Le printemps est enfin de retour, et c’est l’occasion de parler des fleurs. Depuis la nuit des temps, la présence de pollen dans les sépultures préhistoriques en atteste, nous avons coutume de rendre ainsi hommage à nos défunts.
Chrysanthèmes. |
L’origine de cette tradition est peut-être à chercher dans une croyance en un au-delà, un paradis, qui serait forcément verdoyant et surtout fleuri. Les fleurs sont également un langage. Il est possible d’exprimer de cette manière ses sentiments, par exemple. Ainsi, chaque variété a sa signification, en particulier la rose, pour laquelle il faut ajouter des nuances, en fonction de sa couleur ou du nombre de fleurs.
Bien sûr, les fleurs que l’on offre à l’occasion d’un enterrement sont bien spécifiques. Elles doivent être chargées de sens, mais se doivent également d’être résistantes, car elles seront déposées sur la sépulture. C’est d’ailleurs pour cette raison que les chrysanthèmes sont devenus les fleurs traditionnelles du deuil. Lorsque le gouvernement français ordonne en 1919, à l’occasion du premier armistice, le fleurissement de toutes les tombes, les horticulteurs ne peuvent alors fournir que ces fleurs.
D’autres variétés robustes peuvent aussi agrémenter les tombes, comme les œillets, les tulipes, les gerberas ou les roses. Cependant, concernant ces dernières, il convient de connaître les différents messages qu’elles portent, selon leur nombre ou leur couleur. Le rouge est synonyme d’amour, davantage réservé au conjoint, alors que les couleurs plus claires sont plutôt un témoignage d’amitié, le blanc étant réservé aux enfants.
Fleurs symboles
Parmi les fleurs porteuses de messages, on trouve les myosotis, la fleur du souvenir par excellence, puisqu’elle se nomme "ne m’oublie pas" dans plusieurs langues, la colchique est associée à la nostalgie, le magnolia à la fidélité, le souci au chagrin, et le lys, majestueux, est symbole de pureté.
Chatoyantes et parfumées, les fleurs naturelles ont néanmoins un inconvénient majeur, celui de défraîchir rapidement. Quoi de plus triste qu’un bouquet fané sur une tombe ? Sans parler des vols, particulièrement fréquents au moment de la Saint-Valentin et de la Fête des mères. Il est en effet tellement plus simple et moins onéreux de composer un beau bouquet en se servant au passage dans le cimetière, plutôt que de passer chez le fleuriste... Pour contourner le problème, il est possible de déposer des jardinières en granit pour y planter ce que l’on veut. Mais toute plante, même résistante, demande de l’entretien, et il n’est pas toujours possible de se rendre régulièrement sur une tombe pour s’en occuper.
Fleurs artificielles
Les fleurs artificielles peuvent donc être une solution. Elles étaient autrefois assez vilaines et jaunissaient rapidement, mais elles ont beaucoup évolué, et on pourrait parfois même utiliser certaines compositions pour décorer son intérieur. Mais qu’elles soient en tergal, tissus, latex, plastique ou encore polyuréthane, elles finiront forcément par s’abîmer sous l’effet des UV et des caprices de la météo.
Complètement délaissées ces dernières années, les fleurs en céramique connaissent un petit regain, avec des nouveaux modèles plus modernes. Elles résistent au gel, mais restent tout de même très fragiles. Un coup de vent, une plaque qui tombe ou un vase qui se renverse, et c’est la catastrophe.
Quelles que soient les fleurs, naturelles ou artificielles, ce qui est vraiment important, c’est le message qu’elles portent, car, comme le disait Montaigne : "Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs."
Claire Sarazin
Thanatopracteur et formatrice en thanatopraxie
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