est dans l’Égypte antique que les premiers tailleurs de pierre ont commencé à exercer leur art. Le métier a certes évolué depuis cette lointaine époque, mais certains outillages et techniques restent inchangés depuis deux millénaires.

Nous leur devons nos châteaux, nos cathédrales ou encore bon nombre de nos ponts. Autrefois indispensable, cette noble profession a peu à peu disparu des grands chantiers de construction, à la suite de l’arrivée de nouveaux matériaux comme le béton ou l’acier.

Les tailleurs de pierre, qu’ils soient compagnons ou artisans, se consacrent aujourd’hui principalement à la restauration des monuments historiques et à la marbrerie, funéraire ou non. Travailleur, curieux et "touche à tout", Mathieu commence très jeune à aider dans l’entreprise fondée par ses grands-parents dans le sud de l’Alsace. Il effectue même un stage de fossoyage, "pour avoir une autre vision du métier".

Dans l’optique d’ouvrir un jour son propre établissement funéraire, il se forme à la comptabilité et passe un BEP, "pour se familiariser avec les chiffres et le plan comptable". Il se tourne cependant rapidement vers un CAP de tailleur de pierre en alternance. À l’école, il étudie la taille manuelle et s’initie à cet art qui requiert une minutie extrême de l’ordre du millimètre et où il apprend "l’art du trait", qui nécessite des connaissances solides en géométrie et en stéréotomie.

C’est en entreprise qu’il découvre la marbrerie et c’est là, plus précisément, qu’il a une révélation en observant le travail du graveur qui vient ciseler les noms des défunts sur les monuments funéraires. Émerveillé par le côté "minutieux et artistique" de ce métier, il décide de prolonger ses études d’un an en effectuant une mention complémentaire de gravure sur pierre.

Diplômé en 2006, il passe encore quatre années à continuer à se former à la marbrerie dans l’entreprise où il était apprenti, tout en créant, en 2010, sa première micro-entreprise. Il commence alors à travailler à mi-temps pour son patron et pour son propre compte l’autre moitié du temps, avec l’accord de ce dernier.

Il ne tarde pas à se faire connaître et c’est en 2012, fort de son expérience et de la clientèle qu’il s’est constituée, qu’il saute le pas et vole enfin de ses propres ailes en ouvrant GMC Gravure Mathieu CUNAT, basée à Cernay, "la cité des cigognes".

Maniant tour à tour le ciseau, la massette et la feuille d’or, il œuvre aujourd’hui à la personnalisation les tombes, pour rendre un dernier hommage gravé dans la pierre aux défunts.