Depuis sa création en 2009, la Fondation PFG est engagée en faveur des projets d’intérêt général relatifs à la mort, aux obsèques et au deuil en France. Dans un souci d’accompagner au mieux et d’être toujours au plus près des volontés des familles, la Fondation œuvre dans le sens d’une meilleure compréhension des attentes des Français en matière funéraire.
Dans la continuité de cet engagement, la Fondation PFG a conduit une étude visant à questionner les rapports qu’entretiennent les Français à la mort et au deuil. Menée en partenariat avec l’Institut BVA, cette enquête interroge l’impact des bouleversements sociétaux sur le rapport des Français à la mort et au deuil (digitalisation, détachement du matériel, durabilité…) :
- Quelles sont les grandes tendances qui affectent le choix des Français en matière d’obsèques ?
- Les Français sont-ils attachés aux traditions ou revendiquent-ils un renouvellement des pratiques funéraires ?
- Dans quelle mesure les évolutions de la société se répercutent-elles sur le secteur du funéraire ?
Afin de mettre en perspective les données de l’enquête, la Fondation PFG a fait appel à Tanguy Châtel, sociologue spécialiste du deuil, pour analyser et éclairer les rapports des Français avec les enjeux funéraires, qu’il s’agisse de leurs obsèques, de la question du souvenir ou du devenir de leur corps.
Témoignage : Véronique, 49 ans, |
États des lieux : les choix des Français en matière d’obsèques
Depuis le début des années 2000, la question de la mort semble de plus en plus gagner la sphère publique au travers des débats autour de la fin de vie. Le thème des funérailles bénéficie également d’une visibilité réelle sous l’effet de la promotion des conventions obsèques, souvent proposées par les banquiers, les assureurs et les entreprises de services funéraires. L’intérêt que suscitent les récents avis rendus par le Comité National d’Éthique du Funéraire (CNEF) ou les États Généraux de la Bioéthique, atteste également de la présence vive de la question de la fin de vie dans l’imaginaire collectif.
L’âge est un facteur qui influe sur le fait de verbaliser ses souhaits pour ses obsèques. L’enquête démontre en effet que plus on avance en âge, plus le sujet de la mort est abordé spontanément dans la sphère intime : chez les plus de 65 ans, neuf personnes sur dix ont parlé de leurs souhaits avec leur conjoint et huit sur dix avec leurs amis.
Fait notable cependant, les jeunes (18-34 ans), s’ils se soucient peu du type de cérémonie ou du lieu dans lequel elle se déroulera, sont déjà 52 % à avoir indiqué leur préférence entre inhumation et crémation (seuls 34 % ont indiqué leur préférence entre une cérémonie laïque ou religieuse et 28 % ont précisé le lieu où ils souhaitent que la cérémonie se déroule).
En chiffres :
L’enquête confirme que parler de la mort avec ses proches n’est plus un obstacle majeur. Ainsi, deux tiers des répondants ont indiqué connaître les attentes de leurs proches. Évoquer sa propre mort n’est désormais plus tabou, qu’il s’agisse de ses préférences en matière d’inhumation ou de crémation (près de sept répondants sur dix ont indiqué leur choix à leurs proches), ou du type de cérémonie (plus d’un répondant sur deux a indiqué sa préférence entre une cérémonie religieuse et laïque). La multiplication des options entraîne la nécessité d’exprimer ses choix à ses proches.
• 75 % ont indiqué connaître les attentes de leur conjoint, 69 % de leur mère et 63 % de leur père,
• 68 % ont indiqué leur préférence entre crémation et inhumation à leurs proches,
• 53 % ont indiqué leur préférence pour le type de cérémonie (laïque ou religieuse).
Eclairage : La crémation en question Le secteur funéraire constate une augmentation des demandes de crémation par rapport à l’inhumation depuis un certain nombre d’années. En effet, l’enquête révèle que 59 % des Français ont indiqué préférer avoir recours à la crémation. Cet essor considérable de la crémation induit une transformation profonde du secteur funéraire et amène à repenser les obsèques et la notion du souvenir. Ainsi, alors qu’il n’existait que sept crématoriums en 1975, ils sont plus de 180 aujourd'hui. On observe par ailleurs une hausse des demandes de crémation qui représentent 54 % des intentions exprimées dans les contrats obsèques. |
Témoignages : "Dans ma famille il n’y a pas de tabou sur la mort et tout ce qui tourne autour, donc nous avons déjà abordé plein de sujets comme les cérémonies, église/pas église, musique, crémation, mise en terre etc". Emmanuelle, 43 ans, "Ça ne me gêne pas d'en parler. Pour moi, ce que je veux, c'est une crémation avec une cérémonie la plus simple possible, pas de fleurs, pas de discours. Tout ce que je souhaite c'est la présence de mes proches". Bernard, 65 ans, |
Hommage et souvenir : les Français se détachent des traditions
Si l’attachement à une cérémonie funéraire reste fort (six répondants sur dix indiquent qu’il est important d’organiser une cérémonie), il apparaît que celles-ci ne sont plus nécessairement religieuses (24 % revendiquent la volonté d’avoir recours à une cérémonie laïque). Ce phénomène peut être rapproché de la baisse de la proportion des Français se déclarant de confession religieuse.
Ces phénomènes indiquent que les Français tendent à se détacher des traditions, ou en tout cas à s’éloigner de la solennité des cérémonies d’obsèques classiques. Ils sont par exemple 67 % à considérer comme peu à pas du tout important le fait de porter des vêtements d’une couleur associée au deuil.
Un tiers des Français déplore le manque d’alternatives aux cérémonies religieuses pour les personnes non croyantes. En effet, de nombreux répondants revendiquent la possibilité de personnaliser les cérémonies, notamment les chants (35 %), le déroulé et le contenu (29 %), ou encore le lieu (24 %).
Mais si ce désir a vocation à rendre la cérémonie d’obsèques moins austère, une majorité des répondants (63 %) réaffirme l’importance de préserver une certaine solennité pour ne pas risquer de "dénaturer" le rapport à la mort ou au défunt.
Par ailleurs, les résultats de l’enquête ont permis de constater qu’aujourd’hui, une véritable déconnexion existe entre le temps des obsèques et le temps du souvenir. Les Français souhaitent faire durer le souvenir du défunt, bien au-delà des obsèques.
Un répondant sur deux revendique la possibilité d’organiser un "temps du souvenir", déconnecté de la date anniversaire des obsèques ou de la naissance du défunt.
En chiffres :
Au-delà du souhait d’organiser une cérémonie, c’est la volonté de réunir sa famille et ses amis au même moment et au même endroit qui prime chez les répondants : deux tiers considèrent cet élément comme très important.
• 52 % souhaitent organiser un "temps du souvenir" en dehors des obsèques (évènement autour d’un loisir apprécié du défunt, réunion à une date symbolique déconnectée des obsèques),
• 62 % indiquent qu’il est important d’organiser une cérémonie funéraire,
• 78 % estiment comme important à très important le fait de réunir sa famille et ses amis au même moment et au même endroit.
Témoignages : "D’un côté, marquer l’évènement avec une tenue formelle et le respect d’un rituel me paraît important, mais d’un autre côté, laisser s’exprimer de la fantaisie et de l’humour en ces circonstances difficiles, c’est pas mal non plus". Olivier, 32 ans, "J’aime l’idée d’une cérémonie dans un autre contexte, mais pas de quoi en faire quelque chose de joyeux, car il faut quand même penser aux proches, je ne suis pas certaine qu’ils aient le cœur à rire en pareilles circonstances". Chloé, 24 ans, |
Le regard du sociologue :
"Si le besoin d’hommage persiste, ces éléments permettent de voir qu’il ne se réduit pas à la date anniversaire du décès du défunt ou à la Toussaint. Cette manière de faire vivre le défunt tout au long de l’année, sans calendrier formel, est une manière de réduire le formalisme social lié à la mort et d’en juguler l’austérité en y introduisant de la souplesse et en changeant certains codes.
Par ailleurs, il faut bien voir que l’offre des cérémonies "alternatives" n’existe pas encore vraiment. Les possibilités d’évolution se heurtent donc à une absence d’offre et dans les faits, à une réelle prudence face à la crainte d’aller trop loin, de trop briser les codes, car les obsèques demeurent un acte social. La demande semble donc s’exprimer plus en termes d’évolutions par ajustements et petites touches qu’en termes d’offre radicalement alternative.
C’est d’ailleurs ce qui ressort dans les réponses des enquêtés, dont les volontés de changement résident davantage dans le contenu que sur la nature même de la cérémonie".
La question écologique : nouvel enjeu majeur des funérailles
Le début du XXIe siècle a constitué un nouveau tournant dans la prise de conscience écologique et il ressort que ce bouleversement impacte directement le rapport des Français à la mort et au deuil. En effet, le sujet de la durabilité irrigue largement les nouvelles attentes des Français et leurs préférences en matière funéraire. L’enquête a permis de révéler une volonté forte des Français de s’inscrire dans une perspective de développement durable quant à leurs obsèques.
En chiffres :
Un Français sur deux se dit prêt à choisir un cercueil éco-certifié ou une urne biodégradable, ils sont 43 % à déclarer souhaiter recourir à des soins de conservation du corps sans formol, ou encore 45 % à envisager un monument funéraire végétalisé.
• 52 % indiquent vouloir choisir un cercueil éco-certifié,
• 49 % indiquent vouloir choisir une urne biodégradable,
• 43 % indiquent vouloir avoir recours à des soins de conservation sans formol.
L’écologie semble s’installer comme une valeur centrale qui structure le rapport à la mort. Un Français sur deux serait prêt à payer plus cher pour obtenir des garanties écologiques pour ses obsèques. Ils sont par ailleurs 66 % à souhaiter placer leurs cendres dans une urne qui donnera naissance à un arbre du souvenir.
Afin de répondre au mieux aux attentes des Français à l’égard de la préservation de l’environnement, de nouveaux acteurs sont apparus sur le marché funéraire pour proposer une variété de solutions écologiques, telles que l’arbre souvenir.
Témoignages : "Les urnes pour faire pousser un arbre devraient être autorisées". Sylvie, 43 ans, "L’idée de l’arbre du souvenir me plaît bien ; le cercueil et l’urne biodégradable, pourquoi pas." Bernard, 59 ans, |
En chiffres :
• 45 % indiquent vouloir planter un "arbre du souvenir",
• 66 % indiquent vouloir choisir un monument funéraire végétalisé.
Le regard du sociologue :
"Il est intéressant d’observer à travers le prisme de la question écologique que les préférences en matière de funéraire n’échappent pas aux grandes tendances qui traversent nos sociétés contemporaines. Au-delà de cette perspective, la prise en compte de l’écologie peut être appréhendée à l’aune de la réduction du tabou qui entoure le champ de la mort, visant à rendre à la mort une place plus "naturelle" dans nos sociétés, socialement mais aussi biologiquement. "Écologiser" la mort est aussi une manière de faire en sorte que la mort participe à la vie : le choix de planter un arbre du souvenir évoque l’idée de reprendre vie après la mort, une forme de vie différente, mais de la vie quand même. En cela, l’attrait pour l’écologie est en phase avec l’idée que la mort participe au cycle de la vie et qu’elle n’est pas une fin en soi, perspective qui contribue à éloigner la mort de son caractère définitif et morbide".
Focus : Les cercueils en carton, vraiment écologiques ? Les colles utilisées dans le circuit de production des cercueils en carton sont souvent bien plus nocives que les matériaux traditionnels utilisés pour les cercueils classiques. Les cercueils en bois sont par ailleurs fabriqués à partir d’arbres arrivant au terme de leur cycle de vie. Tout au long de sa croissance, l’arbre va capter et piéger du carbone au sein de ses fibres. Une fois arrivé à maturité, il ne pourra pas en retenir plus. Couper ces arbres conduit à en planter de nouveaux qui relanceront un nouveau cycle, participant ainsi au cercle vertueux du bois. Il est donc important de se détacher de certaines idées reçues : couper des arbres à maturité n’est pas un geste nocif pour l’environnement, d’autant plus lorsque l’on replante de jeunes arbres ensuite, mais surtout, le carton n’est pas nécessairement un matériau plus écologique dans sa fabrication que le bois. |
Témoignages : "Passer des diapositives numériques, j’aime bien l’idée, avec une rétrospective des beaux moments de la vie du défunt par exemple". Marie, 24 ans, "Je pourrais recourir au numérique pour rédiger un faire-part numérique ou même réaliser un site internet dédié au défunt". Sylvie, 43 ans, |
Une transformation du rapport à la mort et au deuil sous l’impulsion des nouvelles générations
Le rapport à la mort est un phénomène social dynamique qui rend compte d’une société à un moment donné. En cela, elle ne saurait rester à l’écart des mutations de fond, notamment celles liées à la digitalisation. La mort n’échappe pas au numérique. La part des Français connectés progresse et dépasse désormais les deux tiers. Il est intéressant de noter que ces préférences sont davantage formulées par les jeunes générations (18-25 ans), les seniors (65 ans et +) étant plus réticents à s’orienter vers de telles pratiques.
Le rapport à la mort demeure l'épine dorsale de toute société et le révélateur de chaque époque. Par le numérique, on note un souhait de "moderniser" la mort. Dans une certaine mesure, ces volontés peuvent être envisagées comme un désir de virtualiser la mort, de la tenir à distance.
Mais si le digital fait son chemin dans le secteur funéraire, on ne peut pas pour autant parler de révolution, comme cela peut être le cas dans d’autres secteurs. Les métiers funéraires restent fondamentalement humains. Aujourd’hui, ce que le digital apporte, c’est d’abord une information facile et rapide d’accès aux familles, en tout lieu et à toute heure.
En chiffres :
- Mur du souvenir :
51 % des 18-25 ans souhaitent recourir à un "coffret numérique" dans lequel on répertorie tous les éléments importants que l’on souhaite laisser à ses proches contre 21 % des + 65 ans.
- Coffret numérique :
50 % des 18-25 ans souhaitent créer un "mur du souvenir numérique" sur lequel on peut projeter des éléments liés au défunt (photos, souvenirs...) contre 14 % des + 65 ans.
- QR code :
26 % des 18-25 ans souhaitent apposer un QR code (code barre numérique) sur le monument funéraire que l’on peut scanner pour visionner des éléments de la vie du défunt (photos, biographie...) contre 10 % des + 65 ans.
Un jeune sur deux revendique la possibilité de réaliser un testament numérique ou de prévoir un "mur du souvenir numérique" projetant des vidéos rappelant le défunt. Ils sont par ailleurs 26 % à envisager l’apposition d’un QR code sur la tombe permettant de visionner des éléments de la vie du défunt.
Le regard du sociologue
"Cette inscription irrésistible du numérique dans la société, va gagner à l’évidence le champ de la mort. Sans surprise, les jeunes sont plus enclins à envisager de marier le digital et la mort. Mais sur ce champ de la mort, la digitalisation devrait consister plus en l’actualisation des outils (Internet, vidéo…) qu’en une véritable "révolution numérique" de la mort. Technologiquement, on peut imaginer à l’avenir la production d’hologrammes du défunt mis en interaction dynamique (via l’intelligence artificielle) avec le public lors des obsèques.
Mais une telle vision se heurterait au désir global et répété des sondés de ne pas révolutionner la mort, de ne pas choquer, "de ne pas tout bouleverser". Il y a un désir de ne pas trop brouiller les frontières du domaine de la mort, et du domaine des vivants même si actuellement on joue virtuellement à les rapprocher".
Quand l'approche théorique rencontre la réalité empirique
Interview croisée de Tanguy Châtel, sociologue spécialiste du funéraire et du deuil et de Camille Soustra, déléguée générale de la Fondation PFG.
On constate que les Français parlent plus facilement de leurs obsèques. Est-ce à dire qu’ils envisagent plus facilement leur propre mort ?
Tanguy Châtel : Vouloir anticiper les conditions de la mort est une tendance avérée. Ces dernières années, plusieurs outils sont apparus pour pouvoir anticiper les conditions de la mort : les
Tanguy Chatel Diplômé de l’École Pratiques des Hautes Études en sciences sociales, Tanguy Châtel est sociologue, conférencier, spécialiste du funéraire. Membre du CNEF, il mène des travaux de recherche sur les soins palliatifs et l’accompagnement en général. À ce titre, il a rejoint l’Observatoire national de la fin de vie en 2010 en tant que chargé de mission. En 2016, il réalise une enquête d’envergure sur le deuil, menée avec le concours du CRÉDOC, à l’initiative de la Chambre Syndicale Nationale de l'art Funéraire (CSNAF). Ses connaissances historiques, anthropologiques et sociologiques lui permettent d’offrir un éclairage précieux sur l’évolution du rapport à la mort et d’appréhender les nouveaux enjeux qui traversent les sociétés contemporaines dans leurs appréhensions du deuil. Bibliographie : |
directives anticipées pour la fin de vie (loi Leonetti de 2005/2016) et les conventions obsèques pour les funérailles. Ces outils sont mis au service de l’idée d’un sujet présenté comme moderne, autonome, éclairé, prévoyant, responsable, préservant ses proches d’un poids trop lourd.
Camille Soustra, déléguée générale de la Fondation PFG. |
Camille Soustra : L’anticipation de leur mort par les Français s’observe sur le terrain. Le meilleur indicateur est la hausse des souscriptions de contrats prévoyance qui s'élève à près de 500 000 par an.
Ils les envisagent comme un moyen de libérer leur entourage du poids financier et de l’organisation matérielle des obsèques, mais également comme une certitude de voir leurs choix respectés en matière de cérémonie ou de sépulture, choix que ne partage pas nécessairement la famille. C’est le rôle des acteurs du funéraire d’éclairer les familles sur les possibilités d’organiser et de prévoir le déroulement complet de leurs obsèques.
On observe un intérêt grandissant des Français d’aller vers des produits plus respectueux de l’environnement. Comment analysez-vous cette tendance ?
TC. : Le traitement de la mort ne peut pas évoluer sans plus de prise en charge de la dimension écologique. L’écologie est ainsi mise au secours de la négation de la mort : une faible empreinte écologique du cercueil ou l’organisation de funérailles "durables" évoquent la préservation de la terre, on retrouve ici le sens premier du terme "écologie". L’attrait pour l’écologie est en phase avec l’idée que la mort ne doit pas être morbide, il permet de rendre la mort un peu plus supportable, il évoque la vie, la responsabilité. La mort contribue finalement ainsi au cycle de la vie.
CS. : En effet, les familles sont de plus en plus soucieuses de l’origine de fabrication et de l’impact environnemental des produits proposés par les acteurs du funéraire. Afin d’être au plus proche de la volonté des familles, nous avons toujours proposé des cercueils de fabrication 100 % française ; nous nous sommes inscrits dans les filières de bois éco-certifiées. Nous avons aussi été les premiers en France à proposer des soins de conservation sans formol. Nous avons bien pris conscience de la nécessité d’adapter nos méthodes de production mais aussi nos pratiques quotidiennes afin de faire face aux défis environnementaux de notre époque.
Quel est l’impact du digital sur la façon d’appréhender les funérailles ?
TC. : Avec l’évolution de la société et de ses codes, il n’est pas anormal de constater des changements dans les désirs et dans les pratiques, c’est ce que l’on observe avec la digitalisation. Ceux-ci ne visent pas tant à renverser la table ou à briser les codes, qu’à les assouplir et les enrichir pour que les obsèques demeurent toujours le reflet d’une culture et d’une époque et s’inscrivent dans un mouvement d’évolution plus que de rupture. Pour l’heure, la digitalisation n’est qu’un nouvel outil mis au service de la mort. Il n’y aura donc probablement pas de "révolution numérique" de la mort (pas plus que de révolution de la mort tout court), dont la nature s’inscrit encore dans la matière et le temps long.
CS. : La digitalisation de la société commence à se ressentir dans notre secteur, notamment dans l’organisation des obsèques et dans la commémoration. On observe d’ailleurs de nombreuses initiatives fleurir en France. C’est encore aujourd’hui un marché de niche mais qui a vocation à se développer au regard des volontés des jeunes générations.
Des fondements de l'étude à sa mise en perspective
Si les données brutes de l’enquête ont d’abord permis de révéler les premières tendances sur les préférences des Français quant au funéraire, leur mise en perspective par le sociologue Tanguy Châtel a conduit à saisir l’impact des bouleversements sociétaux sur le rapport des Français à la mort et au deuil.
Méthodologie
L’enquête a été menée par l’Institut BVA auprès d’un échantillon de 1001 Français âgés de 18 ans et plus interrogés par Internet du jeudi 30 août au lundi 3 septembre 2018.
La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, CSP de la personne interrogée, catégorie d’agglomération et région d’habitation.
Fondation PFG : Créée en mai 2009 sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation PFG poursuit la politique de mécénat engagée depuis de nombreuses années par le groupe OGF. L’ensemble des actions de la Fondation s’inscrit naturellement dans les valeurs du Groupe – écoute, accompagnement et respect des familles – auxquelles s’ajoute un engagement concret et durable en faveur de l’environnement. La Fondation PFG est une entité indépendante tant par son fonctionnement que dans le choix des associations qu'elle soutient. Depuis 2009, elle a accordé plus de 250 subventions, a soutenu près de 50 projets chaque année, et a versé plus de 600 000 euros de dons aux associations. |
Résonance n° 145 - Novembre 2018
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