La Cour des comptes condamne certaines pratiques du secteur funéraire et loue cependant les entreprises publiques (SEM, Régies). Elle semble ne pas tenir compte de l’ensemble des entreprises funéraires privées et de leurs collaborateurs qui font leur métier 7 jours sur 7 de façon irréprochable. Quelques médias s’en donnent à cœur joie pour relayer une partie de l’information, ce qui ajoute un discrédit sur notre profession envers le grand public.
Prix élevés, manque de transparence, vente forcée, trois reproches qui ressortent trop souvent. Après le déploiement de ses premières agences en région parisienne, le groupe SFL va bientôt s’implanter sur Paris intramuros avec comme objectif de contredire ces reproches offensants pour une bonne partie des agents funéraires. Notre action constituera également à éviter toute reconstitution du monopole que la Cour des comptes n’a pas condamnée. Il n’y a, à mon sens, que les entreprises indépendantes qui parviendront à maintenir un équilibre dans ce secteur.
L’éloge fait aux Sociétés d’Économie Mixte (SEM) funéraires ou aux Régies n’est pas forcément justifié quand on est obligé de faire intervenir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et d’agir auprès des tribunaux pour que certaines d’entre elles stoppent leur téléguidage dans les différentes maisons de santé.
En Grande-Bretagne, l’Organe de régulation de la concurrence a soulevé le problème des tarifs trop élevés, qui sont devenus trop contraignants pour les familles endeuillées. Les dépenses funéraires représenteraient en moyenne 40 % des dépenses annuelles des Britanniques, soit plus qu’ils ne dépensent pour la nourriture, les vêtements et l’énergie. Même si certaines entreprises funéraires indépendantes ont maintenu des prix corrects au cours des années, les leaders du marché ont fait flamber les prix de plus de 68 % en 10 ans.
Suite à cette révélation, les entreprises funéraires britanniques ont baissé leurs prix sans grande répercussion si ce n’est sur leur marge, alors que l’entreprise funéraire leader en Grande-Bretagne, une société intégrée et cotée en Bourse, a baissé ses prix avec comme effet la fuite de ses actionnaires et donc une chute considérable de leurs actions. Les prix de ce mastodonte britannique sont nécessairement élevés pour deux raisons : la première est la rémuné-ration des actionnaires, celle-ci devant aussi les inciter à continuer à investir ; la seconde étant le financement des coûts rattachés au fonctionnement de cette infrastructure intégrée.
Cette situation soulevée par l’Autorité de la concurrence de Grande-Bretagne est un exemple de ce qui pourrait également arriver en France, confortant alors le choix des entrepreneurs qui veulent garder des entreprises à taille humaine et indépendante. Les répercussions de ces constats chez nos voisins anglais montrent également qu’une spéculation sur une entreprise funéraire intégrée, leader sur son secteur, dure un certain temps avant de s’effondrer ensuite très rapidement. On constate que le prix élevé est l’unique pilier ces grosses structures, ce qui ne répond en aucun cas à notre situation économique actuelle.
Chez nous, il est question, afin d’améliorer le pouvoir d’achat face à la situation économique, de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité. Alors, pourquoi ne pas appliquer cette hypothèse aux services funéraires ? Depuis longtemps, nous demandons la suppression de la TVA sur les obsèques car un défunt n’a légalement pas de taxes à payer. Les raisons d’un refus ne sont pas, à mon avis, valables car basées sur le fait que l’État considère que nous ne jouerions pas le jeu… Et donc nous ne répercuterions pas intégralement la baisse. Il semble logique que ceux qui n’appliqueront pas cette baisse se verront concurrencer par toutes les entreprises qui, elles, l’impacteront. L’unique raison valable de leur refus est peut-être la perte d’une manne financière représentant 10 % à 20 % d’un marché valorisé à plus de 2,3 milliards d’euros.
Florian Leclerc
Résonance n°149 - Avril 2019
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :